Driss Lachguar : Tout Ittihadi, à quelque poste de responsabilité que ce soit, doit se reporter au référentiel du parti dans toute prise de décision


Mehdi Ouassat
Jeudi 23 Juillet 2020

Driss Lachguar : Tout Ittihadi, à quelque poste de responsabilité que ce soit, doit se reporter au référentiel du parti dans toute prise de décision
Le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a été l’invité, mardi, d’une émission de débat en direct sur le site d’information «LeSiteInfo», où il s’est exprimé sur de nombreuses questions d’actualité, notamment la réforme des lois électorales et le mode de scrutin à adopter. Il a également abordé la diversité d’opinions au sein du parti,  l’appel à l’ouverture et la réconciliation, le projet de loi n°22-20, ou encore la proposition de formation d’un gouvernement d’union nationale.
Au tout début de l’émission, le Premier secrétaire a tenu à rappeler que l’USFP a marqué de son empreinte l’Histoire du Maroc concernant le développement du processus démocratique. «L’USFP et le Parti de l’Istiqlal ont joué un rôle crucial dans tous les acquis du processus démocratique dans notre pays», a-t-il affirmé, avant de souligner qu’il existe deux sortes de partis. «Il y a d’abord les partis conservateurs qui s’accrochent strictement aux textes et qui veulent maintenir la situation telle qu’elle est parce qu’ils ont profité du système électoral pour arriver à leurs fins et il y a les partis qui se tournent vers l’avenir et qui aspirent à transformer la démocratie naissante dans leur pays en une véritable démocratie, saine et parfaite et l’USFP en fait partie», a-t-il expliqué.
Concernant les propositions du parti de la Rose pour la réforme des lois électorales, le dirigeant ittihadi a expliqué que celles-ci «visent essentiellement l’augmentation du taux de participation aux scrutins et la lutte contre l’abstention, en plus du renforcement de l’intégrité de l’opération électorale pour mettre fin aux pratiques de corruption consistant en  l’instrumentalisation de la religion et l’utilisation de l’argent et du pouvoir». 
S’agissant de l'adoption du mode de scrutin uninominal au lieu et place du mode de scrutin de liste, le Premier secrétaire a affirmé que l’adoption de ce dernier a été une proposition de l’USFP et de feu Abderrahmane El Youssoufi dont l'objectif a été de lutter contre la corruption électorale et l'achat de voix et d'instaurer un débat d’idées et de programmes au lieu d’une simple compétition entre des personnes. «Mais la pratique a prouvé le contraire, même si les objectifs étaient des plus nobles», a-t-il précisé. Selon lui, le rôle de représentation et de médiation des élus dans le système électoral a fortement diminué et «ils ne sont plus proches des préoccupations et des attentes des citoyens de leurs circonscriptions», a-t-il estimé. «Le mode de scrutin de liste n'a pas atteint les objectifs pour lesquels il a été mis en place, nous avons donc proposé le retour au mode de scrutin uninominal. Aussi avons-nous suggéré que ce mode soit adopté de manière progressive durant une période transitoire lors des élections communales», a-t-il fait savoir. Et le leader socialiste de poursuivre: «Et si l’expérience confirme la justesse de notre proposition, on peut alors le généraliser pour les autres échéances électorales». 
Selon Driss Lachguar, la manière adoptée par le Maroc dans la lutte contre la pandémie et la série de mesures préventives et proactives prises pour contenir sa propagation ont renforcé la confiance entre le peuple marocain et ses institutions nationales. «Pour pouvoir maintenir la confiance en ces circonstances difficiles, il est nécessaire d’opérer une rupture totale et définitive avec toutes les pratiques du passé qui ont entaché le processus électoral», a-t-il noté. 
«Nous nous adressons aujourd’hui au ministère de l’Intérieur qui gère les élections et nous lui en imputons l’entière responsabilité», a-t-il martelé. «Notre pays est un exemple en matière de sécurité, de stabilité et d’actions proactives des autorités compétentes. Je les invite donc à effectuer une opération proactive contre les barons de la corruption électorale qui sont connus par tous, tout comme les barons de la drogue ou les chefs des groupes terroristes», a-t-il ajouté, avant de mettre en avant la réelle nécessité d’alourdir les peines prévues par la loi contre la prévarication électorale car il s’agit, selon lui, d’un crime portant atteinte à la patrie et à la société toute entière.
