Le dernier né de l’œuvre de Beigbeder est probablement l’un de ses livres les plus autobiographiques. L’auteur y argue le droit de « se plaindre et de souffrir même quand on est né dans un milieu bourgeois ». Avec un réalisme surprenant, Beigbeder explique : « Jeune, je n’avais pas de succès : j’avais des bagues aux dents, les oreilles décollées, j’étais très maigre et je n’avais pas la peau nette », entraînant ainsi une salve de rires dans la foule présente pour l’écouter.
Cependant, l’ironie et le cynisme avec lesquels Beigbeder revient sur ses souvenirs d’enfance, n’est pas le seul aspect d’ « Un roman français ».
En effet, l’auteur revient également de façon plus grave sur l’expérience de la garde à vue qu’il a vécue récemment. « Quand je vois comment j’ai été traité alors que j’ai une certaine notoriété et que je viens d’un milieu bourgeois, je me pose automatiquement la question : Qu’en est-il pour ceux qui ne sont pas de la même classe sociale que moi, et pire encore, qui ont une couleur de peau différente ? » Ghita El Khayat, quant à elle, n’hésite pas à rajouter : « Et dans un pays où les libertés sont beaucoup moins importantes ? » laissant ainsi la question en suspens.
Beigbeder n’a pas peur des mots et affirme : « La France change mais pas forcément en bien. La génération de mes parents était celle de la liberté sexuelle et de la liberté de mœurs. Aujourd’hui, il y a une tendance en France qui pousse à protéger les gens contre eux-mêmes. Par conséquent, nous sommes de moins en moins libres, et nous voyons chaque jour notre liberté s’amenuiser. Les jeunes sont de plus en plus coincés par exemple… ». La dimension autobiographique d’ « Un roman français » permet ainsi à Beigbeder de dénoncer également le terrain glissant (voire miné) sur lequel il voit son pays s’engager.
Le public casablancais, lui, semble ravi de voir que l’auteur est fidèle à l’image qui émerge de chacun de ses romans, et nombreux ont été ceux à se faire signer des ouvrages de l’auteur français.