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Driss Lachguar : L’USFP s’engage à s’opposer à toute loi sur le droit de la grève visant à compromettre les acquis sociaux
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Nous en sommes à l’entame de la dernière étape avant d’en finir avec le dossier du Sahara pour nous consacrer entièrement au grand projet de développement
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Driss Lachguar préside la réunion du Conseil national de la Chabiba
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L’USFP exprime sa grande fierté de la teneur du Discours Royal prononcé à l’occasion du 49ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte
En voici la traduction intégrale
Il y a eu plusieurs appels à la démission du gouvernement et il y a ceux qui menacent de le faire tomber à cause de la situation sociale actuelle. Est-ce que cela est justifié ?
Driss Lachguar : Je ne crois pas qu’il y ait des raisons pour que le gouvernement présente sa démission. Pour qu’il le fasse, cela induit qu’un parti de l’opposition présente une motion de censure pour le faire tomber et que cette motion fasse l’objet d’un débat, ou que le dialogue social qui a pris plusieurs formes n’aboutisse qu’à une forme de tension nécessitant la démission du gouvernement.
C’est la tension existant entre les différentes institutions qui exige parfois un changement d’Exécutif, mais ce qui se passe aujourd’hui au Maroc est en quelque sorte une mise en garde adressée au gouvernement pour qu’il redouble d’efforts et qu’il agisse afin de faire face à des problèmes dont personne ne nie l’existence.
Les raisons que certains avancent, c’est que depuis sa nomination le gouvernement se trouve empêtré dans des problèmes interminables sans prendre de mesures tangibles pour les affronter et la campagne de boycott l’a démontré. Qu’en pensez-vous ?
Faire face aux problèmes est la raison d’être des gouvernements. Et on n’a pas besoin d’un Exécutif qui n’affronte pas les problèmes.
Mais il faut noter que les problèmes et leur cumul sous le mandat du précédent gouvernement exige de l’Exécutif actuel de s’atteler à les régler. Je vous donne quelques exemples. Les examens du Baccalauréat de cette année se sont déroulés sans problèmes contrairement à ce qui s’est passé lors des dernières années où il y a eu fuite des épreuves de l'examen. L’opinion publique ne s’interroge pas sur la libéralisation des prix des hydrocarbures par le gouvernement Benkirane et l’impact négatif de celle-ci dont nous constatons aujourd’hui les effets. Ce gouvernement œuvre à atténuer cet impact en recourant à plusieurs scénarios dont celui de la mise en place d’un système de plafonnement des prix. La situation actuelle confirme que la libéralisation s’est faite sans qu’il y ait mise en place de mesures et de mécanismes à même de garantir une bonne application de cette décision. Tel est le cas du Conseil de la concurrence.
Ce qui se passe actuellement reflète la créativité du peuple marocain qui a lancé des mises en garde de façon civilisée au gouvernement, soit via des formes traditionnelles comme les grèves et les protestations, soit via cette nouvelle forme de protestation qu’est le boycott. Je considère que ce boycott est une mise en garde adressée au gouvernement. C’est pour cette raison que j’ai appelé à la réunion de la majorité et le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a accepté cette demande après son retour de la visite officielle qu’il avait effectuée en Corée du Sud. Parmi les sujets que nous avons tenu à rappeler au cours de cette rencontre, c’est que les partis de la majorité ne doivent pas se réunir uniquement quand il y a des crises et des tensions, mais qu’ils doivent le faire de façon périodique pour régler les problèmes et traiter les dossiers importants.
Concernant les débats au sein de la majorité, quelles sont les propositions du parti de la Rose pour sortir de la crise induite par le renchérissement des prix des carburants qui a conduit le gouvernement à en débattre ?
Vu l’état actuel du marché international, nous considérons que le système de plafonnement des prix des carburants est une solution à la situation actuelle, car personne ne peut prévoir les développements de ce marché à l’avenir. Nous avons dit qu’il faut traiter avec prudence le sujet des hydrocarbures, car ils ont un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens (transport, marchandises, etc.). Pour cela, il ne faut pas se précipiter comme ce fut le cas dans le passé.
Le boycott a confirmé que la décision du précédent gouvernement n’était pas adéquate. Nous précisons, par ailleurs, que nous sommes opposés à toute augmentation des prix des bonbonnes de gaz, car elle pourrait avoir un impact direct sur le pouvoir d’achat des Marocains, surtout qu’il y a aujourd’hui des demandes appelant à la libéralisation de ces prix et à fixer un délai pour le faire. Je considère que personne n’a le droit de porter atteinte au pouvoir d’achat des citoyens, dans le cas contraire, cela pourrait conduire à l’émeute.
Le gouvernement actuel a annoncé qu’il va poursuivre les mesures de celui qui l’a précédé y compris celles concernant la Caisse de compensation, ce qui signifie qu’il va arrêter de subventionner le gaz butane.
