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Il est vrai qu’il existe des paradoxes auxquels on doit mettre fin. Il y a de grands festivals, gérés par des cinéphiles avertis, avec des créneaux originaux, une organisation et une programmation répondant aux normes internationales, un impact et un rayonnement remarquables, dus à une communication de haut niveau et à la présence de personnalités de premier plan et avec un public qui fait salle comble pendant les projections et les débats et conférences. Ces festivals reçoivent une subvention modeste, cinq ou six fois moins que des manifestations carnavalesques, reposant sur des lauriers du passé, organisés et gérés, dans la gabegie, et qui en dehors des spectacles d’ouverture ou de clôture, arrivent difficilement à respecter les promesses et les cahiers des charges et à attirer le public. Certains vont s’écrier : mais quel est le rôle de la commission de soutien? La situation est plus complexe qu’il n’y parait, puisque le travail de la commission est régi par un texte de loi, et qu’il faut du temps pour procéder à une révision de celui-ci. Il aurait fallu que la commission soit à même d’évaluer les festivals sur le terrain et en pleine connaissance de cause, ce qui n’est pas simble puisqu’il n’y a pas de ligne de crédit qui lui assure le déplacement. C’est comme si on demandait à un examinateur d’évaluer le travail d’un candidat sur des rapports de tiers, des impressions et des rumeurs. Ce qui n’est pas le meilleur moyen de prendre des décisions, «en âme et conscience». Plus gênante encore est la position des membres qui sont hébergés et nourris aux frais des festivals qu’ils sont censés évaluer!
En fait, cet aspect n’est qu’un exemple qui montre l’inadéquation du texte avec le contexte et les objectifs. Ainsi, la clause instituant les prix par catégorie a été à l’origine de bien des crises. Des festivals ont bénéficié d’augmentations de subventions qui ont été de véritables punitions puisqu’elles ont entraîné l’obligation de donner des prix qui ont occasionné des déficits difficilement récupérables. Certains festivals ont, par contre, octroyé en prix des sommes faramineuses pouvant couvrir plusieurs festivals moyens. Faut-il vraiment donner de l’argent, beaucoup d’argent en prix pour être un grand festival? Est-ce le meilleur moyen de se faire un nom? Les plus grands festivals du monde ne donnent que des trophées. Bien des articles du texte organisant le travail de la commission devraient être revus, pour adapter celui-ci au contexte et aux objectifs assignés au soutien. Certains devraient être ajoutés pour permettre à la commission de réguler et rationaliser le secteur.
Elle devrait pouvoir avoir son mot à dire sur la carte des festivals, souvent pléthoriques dans certaines régions au détriment d’autres, sur le calendrier général comme c’est le cas en Egypte avec le service des festivals et même intervenir sur les contenus, qui se chevauchent inutilement, certains festivals voulant tout faire à la fois.
Ne faut-il pas enfin lever cette ambigüité qui donne lieu à bien des joutes linguistiques inutiles : celle de la non pertinence de la distinction entre «festival» et «manifestation cinématographique», qui fonde l’octroi de la subvention. Un festival n’est-il pas une manifestation cinématographique? Peut-on refuser à une manifestation cinématographique de se considérer comme un festival? C’est un déni à l’étymologie du terme qui vient de «fête» et qui qualifie toute rencontre festive! De grands festivals, anciens et prestigieux s’appellent comme ils veulent, même «journées», comme celui de Carthage!