Cette compétition “peut être à notre portée”, confiait le joueur en décembre. S’il affiche une forme étonnante depuis le début de saison, Drogba sait qu’à bientôt 32 ans, le temps lui est compté. Malgré une légère alerte en décembre, Drogba aborde enfin la compétition continentale en pleine possession de ses moyens physiques.
Capitaine incontesté de la sélection ivoirienne, Drogba a connu son lot de désillusions dans cette compétition. Si son équipe apparaît encore comme un des grands favoris, Drogba sait que ce statut ne suffira pas à ramener un trophée que les Ivoiriens attendent depuis 1992.
Deux fois, alors que le titre semblait promis, les Ivoiriens ont trouvé l’équipe d’Egypte sur leur route. En 2006, les Egyptiens l’ont emporté aux tirs au but en finale sans que Drogba, au terme d’un tournoi admirable, n’ait pu trouver le chemin des filets (0-0). En 2008, les Egyptiens ont gagné sans contestation en demi-finale (4-1).
Mais le buteur, auteur de 14 réalisations en championnat et 3 en Ligue des champions cette saison, ne veut pas renoncer: “Nous nous battrons avec honneur et dignité pour gagner”. Quand de nombreux joueurs africains exilés dans les riches championnats européens privilégient leurs clubs, Drogba a toujours fait de sa sélection une priorité.
“Etre celui qui, parmi 20 millions d’Ivoiriens, porte le maillot et représente le pays, il y a de quoi être fier, il y a de quoi se sentir porté”, explique celui qui a inscrit le premier but ivoirien de l’histoire dans un Mondial, contre l’Argentine en 2006.
En 2008, son entraîneur à Chelsea, Avram Grant, avait tenté de le convaincre de renoncer à la compétition pour opérer un genou récalcitrant.
“Chacun sait qu’il n’y a aucun moyen de m’empêcher de disputer cette compétition. Vous réalisez ce que cela signifie pour un Africain et pour moi en particulier? Aucun entraîneur ne pourra m’empêcher de jouer” en sélection, avait sèchement rétorqué Drogba.
A l’image d’une carrière professionnelle entamée sur le tard, Drogba a longtemps attendu sa première sélection, en 2002 contre l’Afrique du Sud.
Mais il est depuis devenu un symbole dans son pays. Une revanche pour l’enfant déraciné que les difficultés économiques de sa famille, issue de la classe moyenne, avaient forcé au départ en France pour rejoindre son oncle, footballeur professionnel.
Cette jeunesse française n’a fait que renforcer son patriotisme. Quand la Côte d’Ivoire s’est déchirée, ce joueur dont la popularité transcende les rivalités politiques, religieuses ou ethniques a été en pointe pour appeler à la réconciliation, et s’est montré l’artisan d’une équipe nationale érigée en symbole d’unité.
Deux ans plus tard, la Côte d’Ivoire et ses maux restent présents dans l’esprit de Drogba, quand l’élection présidentielle, promise depuis 2005 et sans cesse ajournée, reste incertaine: “On espère que nous allons avoir des élections saines, sans problèmes, sans troubles. On espère surtout un redémarrage économique”, disait-il récemment.
Drogba a grandi à Paris, il vit à Londres. Mais il reste Ivoirien avant tout.