En perspective des législatives de 2012 : La conscience unitaire des partis de gauche

La réunification de la famille de gauche passe d’abord par des alliances stratégiques entre ses composantes. C’est la conviction qui s’est dégagée dimanche lors d’un colloque initié à Rabat par le Parti socialiste sous le thème « Les alliances des partis de gauche ». Intervenant à ce colloque, Rachida Benmessaoud, membre du Bureau politique de l’USFP, a relevé qu’une « nouvelle conscience de la nécessité d’alliances stratégiques s’installe actuellement au sein des partis de gauche », estimant que ces alliances sont  « un préalable à la mise en orbite de la grande famille socialiste ».
Interrogée par « Libé » sur le timing et l’opportunité de cette question, la responsable socialiste a mis en avant l’échéance de 2012. « Les partis de gauche ont intérêt à se présenter à ces élections en rangs unis, car c’est de cette unité que les partis de gauche pourront tirer leur force et peser de tout leur poids dans ce nouveau rendez-vous crucial dans le parcours politique du pays », a-t-elle répondu. Les partis de gauche ont sans doute tiré les conclusions nécessaires des législatives de 2007 et la tendance actuelle est au rassemblement des énergies des forces de gauche pour reconquérir la place qu’elles méritent sur l’échiquier politique national. « Il est vrai que ce projet d’alliances connaît un flux et un reflux, mais une grande nécessité se fait jour de passer à l’acte pour être au niveau du rendez-vous de 2012», a expliqué Rachida Benmessaoud, à l’issue de son intervention sur le volet « Quelle place pour la culture et la pensée dans le projet de gauche ?».
Au-delà du Parti d’Abdelmajid Bouzoubaâ, PS, tous les autres partis de gauche ont acquis la conviction que leur avenir dépend largement de leur alliance et leur rassemblement du premier parti socialiste, soit l’USFP. L’argumentaire avancé dimanche lors du colloque du PS rappelle curieusement celui d’un précédent colloque initié fin 2009 par le Parti travailliste d’Abdelkrim Benatik. « La stratégie visant à affaiblir l’USFP ne peut en aucun cas renforcer les autres partis de gauche », avait alors dit le secrétaire général du Parti travailliste. Le recul enregistré par l’USFP lors des législatives de 2007 a directement déteint sur la place des autres partis de gauche qui savent que, au-delà de la communauté d’histoire, ils sont aussi et surtout unis par une communauté de destin avec le parti de la Rose.
Seulement voilà, il ne faut pas aller vite en besogne. « La gauche ne peut s’unifier selon des accords inopinés et conjoncturels, mais son unité exige des alliances stratégiques », avait souligné Driss Lachgar, membre du bureau politique de l’USFP. La même tonalité est relevée chez Rachida Benmessaoud.
L’USFP ne peut conclure des alliances contre nature, pas plus d’ailleurs que les autres partis de gauche qui savent pertinemment que toute alliance naturelle ne pourrait se faire qu’avec le parti /mère, en l’occurrence l’USFP.
Les axes débattus lors du récent colloque « Les alliances des partis de gauche » dénotent déjà une convergence de vues sur la feuille de route de cette action commune annoncée. « Le projet de société de la gauche à la lumière des changements de la scène politique marocaine », « Quelles bases et quels fondements pour l’émergence d’alliances entre les partis de gauche ? », « La situation politique et sociale du Maroc, en quoi se recoupent les points de vue des partis de gauche ? », « Quelles missions pour la gauche aujourd’hui à la lumière de la crise économique et financière internationale ? » …
Récapitulons : Du côté de l’USFP, comme de celui des autres partis de gauche, l’heure est au rassemblement des énergies. Et le grand vainqueur de cette union sacrée annoncée, ce sont finalement ces beaux idéaux humanistes qui sont au cœur du projet socialiste : justice sociale (répartition équitable des richesses), progrès démocratique (liberté et promotion des droits de l’Homme) et modernité. Ce sont là les principaux préalables au sursaut appelé des voeux et des hautes luttes du peuple marocain et porté par la grande famille de gauche.