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Ce rapport a été adopté à l’unanimité par l’assemblée générale du CESE le 26 septembre dernier. Le nouveau président du CESE, l’Istiqlalien Nizar Baraka, a dû attendre le (large) remaniement et la nomination du gouvernement Benkirane II, son installation avant de rendre public son rapport sur l’accès aux soins de santé de base au Maroc. Houssein Louardi, le ministre de la Santé, est lui resté à son poste. Le réanimateur devenu ministre entame sa troisième année à la tête de ce département ministériel et le document du Conseil économique, social et environnemental a des accents de constat d’échec pour un Exécutif qui présente volontiers le social comme une marque de fabrique, en tout cas une priorité gouvernementale.
Les chiffres donnent à réfléchir. Six médecins pour 10.000 habitants. Le nombre du personnel paramédical formé aux soins liés à l’accouchement est inférieur à 2,2 pour 1000 habitants. 24% de la population n’a pas accès aux soins de santé pour des raisons géographiques.
Il faut bien le dire, la faillite du système de la santé n’a pas attendu ce rapport, élaboré suite à une saisine du chef du gouvernement, pour être décrétée. «Aujourd’hui, c’est le mode de gouvernance et l’efficience d’une politique publique qui sont remis en question. Entre un RAMED qui ne fonctionne pas, une carte sanitaire qui joue l’arlésienne, une charte de la santé qui se fait toujours attendre, des centres de santé qui ferment par dizaines leurs portes en l’absence de personnel médical et soignant, il y a à l’évidence des dysfonctionnements lourds », commente ce député de l’opposition.
Le RAMED, ce régime d'assistance médicale pour les économiquement démunis censé être une prise en charge des personnes pauvres et sans ressources, est un leurre. Les détenteurs de cette fameuse carte paient ; et souvent le prix fort pour obtenir un rendez-vous ou une date d’hospitalisation. La corruption s’en est mêlée en plus d’une éthique douteuse qui a parfois cours à l’hôpital.
Le diagnostic est inquiétant. Politiquement, il risque aussi d’être très coûteux pour le gouvernement Benkirane. Au Maroc, les personnes démunies tombent plus souvent malades et ont une espérance de vie moins longue. Pour ce ténor de l’Union socialiste des forces populaires, membre de la commission sociale de cette formation politique, ce constat dressé très officiellement par le Conseil économique, social et environnemental signifie une chose : la santé est loin d’être un droit pour tous et que les Marocains ne sont toujours pas égaux dans l’accès aux soins.
Le retour en force du temps plein aménagé
En filigrane, c’est aussi et surtout toute la problématique de la réforme de la santé qui se pose. Le ministre Louardi appartient à un Exécutif qui a brandi haut et fort la carte de la réforme. Le successeur de Yasmina Baddou s’y est lui aussi essayé. Sa grande réforme du «Temps plein aménagé», TPA, est aujourd’hui un échec cuisant. Au nom du retour à la légalité, l’interdiction du TPA pour les médecins universitaires avait été annoncée en grande pompe par le ministre de la santé. Houssein Louardi fera ensuite machine arrière. Contrairement à l’engagement ministériel, le TPA ne sera pas supprimé. Officiellement, il a été réaménagé pour être exercé les vendredis et samedis, soit deux demi-journées en fin de semaine. « En fait, le Temps plein aménagé est revenu en force. On le voit tous les jours, nuit et jour. Le TPA a vidé les hôpitaux et rempli les cliniques. Les médecins de santé publique et ceux universitaires profitent de l’anarchie et surtout de l’absence de contrôle de la part des autorités sanitaires pour exercer dans les cliniques privées au vu et au su de tous», témoigne ce chirurgien de la place citant l’exemple de cette clinique spécialisée de Rabat qui fonctionne sans chirurgien qui lui soit propre. «Cela montre bien que le TPA y fait des ravages. Le ministère est pourtant à quelques pas de cette structure privée!», s’exclame-t-il.
Le Conseil économique, social et environnemental a recadré les priorités devant être celles du gouvernement en matière de santé. Des recommandations ont été émises par cette instance que préside Nizar Baraka. De l’élaboration d’une politique nationale de santé ciblant en priorité les régions défavorisées, le monde rural et les populations pauvres à la mise en place d’une politique de prévention relative aux maladies non transmissibles, responsables de 75% des décès en milieu hospitalier en passant par la définition d'une carte sanitaire nationale et des schémas régionaux d'offre de soins ou encore la promotion des médicaments génériques et le renforcement de la couverture, les propositions du CSCE résonnent comme un rappel à l’ordre au gouvernement Benkirane.