-
Le bateau-musée Art Explora, l’Odyssée culturelle qui brise les frontières
-
Rabat à l’heure des 2èmes Assises des industries culturelles et créatives
-
Troisième Festival national des arts patrimoniaux à El Kelaâ des Sraghna
-
L’initiative "Years of Culture" dévoile le programme d’automne de l’année culturelle "Qatar-Maroc 2024"
réalisateur, Nabil Ayouch fut à maintes reprises
récompensé
et nominé dans les plus
prestigieux festivals
mondiaux. Après
«Les Chevaux de Dieu “, le documentaire “My Land”, dans les salles
le 9 octobre, tente
de confronter la jeunesse
israélienne à la mémoire
palestinienne.
Libé : Le film sort le 9 octobre. Pourquoi avoir fait le choix de le faire d’abord découvrir sur le plan international avant de le projeter dans les salles marocaines?
Je n’ai pas fait ce choix. Je voulais sortir “My Land” simultanément en France et au Maroc. Mais pour deux raisons, j’ai choisi cette solution : primo “Les Chevaux de Dieu” a été sélectionné à Cannes, ce qui a laissé très peu d’espace à “My Land”, et ce jusqu’à sa sortie; secundo, il est difficile de trouver de la place pour un documentaire dans les salles au Maroc, je n’ai pas reçu beaucoup d’enthousiasme quand j’ai annoncé mon projet.
Comment avez-vous été accueilli auprès des personnes que vous avez voulu interviewer?
Du côté palestinien, la population n’était pas du tout réticente, par contre du côté israélien, environ la moitié des personnes interrogées ont refusé de participer au film.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées lors du tournage du documentaire ?
Il est fort compliqué de tourner au Liban dans les camps de réfugiés, car cela nécessite diverses autorisations. En effet, il y a plusieurs strates: L’Etat, l’armée du Liban-Sud, et à l’intérieur des camps, des milices, et il faut l’accord de tous pour pouvoir tourner. Cela demande du temps ainsi que du travail. Cependant, la plus grande difficulté a été de se déplacer et de rencontrer les différents protagonistes qui permettraient de concevoir un point de vue qui soit le reflet de ce que j’avais envie de montrer ; et cela fut une longue démarche.
Quels sont les enseignements que vous tirez de cette expérience?
Il est possible de parler de ce conflit sous un angle politique, géographique, démographique (ce qui est beaucoup utilisé en Israël), mais ma volonté était de traiter le problème d’un point de vue humain. Et dès qu’il est question d’humanité, les lignes sont flottantes contrairement à tout ce qui peut se dire dans les autres domaines. Les convictions s’ébranlent progressivement, ce qui est visible à travers le film. Si un jour les politiques ont le courage, les Américains notamment, de faire asseoir les parties à la table de négociation et acceptent de voir la réalité en face, l’humain prendra alors le dessus.
Quelle est votre propre conclusion après la réalisation de ce documentaire?
Ce film fut très personnel. Avant de partir au Liban, je niais complètement l’idée israélienne, je ne voulais même pas entendre parler. Pour moi il y avait des personnes à qui on avait pris la terre et on devait la leur rendre. En allant sur place, j’ai senti la complexité, il y a cette jeunesse qui a grandi et vécu sur ces terres. La principale différence entre l’avant et l’après tournage est que maintenant je peux écouter et comprendre l’opinion israélienne. Et pourtant, en réalisant ce film, je suis revenu avec beaucoup moins d’espoir que quand j’y suis allé. Il est fondamental de montrer le film ici au Maroc parce que la question palestinienne est une problématique qui touche tout un chacun, et que la manière de la voir est forcément très différente quand il y a une rencontre avec les acteurs du conflit.