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Ont assisté à ce colloque des critiques, des metteurs en scène, des scénaristes, des acteurs et des journalistes.
Intervenant lors de ce colloque, Nour-eddine Sail a souligné que le cinéma africain vit un dilemme, car il n'a pas encore trouvé une solution au problème de la production cinématographique. L’Egypte produit, annuellement, par exemple, une trentaine de films, le Maroc vingt-cinq films, l’Afrique du Sud quinze, par contre, le reste des pays de l'Afrique ne produisent qu’une quinzaine de films, ce qui signifie qu'il y a une vraie crise de production qui a un impact négatif sur la distribution. Les pays africains doivent donc prendre des mesures efficientes afin d’encourager la production cinématographique.
C'est dans cet esprit qu’une rencontre se tiendra à Khouribg entre les responsables des centres du cinéma africain et marocain dans le but d'unifier les visions et de demander aux pays africains d’adopter une politique de production et d’investir dans ce domaine.
La stratégie marocaine de production a été approuvée par tout le monde, y compris les représentants de ces pays, parce qu’elle a donné des résultats significatifs.
M. Sail a évoqué le cinéma français qui produit 240 films, anime les salles de cinéma, crée des opportunités d'emploi. On peut attribuer ce succès à l'absence d'intervention étatique dans la politique de financement de la production cinématographique.
Il a conclu que “le cinéma, ce n'est pas de la mendicité, c'est de l'investissement et une politique économique. Alors, nous devons innover dans le domaine du cinéma, et parler ouvertement des maux dont souffre le cinéma”.
Lors de son intervention, Ababacar Diop a parlé de l'émergence d'une nouvelle génération de cinéastes déterminés à rompre avec les films des pancartes, des interfaces, du cinéma engagé. Ils préconisent un cinéma ouvert et libre. Ils sont déterminés à purifier le champ culturel et cinématographique en particulier. Ils ont souligné que le cinéma doit être issu du peuple et pour le peuple.
Et d’ajouter que “le cinéma sénégalais après l'indépendance est contrôlé par le ministère de l'Intérieur et de l’Information, et est destiné à la propagande. Ce n’est pas étonnant que la nouvelle génération le boude. Il est de notre devoir de donner à ces jeunes cinéastes l'occasion de s’épanouir et de briller. Si on les aide financièrement, ils pourront devenir un jour de grands cinéastes”.
De son côté, Balufu Bakupa Kanyinda a souligné que “le cinéma c’est l'histoire. Nous avons vécu des rêves brisés par l'occupation. Aujourd'hui, je suis convaincu que la situation actuelle est exceptionnelle du moment que nous vivons une révolution numérique dans un monde en crise. Il est légitime de se poser des questions telles que : où en sommes-nous? Comment devrons-nous franchir ces frontières imaginaires? Comment s’unir? Où va nous mener cette évolution rapide du monde numérique?”
Quant à Mohamed Nejib Ayed, il a axé son intervention sur deux volets : l’idéologie et la politique. Il a soutenu que la révolution du Jasmin et de la dignité a révélé que l’image a un fort impact sur le récepteur. Il a donné l’exemple d’un film projeté dans une salle, qui incite à la révolution, aux émeutes, à la casse. Aujourd’hui, dit-il, on parle de la révolution en Tunisie via « Facebook ». L’Etat se mobilise, procéde à des arrestations, des menaces… c’est l’image et sa force idéologique qui mobilisent les peuples… La Tunisie a vécu un long combat contre l’Etat afin qu’il promulgue un arsenal juridique régissant le domaine du cinéma. Durant la période 2009 - 2010, des séminaires ont été organisés et ont abouti à un projet accepté pour la première fois par l’Etat. M. Nejib a confirmé que la révolution tunisienne a été bénéfique pour l’image, le cinéma, même si l’Etat contrôle toujours la télé et le cinéma.