Dix morts dans des violences de castes dans le nord de l'Inde


Lundi 22 Février 2016

Dix personnes ont été tuées lors d'émeutes liées au système de castes dans le Nord de l'Inde, donnant lieu à des scènes de pillage et de multiples incendies criminels alors que l'armée a été déployée avec l'ordre de tirer à vue, a annoncé la police dimanche.
 La crise, qui couvait depuis plusieurs jours, a dégénéré en violences en fin de semaine et menaçait dimanche l'approvisionnement en eau de New Delhi, voisine de l'Etat de Haryana.
 Des milliers de soldats ont été dépêchés samedi dans cet Etat, avec l'ordre de tirer à vue, au lendemain de violences qui ont vu des émeutiers incendier des maisons ou des gares et bloquer des autoroutes.
 Dix personnes ont été tuées en trois jours alors que les forces de l'ordre ont ouvert le feu pour faire cesser les troubles, a déclaré le chef de la police de l'Etat de Haryana, Yash Pal Singal. Environ 150 autres personnes ont été blessées.  Aux avant-postes du mouvement, des membres de la caste influente des Jat. Ils exigent des quotas pour des emplois dans la fonction publique ainsi que des places dans les universités pour leurs enfants.
Dans un effort pour améliorer le quotidien des victimes des plus graves discriminations en cours dans le pays, l'Inde mène une politique de discrimination positive qui prévoit des quotas pour les basses castes.
 Mais cette politique déplaît aux autres communautés qui s'estiment lésées. Les Jat affirment en particulier avoir du mal à s'en sortir en dépit de la croissance économique forte que connaît le pays.
 Malgré le renforcement des mesures de sécurité, les émeutiers sont à nouveau descendus dans la rue dans la nuit de samedi à dimanche.
 Ils ont mis le feu à des commerces de Rohtak, localité à l'épicentre des violences, a déclaré un porte-parole de la police locale à l'AFP.
 "Il y a eu des affrontements durant la nuit. Plus de dix bâtiments ont été incendiés, des commerces et des distributeurs de billets ont été pillés en deux endroits".
 La situation est également difficile dans la ville proche de Jhajjar. "Nous ne contrôlons pas la situation, qui est très tendue, avec des milliers de manifestants qui encerclent le principal quartier administratif", a déclaré à l'AFP Rajiv Kumar, chef de la police.
 La crise a également des répercussions dans la capitale New Delhi, dont le ravitaillement en eau est perturbé.
 Des groupes de manifestants ont provoqué la fermeture des vannes d'un canal de Haryana qui alimente les centrales de traitement des eaux de la capitale indienne.
 Le chef de l'exécutif de New Delhi, Arvind Kejriwal a annoncé le rationnement de l'eau dans la capitale, ajoutant que les écoles resteraient fermées lundi pour économiser les réserves.
 "L'eau doit être rationnée de manière équitable entre tous. Ecoles fermées demain", a-t-il déclaré sur Twitter.
 Des négociations étaient prévues dimanche soir à New Delhi entre représentants des Jat et le ministre indien de l'Intérieur Rajnath Singh pour tenter de désamorcer la situation.
 "Nous sommes au travail pour mettre fin aux violences immédiatement", a déclaré à l'AFP Yashpal Malil, représentant des Jat.
 Malgré l'imminence des pourparlers, les rues étaient toujours bloquées, selon les images de la télévision.
Des centaines de personnes armées de bâtons arrêtaient les voitures sur une route principale, qui était également bloquée par des troncs d'arbres, rapporte un photographe de l'AFP.  Ce journaliste a également vu une dizaine de bâtiments incendiés, dont une école, à Sampla, localité distante de cinq kilomètres de Rohtak.
 Maruti Susuki, l'un des plus importants constructeurs automobiles de l'Inde, a suspendu ses opérations dans ses deux usines locales, selon un porte-parole.
 Des centaines de trains ont été supprimés ou déroutés depuis vendredi. "Dix gares, grandes et petites, ont été incendiées. Les foules ont mis le feu à des locomotives et à des wagons", a déclaré à l'AFP Neeraj Sharma.
 Les Jat sont une communauté traditionnellement rurale qui représente 29% de la population de l'Etat de Haryana. En mars 2014, le gouvernement avait décidé d'allouer des quotas à cette caste dans l'ensemble du pays mais cette décision avait été annulée par la Cour suprême au motif qu'elle violait la règlementation sur cette question.
 


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