Enseignement supérieur privé au Maroc : Un débat interminable


Hassan Bentaleb
Jeudi 8 Juillet 2010

«La polémique au sujet de la légalité des universités privées est un faux débat. Elle ne doit pas éluder les questions de fond qui méritent aujourd'hui d'être posées ». C'est ce qui ressort de l'intervention de Hassan Sayarh, directeur général adjoint d'un institut supérieur privé ayant pignon sur rue à Casablanca lors d'une conférence de presse organisée lundi 5 juillet dans la capitale économique. M. Sayarh a expliqué qu'« on écarte les vrais problèmes de l'enseignement supérieur privé, à savoir la solvabilité, l'accréditation des diplômes, la place du privé en termes de valeurs et de mission pour concentrer le débat sur l'autorisation. Il faut savoir qu'au Maroc, aucun établissement privé n'a d'accréditation pour ses diplômes ».
L'orateur a indiqué, en outre, qu'il  y a nécessité d'ouvrir un débat de fond dans ce contexte caractérisé par des doutes et des incertitudes des parents sur l'avenir académique de leurs enfants. « Les gens nous posent souvent la question de notre accréditation et de la reconnaissance de nos diplômes par l'Etat». Il estime donc qu'il est temps de s'interroger sur ce qu'on attend ou ce qu'on veut du secteur privé, sur ses objectifs, ses finalités, et comment il peut jouer un rôle complémentaire du secteur public. De plus, il a sa place puisqu’il y a une demande, un marché et une certaine défiance du système universitaire étatique.
Mais est-ce que le privé peut remplacer le public ? La réponse est non, a dit en substance M. Sayarh. «On ne va pas privatiser le public, loin de là, le privé peut soulager le public car dans ce secteur, l'étudiant  a un coût et il faut se poser la question de savoir s'il y a un retour sur investissement».
Quant à Yasmine Benamour, administrateur du même institut, il a précisé que « le Maroc a besoin d'universités privées  car au-delà de l'allègement de la charge financière de l'Etat, il est légitime de créer les conditions de concurrence entre les systèmes public et privé, ce qui induit une amélioration de l'efficience globale du système universitaire marocain ».
De son côté, Driss Ksikes, directeur du centre de recherche dudit institut, a expliqué que le Maroc vit aujourd'hui dans un flou que l'on peut constater à deux niveaux : d'abord au niveau de la régulation et du respect des règles ainsi que de la légitimation du privé qui tarde à voir le jour. Ce qui fait que  chacun fait comme il peut. En outre,  «la société ne voit pas clairement ce que le privé peut apporter à l'enseignement public. C'est pourquoi, on tire la sonnette d'alarme et on recentre le débat », a-t-il souligné.
Comment peut-on donc aborder les véritables problèmes de l'enseignement supérieur privé, qu'il s'agisse des grandes écoles ou de l'université ? Les intervenants ont formulé deux remarques : d'abord, c'est une certaine catégorie sociale qui s'adresse au privé. Il s'agit de la classe moyenne et la classe moyenne supérieure. Les classes économiquement aisées préfèrent aller plutôt vers l'étranger.
La Charte de l'éducation et de la formation fixait comme objectif quantitatif au secteur privé de drainer 20% des effectifs étudiants globaux à l'échéance 2010. Il n'a drainé que près de 7%, à cause de l'absence d'une action cohérente des pouvoirs publics pour solvabiliser la demande s'adressant au privé.
Les intervenants lors de cette conférence de presse pensent également que l'Etat a un devoir de régulation et d'impartialité. Ils proposent qu'il intervenienne à travers des aides aux parents qui n'ont pas les moyens de scolariser leurs enfants dans le secteur privé, et ce à travers des bourses de mérite ou un système approprié de crédits études. Ils estiment également que l'Etat pourra poursuivre sa politique de facilités de crédit  à l'investissement accordées actuellement aux établissements privés. 


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