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En utilisant une technique inspirée de la formation naturelle des coquillages, ces chercheurs - deux étudiants et un professeur - ont réussi à "faire pousser" des prototypes de ces briques d'un nouveau genre. Cela a pris six à huit jours.
Une étude de faisabilité avait été lancée l'an dernier, grâce à une bourse du Conseil de recherches sur l'eau, un organisme gouvernemental sud-africain, en utilisant au départ de l'urine synthétique, puis de l'urine humaine. "J'ai toujours été curieux de savoir pourquoi nous n'utilisions pas l'urine comme cela", explique à l'AFP Dyllon Randall, le professeur qui a supervisé l'un des deux étudiants. "La réponse est simplement: oui, c'est possible", ajoute-t-il. "En fait, nous avons fabriqué la première bio-brique à partir d'urine véritable". "Ce processus est étonnant parce qu'en gros nous avons juste fait pousser des briques à température ambiante", s'amuse-t-il.
Les chercheurs ont pu produire cette "bio-brique" au bout d'un an, en laboratoire. Mélangeant de l'urine, du sable et des bactéries, ils se sont servis d'un processus naturel - la précipitation microbienne de carbonate - pour fabriquer leur brique. La recherche en est encore à ses balbutiements. Pour parvenir à fabriquer une brique, il faut actuellement jusqu'à 30 litres d'urine. La matière première est récupérée grâce à un urinoir spécial réservé aux étudiants masculins de l'université.
Les trois premières briques ainsi réalisées à ce jour sont exposées. Des blocs gris d'apparence et de poids semblables à des briques habituelles. Le matériau ressemble en tous points à du calcaire.
Suzanne Lambert, étudiante en génie civil membre de l'équipe de recherche, admire la manière dont ont été copiés des "processus naturels"."Ce procédé imite la façon dont le corail se forme et les processus naturels de production de ciment", observe-t-elle.
Les briques habituelles sont fabriquées dans des fours où elles sont cuites à 1.400 degrés Celsius, un procédé qui provoque d'importantes émissions de dioxyde de carbone. Les "bio-briques", elles, sont "cultivées" dans du sable où sont semées des bactéries pour produire une enzyme appelée uréase. Celle-ci réagit avec l'urée présente dans l'urine pour produire un composé semblable à du ciment qui s'associe avec le sable. Le produit ainsi obtenu peut être moulé et sèche à température ambiante, sans four ni émissions de gaz à effet de serre.