Le parti qui dirige le gouvernement est tenu de préserver sa majorité et non le contraire
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« Cette majorité a un leader et même au niveau des partis qui la composent, il y a en un qui la dirige. Ce dysfonctionnement auquel vous faites allusion est juste et nous l’avons vécu », a-t-il expliqué. « Lorsque le chef du gouvernement appose sa signature sur un projet de loi destiné à être envoyé au Parlement, les premiers qui le critiquent sont les membres de son propre parti. Même l’ex- secrétaire général du parti de la Lampe et ancien chef du gouvernement qui est tenu par le devoir de réserve attaque la majorité gouvernementale. Le parti qui dirige le gouvernement est tenu de préserver sa majorité et non le contraire. Le chef du gouvernement et son parti doivent faire preuve de responsabilité et de souplesse dans leurs rapports avec les autres partis de la coalition, d’être à leur écoute et œuvrer à préserver sa cohésion », a-t-il affirmé.
Répondant une question se rapportant à la polarité du champ politique marocain, Driss Lachguar a indiqué avoir défendu pareille idée, car il croyait que « le foisonnement des partis politiques ne permet pas le développement de la démocratie. Pour cela je défendais la polarité ». Et d’ajouter : « Notre démocratie est émergente. Nous ne sommes pas comme les autres démocraties achevées et dans lesquelles on peut faire la distinction entre la droite, la gauche et le centre. Nous sommes une démocratie émergente et nous avons abouti à une prétendue polarité du fait de l’utilisation de l’argent sale, de la bienfaisance et à cause des quelques corrupteurs qui se tapissent dans certaines administrations locales. Tout cela a induit une prétendue polarité et nous avons tous souffert de la crise politique causée par cette fausse polarité ». En d’autres termes, cette prétendue polarité a conduit au « blocage », a-t-il noté en rappelant comment l’ancien chef du gouvernement qui a été chargé par S.M le Roi Mohammed VI de former un gouvernement s’est opposé à ce qu’un parti politique précis fasse partie de la majorité, alors qu’il ne disposait pas, constitutionnellement parlant, de droit de le faire, puisqu’il ne disposait nullement d’une majorité à même de lui permettre de former seul le gouvernement.
Il a également rappelé le rôle que l’USFP avait joué pour sortir du blocage politique créé par cet ancien chef du gouvernement. « On a appelé à outrepasser l’interprétation erronée et traditionnelle de l’article 47 de la Constitution et à proposer à ce qu’une autre personnalité du parti qui a obtenu la majorité aux élections forme le gouvernement », a-t-il précisé, estimant qu’il est temps aujourd’hui d’ « engager un débat sérieux à propos des dysfonctionnements dans la mise en application de la Constitution de 2011 ».
A cet égard, il a proposé quelques idées qui sont à même de permettre d’améliorer le fonctionnement des institutions.
Dans ce sens, il a proposé de raccourcir le temps des sessions parlementaires pour laisser aux ministres le temps de gérer leurs départements aux niveaux central et régional.
Il a aussi proposé de revoir l’article 47 de la Constitution pour rendre plus souple le processus de formation du gouvernement.
Répondant à cette question arguant que certains prétendent que ceux qui appellent à la révision de l’article 47 sont ceux-là mêmes qui ont peur que le PJD obtienne la majorité lors des prochaines élections, Driss Lachguar a affirmé: « Qui prétend aujourd’hui prédire le verdict des urnes ? Ceux qui avancent de telles assertions, sont des égocentriques. Qui a le droit de prétendre connaître d’avance les résultats des prochaines élections ? Ceux qui tiennent pareils discours devraient tirer les leçons du cas José Maria Aznar (chef du gouvernement espagnol entre 1996 et 2004) dont les sondages prédisaient la victoire écrasante de son parti de droite (Parti Populaire) aux élections législatives en 2004, mais l’attentat terroriste de Madrid survenu quelques jours avant la tenue de celles-ci et la mauvaise gestion des suites de cet attentat par le gouvernement Aznar ont complètement changé la donne et la droite a perdu les élections » et ce sont les socialistes de José Luis Rodriguez Zapatero qui ont raflé la majorité lors de ces élections.
Le dirigeant ittihadi a ajouté que tous ceux prétendent qu’ils vont remporter les prochaines élections législatives « passent sous silence le rôle joué par des institutions importantes avec à leur tête l’institution monarchique. En outre, il ne faut pas omettre que le choix des électeurs est décisif. Si plusieurs partis obtiennent 70 % des voix et le parti arrivé en tête du scrutin n’en a obtenu que 30 %, il n’a pas le droit d’imposer son hégémonie sur le champ partisan. Est-ce qu’on va considérer que les autres partis n’ont aucune valeur et qu’ils sont condamnés à disparaitre ? Nous avons besoin d’un parti qui peut rafler 51 % des voix et non pas d’un parti qui arrive en tête des élections ».
Par ailleurs, le dirigeant socialiste a estimé que pour sortir de cette crise politique et mettre fin à cette prétendue polarité, il est impératif de plancher sur la révision des lois électorales. Cette révision est à même de garantir la transparence du prochain scrutin et de réaliser « un équilibre réel des forces au sein du champ partisan, car notre pays a besoin de cet équilibre pour que les citoyens soient sereins ».
S’agissant d’un éventuel remaniement ministériel, le Premier secrétaire de l’USFP a plaidé pour la continuité même s’il a considéré que les dysfonctionnements de la majorité exigent un remaniement partiel.
Dans cette interview, Driss Lachguar a également abordé la vie interne de l’USFP.
Il a souligné que les initiatives prises par la direction du parti depuis son 9ème Congrès visent à réaliser la réconciliation avec tous les Ittihadis mécontents. Et plusieurs d’entre eux ont répondu favorablement à ces initiatives, a-t-il ajouté en rappelant que les cadres du parti sont fortement représentés dans les organisations professionnelles, dans les associations et dans les conseils des facultés et des grandes écoles. « Cela prouve que notre parti a commencé à retrouver son aura », a-t-il souligné, en adressant un appel à tous les Ittihadis pour fédérer leurs efforts « en vue de gagner le pari des prochaines échéances et d’œuvrer au succès du projet sociétal moderniste ».
Concernant la personnalité qui pourrait accéder au poste de Premier secrétaire de l’USFP lors du prochain Congrès, Driss Lachguar a estimé que cette question est prématurée, soulignant que « ce qui nous importe, ce n’est pas l’identité de celui qui deviendra demain Premier secrétaire, mais qui va servir le projet sociétal moderniste, qui va réussir à gagner le pari du scrutin de 2021».
Driss Lachguar a par ailleurs affirmé qu’il ne briguera pas de troisième mandat à la tête du parti, affirmant que l’USFP regorge de cadres compétents qui peuvent assumer pareille responsabilité.