Ce sera difficile de continuer si cette décision est prise. Nous allons soumettre cette question à la majorité, car elle constitue un espace de débat et de concertation. Et si le gouvernement revient sur la décision de la libéralisation des prix des carburants prise par le précédent Exécutif, il pourrait revenir sur l’idée de lever les subventions sur le gaz butane.
Nous savons que le prix du gaz butane concerne tous les citoyens. Il y a des solutions qui ne nécessitent pas que l’on vende ce produit aux Marocains à des prix exorbitants. Une telle décision pourrait conduire à la catastrophe. On doit donc assumer nos responsabilités.
Si le gouvernement est déterminé à prendre une décision dans ce sens, on va appeler à une réunion urgente de la majorité et présenter notre point de vue. On va mettre en garde contre toute atteinte au pouvoir d’achat des Marocains et au prix du gaz butane. Ce prix constitue une ligne rouge à ne pas franchir, car il concerne la majorité des Marocains.
Vous n’avez pas réagi avec force contre les mesures portant atteinte au pouvoir d’achat des citoyens prises par l’actuel gouvernement et, pourtant, vous vous dites opposé à pareilles mesures que l’ancien gouvernement a prises, pourquoi ?
Absolument pas. L’actuel gouvernement ne suit pas la même voie que l’ancien. Au contraire, il a rectifié les mesures prises par son prédécesseur surtout dans le domaine des hydrocarbures. Nous ne sommes pas des adeptes de la rupture et nous sommes convaincus que les mesures qui ont été prises par tous les gouvernements ont un impact sur le développement du pays, mais nous n’accepterons néanmoins pas de persister dans l’erreur commise par le gouvernement précédent. Il y a concertation pour remédier aux dysfonctionnements de l’ancien Exécutif et à ceux de l’actuel gouvernement.
Il y a un paradoxe concernant votre évaluation de la situation des droits de l’Homme sous le gouvernement Benkirane et sous celui présidé par Saâd Eddine El Othmani même si le parti qui préside à ces deux Exécutifs n’a pas changé. Qu’en pensez-vous ?
Nous avons salué le fait de prévenir la tendance conservatrice concernant la situation des droits de l’Homme au Maroc. Les observateurs constatent qu’il y a aujourd’hui des progrès dans plusieurs dossiers comme ceux de l’égalité et des droits de l’Homme. Nous n’avons noté aucun boycott d’événement culturel ou d’interdiction d’un livre par l’actuel gouvernement. Nous avons pris acte des positions positives prises sur des questions litigieuses par le ministre des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, et par la ministre de la Famille, de la Solidarité, de l'Egalité et du Développement social. Il y a également des projets très avancés qui sont en débat tels que celui concernant la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Nous constatons qu’il y a aujourd’hui une harmonie entre toutes les composantes de la majorité et surtout entre notre parti et le PJD.
Mais il y a des régressions dans le domaine des droits de l’Homme selon les rapports des organisations marocaines et étrangères spécialisées…
Nous avons déjà pris part, en tant qu’Ittihadis, aux mouvements de protestations et nous savons comment les autorités traitaient l’acte protestataire au Maroc en recourant aux enlèvements et aux emprisonnements. Mais avec le nouveau règne et sous le gouvernement El Youssoufi, les choses ont changé et on a davantage toléré les protestations. Les pays qui ne l’ont pas fait, ont sombré dans la violence, et ce contrairement au Maroc qui a acquis une certaine expérience dans le traitement de ce genre de dossiers.
On a d’ailleurs vu comment l’Etat a agi avec responsabilité lors des protestations au Rif, à Jerada ou à Zagora en établissant un dialogue avec les protestataires.
Mais ce qu’il faut mettre en relief, c’est qu’il y a une différence entre ceux qui veulent instrumentaliser ces protestations et ceux qui veulent que celles-ci suivent leur cours normal. Nous, au sein de la majorité, nous avons pris part de manière active à des protestations à Zagora, à Jerada ou à Al Hoceima. Nous avons agi avec responsabilité. On ne peut pas refuser le dialogue et on ne peut pas cautionner les actes de violence, car des dérapages peuvent se produire durant ces mouvements. Nous étions déterminés à faire face à tout dérapage qui pouvait porter atteinte aux objectifs de ces mouvements.
D’aucuns soutiennent qu’il y a aujourd’hui un retour du sécuritaire au Maroc. Qu’en pensez-vous ?
Nous avons besoin d’un Etat fort avec des institutions fortes. Pour cela, il faut être très vigilant lorsqu’on avance que la force des institutions de l’Etat signifie le retour au contrôle sécuritaire, car l’Etat doit être fort avec des institutions fortes, que ce soit au niveau de la justice, du Parlement ou du gouvernement, alors que la faiblesse de ces institutions pourrait conduire à la catastrophe. Nous voyons comment on traite aujourd’hui les marches de protestation dans les grandes villes comme à Casablanca et Rabat. Quand elles sont légales, les autorités les traitent normalement à l’exception de celles où il y a des dérapages qui ne sont qu’individuels. Et les services de sécurité tiennent à informer l’opinion publique même lorsqu’il s’agit de dérapages individuels.