Entretien avec le cinéaste Mejd Abderrahim : “Faire découvrir au public d’autres régions”

L’avant-première du téléfilm "Shams Allayl" a eu lieu récemment à Casablanca en
présence de l’équipe
du film et de son
réalisateur, Mejd Abderrahim. Ce
dernier revient sur les secrets du tournage.

Libé : Votre téléfilm a reçu un bel accueil lors de sa projection en avant-première. Comment l’avez-vous vécu?

Mejd Abderrahim : Le public apprécie des téléfilms qui ont une identité claire. "Shams Allayl" en a une, celle notamment des garçons et filles de la région de Ouarzazate. Ce n’est pas toujours le cas pour la plupart des productions marocaines qui choisissent comme décor les seules régions du centre, notamment de Rabat, Casablanca, Marrakech et des villes environnantes, et oublient souvent celles du Nord et du Sud.

Les régions auxquelles vous faites allusion ne seraient-elles pas attrayantes pour le cinéma?

Ce n’est sûrement pas intentionnel. Mais il est important de savoir qu’il existe d’autres endroits aussi beaux que ceux qui attirent d’ordinaire les producteurs de films. On doit prendre la peine de les visiter et surtout donner l’occasion aux téléspectateurs de les découvrir aussi. Ainsi, pourra-t-on leur apprendre d’autres histoires aussi intéressantes que celles qu’on leur a racontées jusqu’à ce jour. Par ailleurs, le public a besoin de savoir qu’il existe aussi des personnes joyeuses et accueillantes dans ces régions qui méritent d’être vues à la télévision et au cinéma. 
Les artistes, producteurs et réalisateurs ont le devoir d’offrir une vision autre que celle des régions qu’ils explorent d’habitude.

L’humour est assez présent dans votre film. Etait-ce prémédité pour dédramatiser le ton du film?

Le film relate effectivement une histoire dramatique. Etant donné qu’il s’agit d’une fiction, il y avait naturellement de la place pour des moments de stress, suspense, tristesse… tout en sachant que l’histoire du film a été construite sur une relation entre un homme et une femme au Sud du Maroc.
Cependant, il me paraissait important de briser ce rythme par des scènes d’humour afin que le spectateur ne reste pas crispé à celles qui sont plus ou moins  violentes. J’ai donc choisi ce style pour changer le rythme du film.

Les acteurs ont été très impressionnants dans le rôle. Comment s’est déroulé le tournage et quelle a été l’ambiance dans ce bled ?

Toutes les équipes artistique et technique ont débarqué à Ouarzazate pour le tournage du téléfilm. Tout le monde était ravi et agréablement étonné de se retrouver dans cette belle région que d’aucuns découvraient pour la première fois. Tous ont apprécié ce voyage qui leur offrait l’opportunité de voir les gens de la région et d’apprécier la beauté des lieux. On était à l’aise et on se sentait presque en famille dans la grande casbah qui nous servait de lieu d’hébergement.
Ce qui explique que tous les personnages du film aient été à l’aise dans leurs rôles, qu’il s’agisse des scènes d’amour, de rire et autres.

A-t-il été facile de tourner dans ce petit village ? Le cadre correspondait-il à vos besoins ?

Pas du tout. Ce n’était pas facile du fait que j’ai tourné avec un budget d’un téléfilm qui se tourne dans une grande cité.
C’est-à-dire que l’équipe tout comme le décor sont prêts et tout ce que dont on avait besoin, on peut le trouver rapidement. Ici, nous tournions à 40km de Ouarzazate, et on ne peut pas atteindre la région comme ça en une seule journée. Cela demande une journée et une nuit pour arriver en voiture ou par avion.
Ce n’était pas aussi facile en termes de production et de réalisation de diriger des comédiens très connus dans des silhouettes et des figures du bled. Fort heureusement, tout s’est bien passé. On peut espérer seulement que le film plaira aux téléspectateurs. Quoi qu’il en soit, le bel accueil que le public a réservé au film lors de sa projection en avant-première me réconforte dans l’idée que ce téléfilm plaira au grand public.

Qu’espériez-vous que le public retiendra de votre message?

Cette région fait partie de l’identité marocaine. A ce titre, il est important qu’on s’y intéresse un tant soit peu. J’aimerais tout simplement que les Marocains prennent un peu de leur temps pour la découvrir et y vivre pour mieux l’apprécier.