Edgar Grospiron, derrière le showman des pistes un "bosseur"


Libé
Vendredi 21 Février 2025

Edgar Grospiron, derrière le showman des pistes un "bosseur"
Après avoir dompté les bosses dans un style inimitable dans les années 1990, le champion olympique d'Albertville Edgar Grospiron, qui "bossait derrière la provoc'", s'est mué en conférencier et passe aux choses encore plus sérieuses en prenant la tête des JO d'hiver 2030.
Pantalon coloré flashy et pull multicolore, pour une tenue vestimentaire "so eighties": pendant dix ans entre 1985 et 1995, Grospiron a assuré le spectacle sur les pistes de ski acrobatique et les bosses, discipline qu'il popularise auprès du grand public
A 55 ans, Edgar Grospiron, sera le visage des Alpes françaises 2030.
Pantalon coloré flashy (parfois rouge, parfois mauve) et pull multicolore, pour une tenue vestimentaire "so eighties": pendant dix ans entre 1985 et 1995, il a assuré le spectacle sur les pistes de ski acrobatique et les bosses, discipline qu'il popularise auprès du grand public.

"Edgar, fantasque skieur, toujours dans la provoc mais en même temps énorme champion parce que derrière la provoc, il bossait. Cette image de déconneur qu'il avait... depuis, il est passé de très fantasque à très sérieux", a témoigné Luc Alphand en marge des Mondiaux de ski de Saalbach (Autriche).

C'est une sorte de revanche pour le skieur de La Clusaz, éphémère directeur général de la candidature d'Annecy à l'organisation des Jeux d'hiver 2018, jetant l'éponge en décembre 2010 déplorant le manque de moyens.

Les Français ont découvert sa bonne bouille un 13 février 1992 sous des flocons de neige à Tignes. Il est ce jour-là entré dans la légende olympique en devenant champion à domicile, le premier sur les bosses, la première discipline du ski acrobatique à entrer au programme de Jeux d'hiver.

"C'était comme une deuxième naissance. Une naissance aux yeux du grand public. La veille, j'étais encore un inconnu. Et le lendemain j'ai eu mon visage en Une de tous les journaux", racontait "Crazy Eddie" à l'AFP en 2020.

Personnage haut en couleurs, il avait déjà mis un pied dans l'olympisme quatre ans plus tôt, à Calgary au Canada en 1988. A l'époque, les bosses n'étaient qu'en démonstration aux Jeux. S'il n'avait pris que la 3e place, il avait enflammé le public de l'Alberta, en véritable showman pour la promotion de son sport.

Facétieux, un poil fêtard, il "avait pour devise +ski, sexe et rock'n'Roll+", raconte Perrine Laffont, championne olympique des bosses en 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud), dans un documentaire pour la chaîne olympique.

Mais sur les pistes, Edgar Grospiron était un acharné. "Il n'était jamais satisfait du ski qu'il produisait et ne comptait pas son temps pour revenir à l'ouvrage", se remémore son entraîneur Nano Pourtier. Tout cela dans le seul but d'être "au rendez-vous des promesses" qu'il avait annoncées.

Ainsi, six mois avant les Jeux d'Albertville-1992, les premiers en France depuis Grenoble en 1968, il avait prévenu Jean-Claude Killy, triple champion olympique de ski alpin en 1968 et patron de l'organisation de l'événement: "Je te garantis que tu peux mettre dans tes prévisions que je vais être champion olympique".

Et pourtant, "j'avais 22 ans et je n'étais pas prêt à ça. Il y a des gens qui aujourd'hui encore m'interpellent dans la rue. C'est là que je réalise que la puissance des Jeux est phénoménale", rembobine Grospiron, également triple champion du monde (1989, 1991 et 1995) et médaillé de bronze aux Jeux de Lillehammer (Norvège) en 1994.

Plus de trois décennies plus tard, c'est à son tour de se mettre dans les pas de Killy pour devenir le chef d'orchestre des JO-2030. Et si le style vestimentaire a changé depuis sa mue en conférencier - chemise blanche, veston et pantalon noirs, mais sans cravate -, il continue avec ce côté showman vibrant encore en lui.

"Ce projet ambitieux et collectif a besoin d'un leader qui sait motiver et fédérer", a-t-il d'ailleurs lancé dans sa lettre de motivation pour le job de président.

Il a aussi brièvement mis les doigts dans la politique, en 2008 pour les municipales à Annecy-le-Vieux, en 33e et dernière position de la liste "Encore mieux pour ALV", menée par le président de l'Assemblée nationale de l'époque, Bernard Accoyer (UMP, droite).

Une brève expérience susceptible d'être utile dans son dialogue avec les représentants de l'Etat et des deux régions Auvergne Rhône Alpes et Provence Alpes Côte d'Azur concernées par ces Jeux, qui


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