En Zone 2, la courbe épidémique n’augure rien de bon

Le Maroc compte parmi les pays africains les plus touchés


Chady Chaabi
Mardi 16 Juin 2020

La moyenne d’âge des cas positifs est de 33 ans : 58% des hommes et 42% des femmes

En Zone 2, la courbe épidémique n’augure rien de bon

Pendant que les habitants de la zone 1 goûtent enfin aux joies d’une vie quasi-normale et aux libertés accordées, comme se pavaner dans les jardins publics ou s’aérer le corps et l’esprit par un footing, les citoyens et citoyennes de la zone 2 continuent de ranger leur frein tout en broyant du noir. Et ce ne sont pas les récentes conférences de presse du ministère de la Santé qui risquent d’apporter une lueur d’espoir. Dimanche à 18h, 101 nouveaux cas ont été recensés. Moins de 12 heures plus tard, 45 de plus, portant le cumul à 8.838 cas enregistrés, dont 114 enfants de moins de 14 ans, alors que la moyenne d’âge se situe autour de 33 ans : 58% des hommes et 42% des femmes.
En clair, ce n’est pas demain la veille que la zone 2 changera de statut ou de couleur sur la carte épidémique. Rien d’étonnant non plus. Si les habitants de la première zone ont réussi à casser la chaîne de transmission du SARS-COV2, c’est grâce à leur assiduitédans l’application des mesures préventives instaurées par le gouvernement dont le confinement strict, contrairement à leurs concitoyens de la seconde zone. Pourtant, avec 60% de la population du pays répartie sur les différentes provinces de la zone 1, on aurait pu croire à un scénario inversé. Que nenni. Le non-respect des mesures(87 % des cas confirmés) et les fortes densités démographiques qui caractérisent la seconde zone ont obligé le gouvernement à y prolonger les restrictions en vigueur depuis la mi-mars. Autant dire une éternité. Comme quoi, on finit toujours par récolter ce que l’on sème.
Une situation loin d’être immuable
Aujourd’hui, les choses sont claires. Pour que la vie économique et sociale reprenne ses droits « j'invite à nouveau tous les citoyens à respecter davantage les mesures de confinement et les conditions sanitaires et préventives », a indiqué le ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi. Un doux euphémisme non négociable mais qui rend la pilule moins amère à avaler d’autant que la situation n’est pas immuable. En effet, en quelques jours, les destins des habitants des deux zones peuvent basculer d’un côté comme de l’autre. « Les comités de veille et de suivi mis en place au niveau de chaque préfecture et province, placés sous l'autorité des walis et des gouverneurs, procèderont à une évaluation hebdomadaire de la situation épidémiologique locale et à la prise des mesures nécessaires pour l'assouplissement des restrictions liées au confinement ou leur durcissement», a révélé Saaid Amzazi lors de son intervention avant d’ajouter: « Les résultats de cette évaluation permettront de reclasser les préfectures et provinces, soit dans la zone 1 au lieu de la zone 2, ou bien inversement, mais aussi de favoriser un plus grand assouplissement des mesures de confinement sanitaire et, du coup, la levée des restrictions sur bon nombre de services et d'activités».
En attendant, les signes d’un retour à la normale dans les deux zones se multiplient. Et on ne pense pas uniquement à la reprise de l’activité économique ou encore à cette course-poursuite lunaire dans les rues de Salé, mettant en scène le conducteur d'un triporteur et son compagnon, sous le coup d’un mandat de recherche car« soupçonnés de refus d'obtempérer, de résistance aux éléments de la force publique et leur exposition au danger » selon un communiqué de la DGSN, et un policier traîné sur plusieurs mètres avant d’être hospitalisé pour des blessures graves. En réalité, le retour à la normale le plus prégnant réside dans la volonté du gouvernement de regrouper les cas actifs pour accélérer le déconfinement.
Regrouper les cas actifs et accélérer le déconfinement
L’annonce a été faite par le biais d’un communiqué conjoint émanant des ministères de l'Intérieur et de la Santé. Concrètement, les cas actifs de Covid-19 ainsi que les futurs cas positifs seront hospitalisés dans deux structures hospitalières à Benslimane et Benguérir. En plus d’accélérer le déconfinement, cette démarche vise à désengorger les différents hôpitaux du Royaume pour « leur permettre de soigner les autres types de maladies », précise ledit communiqué. Mais pas seulement. L’Exécutif ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Puisque toujours d’après les ministères de l’Intérieur et de la Santé « ce regroupement s’accompagnera de la poursuite des mesures de dépistage massif de l’ensemble des personnes contact, de même qu’au niveau des entreprises et des espaces professionnels sur tout le territoire national». Justement, où en est la campagne de dépistage massif au niveau des entreprisesinitiée par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le ministère de la Santé ?
Moins de deux semaines après son lancement, sur les 350.290 salariés inscrits, 31.000 ont été dépistés via des tests en PCR, pour deux cas positifs. A l’avenir, la CGEM table sur 40.000 tests quotidiens. Pour garantir un meilleur ciblage « un algorithme a été adopté pour la priorisation des entreprises à tester, sur la base de critères sanitaire, social, sectoriel et économique. Un autre algorithme a été établi pour le choix des salariés au sein d'une même entreprise», assure la CGEM. Bref, le chemin risque encore d’être long et cahoteux. Ce n’est pas un hasard si le Maroc compte parmi les pays africains les plus touchés avec l'Afrique du Sud, l'Egypte, Djibouti, le Nigeria et l'Algérie selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) qui a annoncé samedi dernier un total de 225.105 cas Covid-19 sur le continent, pour 6.040 décès et 102.846 rémissions.


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