Driss Lachguar : L’impôt de solidarité devrait être un impôt progressif sur la fortune pour permettre d’élargir l’assiette fiscale

Le secteur privé s'est désengagé de certains domaines stratégiques dont ceux de la santé et de l’éducation


​M.O
Vendredi 23 Octobre 2020

Le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, a été l’invité, jeudi, du JT de Medi1 TV où il a livré une analyse profonde et pertinente sur la gestion de la pandémie dans notre pays et ses répercussions économiques et sociales, soulignant au passage les efforts énormes consentis par l’Etat pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent. Il s’est également exprimé sur la réforme des lois électorales et sur la loi de Finances, entre autres. 

«Il faut tout d’abord souligner que c’est grâce à la clairvoyance de S.M le Roi et sa vision proactive que le Royaume a pris une série de mesures préventives et proactives pour contenir la propagation de l’épidémie», a souligné le Premier secrétaire, tout en précisant que «tous ceux qui critiquaient notre système institutionnel ont certainement fait le rapprochement entre la manière marocaine de gérer la crise et celle du reste du monde et je suis parfaitement convaincu qu’ils se sont rendu compte de l’efficacité de notre système politique». Et d’ajouter : «Les pays qui ont hésité à prendre des mesures préventives à cause de leur système politique ont fini par le payer lourdement». Il a également mis en lumière le fait que l’USFP a toujours appelé à constituer un bloc national derrière Sa Majesté et à unir les rangs et laisser de côté le principe de majorité et opposition pour lutter contre le virus. Pourtant, cette crise sanitaire a mis à nu, comme l’a souligné le dirigeant socialiste, nombre de dysfonctionnements, car un grand nombre de personnes ne bénéficient pas de la couverture sociale, appelant le gouvernement à redoubler d'efforts pour étendre la couverture sociale à tous les Marocains dans les cinq années à venir. «Nous devons tirer des leçons des répercussions de la pandémie de la Covid-19 afin de fortifier, immuniser et renforcer notre économie, préserver le pouvoir d'achat des citoyens, assurer la stabilité de leurs emplois dans le secteur privé et éviter à notre pays une catastrophe économique». «La situation deviendrait plus grave l'année prochaine si les répercussions de cette pandémie ne sont pas surmontées», a mis en garde Driss Lachguar, avant de rappeler qu’il est aujourd’hui primordial d’œuvrer pour un Etat fort et juste et une société moderniste et solidaire.



Abordant l’apport de l’USFP en matière de lutte contre la pandémie, le dirigeant socialiste a indiqué que le parti a tenu à y participer activement, que ce soit à travers le Groupe socialiste à la Chambre des représentants ou à travers des suggestions et propositions à son président. Il a également précisé qu’il a, lui-même, publié une plateforme où il évoque notamment les difficultés auxquelles le pays sera confronté dans l’ère post-pandémie. A cet égard, Driss Lachguar a tiré la sonnette d’alarme en ce qui concerne le ralentissement de l’économie nationale et une éventuelle diminution dans le recrutement de la main-d’œuvre marocaine. « Nous devons travailler sur une approche qui nous permettra d’assurer la paix sociale entre toutes les composantes de la société pour réussir dans notre lutte contre la pandémie », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Nous considérons qu’il faut également ouvrir un dialogue avec les syndicats et les impliquer dans les décisions et les actions qui seront prises afin de pouvoir concrétiser la paix sociale». Driss Lachguar a, par ailleurs, tenu à rappeler que la pandémie du Covid-19 a démontré la suprématie du secteur public sur le secteur privé. «Et je peux même affirmer que le secteur privé s'est désengagé de certains domaines stratégiques, dont la santé et l’éducation», a-t-il martelé.
Il est aujourd’hui primordial d’ œuvrer pour un Etat fort et juste et une société moderniste et solidaire
Répondant à une question concernant le gouvernement d’union nationale, Driss Lachguar a souligné que son appel à la constitution d’un tel gouvernement intervenait dans un contexte marqué par la propagation du coronavirus. «Ma proposition concernant la constitution d’un gouvernement d’union nationale n’était pas une fin en soi, mais elle était juste un moyen parmi d’autres de renforcer notre immunité et notre capacité à faire face à la pandémie. Si demain des développements négatifs se produisaient, la proposition resterait valable», at-il expliqué. «J’ai proposé une idée qui vise le long terme dans le cas où les choses deviendraient compliquées ou s’il s’avérait qu’il est plus difficile de faire face à la pandémie. A ce moment, on pourrait former un gouvernement d’union nationale. Je l’ai donc proposé pour l’avenir et non pas pour l’appliquer hic et nunc», a tenu à clarifier le dirigeant du parti de la Rose. Et de préciser: «Le Maroc n’a pas connu de polarité concernant les mesures prises depuis le début de la crise sanitaire et ensemble, nous avons constitué un bloc national derrière Sa Majesté pour lutter contre le virus», a-t-il ajouté, tout en soulignant qu’il avait auparavant expliqué que pour faire face à la crise, il fallait unir les rangs et laisser de côté le principe de majorité et opposition.

Concernant l’impôt de solidarité prévu dans le PLF 2021, Driss Lachguar a tenu à rappeler qu’il ne s’agit que d’un impôt limité dans le temps, puisqu’il est lié seulement à la pandémie. A cet égard, il a affirmé que l’impôt de solidarité devrait être progressif et qu’il devrait être un impôt sur la richesse, «ce qui permettrait d’élargir l’assiette fiscale», selon lui.

Evoquant la question de la réforme des lois électorales, le dirigeant socialiste a souligné que celle-ci «permettra de garantir une participation massive de la population au processus électoral et, ce qui est plus important, une répartition équitable des sièges en fonction du nombre des voix obtenues par chaque parti politique». «Comment est-il concevable qu'un parti obtienne 100 sièges après avoir obtenu un million de voix, alors qu'un autre parti obtient un demi-million de voix et n'obtienne que 20 sièges ? Le fait que le quotient électoral ait été calculé sur la base des voix valides exprimées au lieu du nombre des inscrits sur les listes électorales a affecté plusieurs partis», a-t-il expliqué. «Les propositions du parti de la Rose visent également à renforcer la représentation des femmes et des jeunes et à lutter contre la corruption électorale en proposant un durcissement des sanctions, en criminalisant certains actes et en corrigeant certains dysfonctionnements juridiques», a-t-il fait savoir.

M.O
 


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