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a finalement été reconnue “d’utilité publique” par le ministère de l’Education de la Fédération
Wallonie-Bruxelles.
Choisir «Djihad» comme titre pour une pièce théâtrale entièrement consacrée à un phénomène qui donne des sueurs froides en Europe et partout dans le monde, était un pari osé. Le comédien et metteur en scène maroco-belge Ismaël Saidi, qui fut flic pendant quinze ans, a su prendre ce risque et contrairement à ce que le titre pourrait faire craindre, sa pièce est une comédie, qui nous raconte l’odyssée catastrophique de trois musulmans qui quittent la Belgique vers la Syrie pour combattre aux côtés de djihadistes, trois bras cassés dont on découvre le passé et les blessures cachées, tout au long du voyage. « Les trois personnages forment une équipe de bras cassés avec des profils très différents. Ben est l’idéologue, Reda le rêveur et Ismaël le torturé. Avant d’entamer leur épopée, ils ne se connaissent pas spécialement. Tout au plus, ils se sont rencontrés à la mosquée », souligne Ismaël Saïdi qui, pour insuffler à ce trio une réjouissante humanité, a fait appel, à ses côtés, à deux comédiens d’origines marocaine : Ben Hamidou et Reda Chebchoubi. «Une fois arrivés en Syrie, les protagonistes déchantent: ils se rendent compte que ce qu’on leur a vendu à travers les réseaux sociaux, à travers les propagandes de haine, ce n’est pas du tout ça. Mais il s’agit d’un bourbier, d’un charnier, où on envoie cette pauvre chair à canon qui, au départ, n’a rien demandé d’autre qu’essayer d’exister», explique le metteur en scène, avant de préciser que Marine Le Pen a été sa muse. «Lors d'une interview à la télévision, on lui a demandé ce qu'elle pensait des gens qui partent combattre en Syrie. Elle a répondu, avec toute la nonchalance qu'on lui connaît, qu'elle s'en foutait qu'ils partent, tant qu'ils ne reviennent pas. J'ai été choqué par cette déclaration. Moi, ce qui me dérange, c'est qu'ils partent! Ce sont des citoyens comme moi, Français, ou Belges comme moi qui, à un moment donné, sont poussés à s'en aller combattre. Il faut lutter, on ne peut pas les laisser partir. Comme je ne sais écrire que de la comédie, j'en ai fait un spectacle humoristique», explique Ismaël Saidi.
Initialement interdite de publicité dans le métro en raison de son titre provocateur, «Djihad» a finalement fait un tabac et après plusieurs représentations en Belgique, la pièce a été reconnue "d’utilité publique" par le ministère de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans le cadre d’un plan contre le radicalisme à l’école. Elle est souvent jouée devant des jeunes du primaire et du secondaire et un débat est ainsi organisé après chaque représentation, permettant au jeune public de mieux décoder les mécanismes qui font qu’aujourd’hui le regain de tension et le repli communautaire se ressentent davantage. Bien décidé à créer des ponts entre les communautés, Ismaël Saidi rêve désormais de faire voyager sa pièce. Après l’avoir jouée un peu partout en Belgique, elle sera bientôt présentée en France et aux Pays-Bas, en attendant qu’elle soit programmée au Maroc. Ainsi est le souhait de cet originaire de Tanger, optimiste et humaniste impénitent.