Questionné sur la pluralité d’opinions au sein du parti, Driss Lachguar a tenu à rappeler que l’USFP a toujours été un parti de diversité où tout le monde a le droit d’exprimer ses opinions. «En tant que Premier secrétaire, je suis justement responsable de gérer les différents points de vue en ce qui concerne les idées, les programmes et les projets du parti», a-t-il fait savoir.  
Concernant la question du projet de loi n°22-20 relatif à la régulation des réseaux sociaux qui avait suscité un tollé il y a quelques mois, le dirigeant socialiste a expliqué que le gouvernement a mis fin à la polémique en décidant de reporter l’approbation de ce projet de loi jusqu’à l’ouverture d’un débat sur sa teneur avec toutes les parties concernées. Il a en outre tenu à préciser que chaque Ittihadi, quel que soit son poste, ministre, parlementaire, élu communal ou syndicaliste doit se reporter au référentiel de l’USFP dans toute prise de décision. Le Premier secrétaire a, par ailleurs, indiqué que le texte, qui a provoqué le tollé sur les réseaux sociaux répond à des besoins sociaux réels, puisqu’il existe bel et bien des plateformes sur les réseaux sociaux qui relaient des contenus fallacieux, parfois très dangereux. «Même si le texte comprend 25 articles, et que le débat n’a porté que sur deux ou trois d’entre eux, nous avons convenu, lors d’une réunion du Bureau politique qui a duré plus de 12 heures, qu’il est impossible d’approuver ce projet de loi, ni depuis le Parlement, ni depuis le gouvernement», a-t-il fait savoir.  
Abordant le sujet de la réconciliation, Driss Lachguar a tenu à préciser que l’appel ittihadi concerne plus précisément «l’ouverture et la réconciliation» et a, dans ce sens, mis l’accent  sur la nécessité de s’ouvrir sur l’ensemble des compétences et cadres ittihadis intègres, imprégnés d’idées progressistes. «Concernant la  réconciliation, il faut souligner que les dirigeants du parti, aux niveaux local, régional et national ont déployé de grands efforts pour une véritable réussite. La grande manifestation que nous avions organisée au théâtre Mohammed V et les figures emblématiques qui y ont pris part en sont la parfaite preuve», a-t-il souligné. Et de préciser: «La réconciliation a induit le retour de militants qui étaient en désaccord avec le parti depuis mai 1983 ». 
Le Premier secrétaire a considéré, par ailleurs, que la responsabilité de toute réussite ou échec du parti revient, en premier lieu, à sa direction avec son Premier secrétaire, son Bureau politique et son Conseil national. «C’est nous qui sommes justement derrière l’élaboration du parti institution a-t-il indiqué. «Tous les biens immobiliers du parti, ses institutions et ses médias qui étaient au nom de certaines personnes sont aujourd’hui au nom du parti», a-t-il ajouté. Et de préciser: «C’est également ce principe de parti institution qui nous a permis d’assurer la protection sociale, même en pleine crise sanitaire, de plus de 140 salariés des sièges et médias de l’USFP». 
Interrogé sur sa position par rapport à la participation de l’USFP au gouvernement de Driss Jettou, le leader ittihadi a expliqué qu’à l’époque, il n’était pas d’accord avec cette décision. «Lors de la nomination du gouvernement de Driss Jettou, j’étais président du Groupe parlementaire à la Chambre des représentants et je devais prendre la parole au nom de ce groupe pour exprimer notre soutien au nouveau gouvernement mais j’avais catégoriquement refusé», a-t-il rappelé. «Mais Si Abderrahmane El Youssoufi avait réussi à me dissuader et j’ai fini par prendre la parole pour défendre la position de mon parti qui était en contradiction avec ma propre position», a-t-il ajouté. 
S’agissant de la proposition de formation d’un gouvernement d’union nationale, Driss Lachguar a précisé que son appel intervenait dans un contexte marqué par la propagation du coronavirus. «Ma proposition concernant la constitution d’un gouvernement d’union nationale n’était pas une fin en soi, mais elle était juste un moyen parmi d’autres pour renforcer notre immunité et notre capacité à faire face à la pandémie», a-t-il expliqué. «J’ai en effet proposé une idée qui visait le long terme au cas où les choses seraient devenues compliquées ou s’il s’avérait qu’il est plus difficile de faire face à la pandémie. C’est une proposition pour l’avenir», a tenu à clarifier le dirigeant du parti de la Rose.  


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