Elections à haut risque : Le spectre de la haine plane sur l’Europe

Français et Allemands prendront-ils exemple sur les Néerlandais ?


Hassan Bentaleb
Samedi 18 Mars 2017

Les MRE des Pays-Bas peuvent désormais pousser un ouf de soulagement. Le Parti pour la liberté (PVV) de l’islamophobe Geert Wilders est arrivé deuxième aux élections législatives avec 19 sièges. Il a été devancé par  le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du Premier ministre sortant Mark Rutte qui a obtenu 32 sièges sur les 150 que compte la Chambre basse du Parlement. Le PVV s’est placé à égalité avec deux autres partis, l'Appel chrétien-démocrate (CDA) et les sociaux-libéraux des Démocrates 66. La Gauche verte du jeune Jesse Klaver a, pour sa part, quadruplé  son nombre de sièges en en obtenant 16.
« Il y a eu une grande mobilisation de la part des Marocains et de la communauté musulmane pour barrer la route à Geert Wilders et son parti », nous a indiqué Lakhdar Lougrad, journaliste et activiste  marocain résidant en Hollande. Et de poursuivre : « On a constitué des groupes dont l’objectif est d’encourager la participation des Marocains aux élections et de leur expliquer les enjeux de ce scrutin tout en gardant la neutralité et en appelant à un vote stratégique ».
Selon notre source, tous les moyens de mobilisation ont été utilisés. « On a organisé des réunions et des rencontres dans les mosquées et autres afin de sensibiliser nos concitoyens. Le porte-à-porte et les médias sociaux ont été largement utilisés. Et cette mobilisation est montée d’un cran la veille du  scrutin lorsque les sondages avaient révélé que le PVV était à égalité avec le VDD », nous a-t-elle expliqué. Et de poursuivre : « L’enjeu a été de convaincre la communauté marocaine de donner sa voix à certains partis comme le D66 ou le Groen Links et faire barrage à Geert afin qu’il ne puisse pas gagner ces élections et former le gouvernement ».
Pourtant, cette mission de mobilisation n’a pas été de tout repos. « L’absence de conscience politique chez les électeurs marocains a handicapé notre mission. En effet, nombreux sont ceux qui ne comprenaient pas les enjeux d’un tel scrutin ou qui ne s’intéressaient pas à la politique. Pis, certains affidés du courant islamiste ont considéré ces élections comme illicites et la participation comme illégitime », nous a révélé Lakhdar Lougrad. Et de poursuivre : « D’autres Marocains ont préféré voter pour le parti politique Denk, un nouveau venu sur la scène politique qui exploite le sentiment d’hostilité à l’islam pour propager ses idées alors qu’il s’agit pour lui, ni plus ni moins, que d’exploiter les musulmans des Pays-Bas à des fins électoralistes et sans leur proposer un vrai programme politique ». En fait, ce nouveau parti néerlandais a été créé en 2015 par Tunahan Kuzu et Selçuk Öztürk, deux députés mis à la porte du Parti travailliste pour avoir critiqué la politique migratoire du gouvernement du Premier ministre libéral, Mark Rutte. Cette formation, qui est la première à être dirigée par des Néerlandais d’origine étrangère, majoritairement turcs, veut combattre « le racisme institutionnel des Pays-Bas », en luttant mieux en vue de « l’acceptation des immigrés ». « Beaucoup de Marocains ont oublié que ce parti n’a pas bougé le petit doigt lors des négociations du Protocole d’amendement de la convention générale maroco-néerladaise de sécurité sociale de 1972 et de l’appel à la suppression des pensions de survie et d'orphelins », a-t-il rappelé.
Quelles conséquences ces élections auront-elles sur celles qui sont attendues prochainement en France et en Allemagne ? « Je crois que l’expérience néerlandaise pourrait être réitérée dans ces deux pays », nous a déclaré notre source. D’après elle, beaucoup de facteurs ont joué dans la défaite du  PVV.  « Geert Wilders a été diabolisé par les médias et il a été souvent comparé à l’actuel Président américain, Donald Trump. Et, du coup, il a été considéré par une grande partie de l’électorat comme une menace pour l’économie et la politique étrangère du pays. Ceci d’autant plus que la plupart des partis politiques ont refusé d’entrer en coalition avec lui, même si certains d’entre eux ont adopté quelques points de son discours anti-islam et anti-migration », nous a-t-elle précisé. Et de conclure : « L’extrême droite pourrait gagner des voix en France et en Allemagne, mais elle ne pourra pas diriger ces pays. La croissance économique de 2,5% réalisée par les Pays-Bas a changé la donne et ce sera également le cas en Allemagne ».


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