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Entretien avec Nezha Hanafi, arbitre internationale de basketball : «L’arbitrage marocain est sur la bonne voie»

Jeudi 21 Mai 2009

Entretien avec Nezha Hanafi, arbitre internationale de basketball : «L’arbitrage marocain est sur la bonne voie»
Dans un milieu où l’on a bien du mal
à accepter celles qui calquent leur jeu sur celui des hommes, Nezha Hanafi
est un cas à part. Après avoir passé par joueuse
de basket
du CODM  puis
internationale, elle se convertit
à l’arbitrage où elle fait une riche
carrière à travers
les salles 
de basket régionales, continentales
et mondiales. 

«Libé » : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nezha Hanafi fait partie d’une famille très connue dans le milieu sportif à Meknès. J’ai fait mes débuts avec les jeunes catégories au sein de l’équipe du C.O.D.M section basket-ball. J’étais plusieurs fois championne de Maroc avec l’équipe du CODM, à laquelle, je porte beaucoup d’estime. C’est à travers mon club d’origine que j’ai été appelée à porter le maillot de l’équipe nationale. On avait à l’époque une formation qui a toujours honoré le drapeau marocain dans toutes les compétitions arabes, africaines ou régionales. 

Quand avez-vous décidé d’arrêter la compétition ? 

Après mon mariage, j’ai décidé de mettre un terme à la compétition. Cependant mes ambitions ne sont pas arrêtées à ce stade puisque des spécialistes en basket-ball m’ont orientée vers l’arbitrage. C’est pourquoi, j’ai fait un long parcours dans ce domaine tout en m’intégrant dans cette nouvelle famille à laquelle je porte beaucoup de respect.

Qu’en est-il de votre carrière d’arbitre ?

Comme tous les arbitres, ma carrière a débuté par la ligue, puis fédérale et internationale. C’est un métier que j’ai beaucoup aimé  en tant que basketteuse au CODM et en équipe nationale. J’essaie par tous les moyens d’honorer le basket-ball marocain, arabe et africain dont  je suis la première dame arbitre du continent, et par la suite, c’est l’arbitre Chahinaz et la Sénégalaise qui commencent à exercer sur le plan africain.  
 
Comme c’est un sport qui n’est dominé que par les hommes  ne trouvez-vous pas de difficultés pour vous imposer parmi les autres ?

Je peux vous affirmer que dans tous les secteurs, il y a des difficultés pour s’imposer, mais sincèrement, j’étais bien encadrée et bien épaulée sans aucune difficulté dans la direction des matchs. Ma personnalité, je l’ai  forgée au fur et à mesure. Dans l’arbitrage, le referee est comme un joueur, il arrive des jours où le physique et le moral ne sont pas au top et on peut commettre des erreurs qui sont d’ailleurs pardonnées. Et dans le cas échéant si l’arbitre montre sa partialité, alors là, c’est une autre paire de manche  qui sera sévèrement sanctionnée.

Que pensez-vous de l’arbitrage au Maroc ?   
 
Je pense que depuis des années l’arbitrage marocain a toujours été honoré  à la hauteur des aspirations des responsables  africains et  arabes. Preuve en est, le Maroc a toujours été une très bonne école d’arbitrage sur le plan local, africain, régional et même international. On ne peut passer sans parler d’Akmil Mustapha, Haj.Bouhlal, Haj.Bouâanane… pour l’ancienne génération et Abdelilah Chlif, Karim Safir, Ziad, Badaoui… des arbitres de la nouvelle génération qui sont d’ailleurs très sollicités dans toutes les échéances mondiales. En somme, je peux vous dire que l’arbitrage marocain est sur la voie ascendante car il y a encore une autre génération montante qui va prochainement dire son mot. Le succès de l’arbitrage n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard, mais d’un travail de fond effectué tout d’abord par FRMBB  avec l’organisation de stages quand il y a des recommandations de  FIBA. Sans oublier les ligues qui font un travail très poussé dans le secteur de la formation des jeunes arbitres en vue les qualifier au second plan pour le centre national devenu une référence sur le plan continental.

Combien avez-vous officié de matchs internationaux ?

En tout et pour tout, j’ai arbitré une centaine de matchs dont trois rencontres masculines  de haut niveau et quatorze matchs dans des championnats mondiaux, mais la plupart, je les ai arbitrés en Afrique. J’ai participé au championnat du monde en Croatie, aux Jeux de la Francophonie au Canada. Je remercie au passage le président de la FRMBB Nourdine Benabdenabi qui m’a toujours encouragée pour persévérer dans ce domaine.

Quelle est la différence entre le niveau technique de votre génération et celui d’aujourd’hui ? 
   
Autrefois, les joueuses exerçaient pour le plaisir du  basket-ball en défendant crânement le maillot de l’équipe sans aucune contrepartie, et ce, avec la collaboration des parents, des dirigeants, et des entraîneurs. Le sport scolaire et  universitaire a toujours contribué dans la formation. D’ailleurs tous les basketteurs et les basketteuses étaient issus des collèges et des lycées. C’est pourquoi le niveau était à la hauteur des aspirations de tous les dirigeants de basket-ball des années 80 et 90. Aujourd’hui, même la pratique a diminué  c’est une des raisons pour laquelle, on ne peut juger le niveau technique. Donc les quelques clubs existants sont une simple formalité. Dans ce sens, la FRMBB est appelée à prendre sérieusement le basket féminin en créant une cellule qui va se charger d’encadrer les jeunes basketteuses au centre national pour préparer une équipe nationale compétitive. Et dans un second plan, il faudra motiver les clubs pour créer des écoles de mini-basket féminin et organiser des tournois inter-ligues et vulgariser le basket-féminin.

Que se passe-t-il dans la tête d’un arbitre avant de diriger une rencontre?
     
En basket, il y a des lois, l’arbitre est chargé de les appliquer. Cependant ce referee est un être humain comme tout le monde. Avant le match, il est stressé, mais lorsqu’il entame la partie tout rentre dans l’ordre comme si rien n’était. Le respect qu’on me doit je le partage avec les joueurs, les dirigeants et le public qui m’ont toujours soutenue dans les moments les plus difficiles. Je les remercie pour le soutien qu’ils m’apportent, sans oublier, le président de la FRMBB de m’avoir désignée premier arbitre féminin de la finale de la Coupe du Trône de la précédente édition. Aussi, je suis très contente d’avoir honoré le basket national, la femme marocaine et tout ce qui m’ont toujours encouragée tout le long de mon parcours.

Propos recueillis par Abdelmajid Bouslim

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