-
Le Maroc invité d'honneur de la 18e édition du prix Al Burda à Abou Dhabi
-
SAR la Princesse Lalla Hasnaa et S.E. Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani président à Doha le "Tbourida Show"
-
Des chercheurs se penchent sur les défis de la langue arabe à l'ère du numérique et de l'IA
-
Au SILEJ, la SNRT relaie ses émissions de débat politique auprès des jeunes
Le directeur de cet Institut, Ahmed Boukous, nous explique les perspectives du lancement de cette télé.
Libé : Comment selon vous s’explique la nécessité de la création d’une chaîne
amazighe ?
Ahmed Boukous : D’abord, il faut souligner que la création de la chaîne tamazighte est une nécessité pour l’Etat en tant que moyen de communication avec la population amazighophone pour une meilleure intégration. Ensuite, c’est un outil qui sert le droit à l’information, qui fait partie des doits humains. Enfin, la chaîne en question va contribuer à la sauvegarde et à la promotion de la culture amazighe.
Voulez-vous nous éclairer sur la ligne éditoriale de la nouvelle chaîne et d’autre part, si l’IRCAM aura son mot à dire dans sa gestion?
La définition de la ligne éditoriale de la chaîne tamazighte est du ressort du ministère de la Communication et de la SNRT. Mais, dans le cadre de la convention de partenariat liant le ministère et l’IRCAM, l’Institut a été associé à la réflexion sur les principaux aspects concernant la chaîne. Il s’agit ainsi d’une chaîne qui vise la valorisation de l’amazighité dans toute son étendue linguistique, culturelle, artistique et civilisationnelle. Autant dire qu’elle sera le médium, de l’expression de la diversité culturelle qui renforce l’unité de notre pays et l’identité marocaine. La chaîne véhiculera ainsi les valeurs d’un Maroc ouvert, tolérant et moderne.
Mais quel est le champ d’intervention de l’IRCAM dans la gestion de cette nouvelle tété ?
La gestion de la chaîne et son fonctionnement sont du ressort de la SNRT. L’IRCAM peut intervenir en tant que force d’appoint pour contribuer à la formation du personnel en matière de langue et de culture amazighes ; il peut aussi contribuer au contrôle de la qualité des contenus des programmes.
S’agit-il d’une chaîne terrestre ou satellitaire, surtout que les Amazighs de l’étranger doivent aussi capter ses émissions?
Nous avons pensé dès le début à cela. C’est important que nos ressortissants marocains à l’étranger puissent suivre des pays hôtes les émissions de la télé tamazighte. Mais rassurez-vous, la chaîne émettra à la fois par voie terrestre et satellitaire afin de toucher le public le plus large.
Au niveau de la programmation, comment se définit la chaîne ?
C’est une chaîne généraliste dont la programmation vise l’information, la culture et le divertissement. Les programmes comprendront des émissions d’information, de talk-show, des émissions destinées à l’enfance, à la jeunesse, à la femme, aux MRE, des émissions de divertissement, de fiction, des programmes sportifs, des magazines culturels, des documentaires, etc.
Mais une problématique s’impose : Comment se fera le partage du temps d’émission entre les différents dialectes?
Il y aura au moins 70% des programmes en amazigh et le reste en arabe, y compris le dialectal. Les programmes en amazigh feront une large place aux dialectes régionaux pour assurer une bonne communication avec les téléspectateurs. Les autres télés, notamment 2M, la Première et Al Maghribia, vont-elles cesser désormais leurs programmations en berbère, sachant que certaines voix s’élèvent déjà pour dénoncer le fait que la création d’une chaine totalement amazighe vise à « bannir » la culture amazighe des autres télés à forte audience ?
La chaîne tamazighte fait partie des services de télévision de la SNRT au même titre que la TVM, 2M, Al Maghribiya, Arrabiaa, Assadissa et Aflam. Toutes ces chaînes sont tenues de respecter les dispositions générales du cahier des charges de la SNRT. Parmi ces dispositions, il y a celle relative à la promotion de la diversité culturelle et linguistique dans notre pays, disposition qui oblige les chaînes à programmer un certain nombre d’émissions en langue et culture amazighes. En d’autres termes, la création de la chaîne tamazighte n’est pas un alibi qui vise l’amoindrissement de la présence de la langue et de la culture amazighes dans les médias audio-visuels du pôle public ; bien au contraire, elle contribue à son renforcement.
Une chaîne amazighe privée est–elle un rêve réalisable ?
Le paysage médiatique marocain, y compris dans l’audio-visuel, connaît une tendance à la libéralisation. Cela conduira probablement à l’enrichissement et à la diversification de ce paysage par la concurrence et l’émulation. Il faut espérer que la libéralisation pourra être un facteur clé de qualité de la programmation. Je pense que l’amazigh a tout à fait sa place dans la programmation des chaînes de TV privées. Si le capital privé et les promoteurs pensent que l’investissement dans les médias d’expression amazighe peut être rentable, ce que je crois, je ne peux qu’applaudir.