En juillet 2006, Carlos Bledorn Verri, dit Dunga, reprenait une équipe traumatisée par la leçon infligée par la France de Zidane en quart de finale (1-0).
Le capitaine du Brésil champion du monde en 1994, autrefois surnommé Terminator pour son jeu dur, avait pour mission de restructurer une sélection à la dérive, trop joueuse, voire dilettante, pour en faire une équipe plus sérieuse.
“La nomination de Dunga satisfait pleinement le désir des supporters brésiliens, qui veulent à la tête de la sélection un entraîneur énergique”, déclare alors le président de la Confédération brésilienne (CBF), Ricardo Teixeira. Entendre: fini, le laisser-aller de l’ère Parreira.
Mais à peine Dunga a-t-il amorcé son mandat que des tombereaux de critiques s’abattent sur lui. On s’interroge sur son inexpérience et son inadéquation avec le traditionnel “jogo bonito” (beau jeu) auriverde.
“Je veux apporter à la sélection la même volonté que j’avais comme joueur, se défend-il. L’énergie, la motivation et l’envie de gagner sont indispensables pour arborer le maillot du Brésil”.
Mais les critiques sur son schéma de jeu se poursuivent, assorties d’appels à la démission. Par exemple en 2008 lors de la première défaite de l’histoire du Brésil face au modeste Venezuela (2-0 en amical sur terrain neutre) ou à la suite des 0-0 à domicile en qualifications au Mondial-2010 contre le même Venezuela et la Bolivie, considérés comme deux des équipes les plus faibles d’Amérique du Sud.
Dunga fait le dos rond. Sa méthode, discipline et rage de vaincre, finit par payer. Le Brésil remporte les deux tournois internationaux en jeu depuis 2006, la Copa America 2007 et la Coupe des Confédérations 2009.
Lors de la première finale, le Brésil fait preuve de rigueur pour battre l’Argentine 3-0. A l’occasion de la seconde, il démontre de l’abnégation pour renverser une situation mal engagée (les Etats-Unis menaient 2-0 avant de s’incliner finalement 3-2).
Les statistiques sont également confortables: en 62 matches, 45 victoires, 11 nuls et 6 défaites. Et le Brésil a terminé les qualifications au Mondial en tête de la poule continentale.
L’ère des divas est révolue: exit Ronaldinho, exit Adriano, non convoqués pour le Mondial-2010, tout comme Ronaldo, meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde (15 buts) et que Dunga n’a pas rappelé. Pas de sentiments.
Il a trouvé en Luis Fabiano son buteur (neuf réalisations en qualifications), assisté par Robinho et Nilmar, avec Kaka à la baguette. Grafite et Julio Baptista représentent d’autres solutions offensives possibles.
L’histoire de Dunga sélectionneur épouserait-elle celle de Dunga joueur? Il avait été largement décrié lors du Mondial-1990. Sous la houlette de Sebastiano Lazaroni, le Brésil avait alors joué contre-nature et s’était fait éliminer sans gloire - sans jouer, disent les mauvaises langues - par l’Argentine de Maradona (1-0). Dunga, symbole de ce jeu, avait été le bouc émissaire de la vindicte populaire qui s’en suivit.
En 1994, il brandissait en capitaine la Coupe du monde à l’issue d’une séance de tirs au but face à l’Italie.