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Dina Bensaïd : On peut aujourd’hui oser des œuvres qu’on ne se serait pas permis de programmer lors des éditions précédentesVendredi 2 Mai 2014
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Née en août 1989 à Rabat, Dina Bensaïd découvre le piano à l’âge de 4 ans. Elle intègre l’Ecole normale de musique Alfred Cortot à Paris, le Conservatoire à rayonnement régional de Paris (CRR) et enfin le prestigieux Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) dans la classe de Georges Pludermacher et Claire Désert. Elle étudie également la direction d’orchestre au conservatoire d’Evry, et se produit régulièrement dans des festivals comme celui de Puteaux ou les Réunions euro-méditerranéennes. Maintes fois invitée du Printemps musical des alizés d’Essaouira, elle occupe dorénavant le poste de directrice artistique de ce Festival, tout en continuant à se produire lors des concerts. Un programme complet et rigoureux pour cette jeune artiste de 25 ans. Entretien. Libé : Pourquoi avoir choisi le thème « le maître et l’élève » pour cette quatorzième édition ? Dina Bensaïd : Il y a plusieurs raisons. C’est une continuation du thème « Concerts en famille » de l’an dernier. En effet, c’est presque un lien familial qui se crée entre le maître et l’élève. On peut vraiment travailler pendant 10 ans avec le même professeur… Il y a une relation de complicité très particulière qui se créée. C’est aussi une réflexion sur l’apport du maître à son élève. Comment la relation entre les deux personnes change-t-elle dans les grands niveaux, ou comment s’instaure-t-elle différemment ? Je me suis posée pas mal de questions sur cette relation. J’ai déjà des retours du public qui me dit qu’il y a des mimiques et des réflexions en commun entre professeur et l’élève, et c’est intéressant de voir comment l’un déteint sur l’autre. Comment s’effectue le choix de la programmation ? Il y a le choix des artistes ainsi que celui des œuvres. Pour ce qui est des artistes, nous recherchons des individus qui partagent nos valeurs, c’est-à-dire qui voudraient jouer dans des lieux qui sortent du cadre ordinaire, qui sont intéressés par la musique classique marocaine… Et bien évidemment, des artistes de qualité ! Pour les œuvres, nous essayons d’en trouver qui sont à la foi abordables pour le grand public mais qui permettent aussi de faire découvrir la musique classique. On ne choisit pas que des « grands tubes »… Il y a aussi un travail au niveau de la programmation pour qu’elle soit évolutive et qu’à chaque édition, nous puissions aller un peu plus loin dans l’écoute, aller progressivement vers des œuvres un peu plus difficiles. On peut aujourd’hui oser des œuvres qu’on ne se serait pas permis de programmer lors des éditions précédentes. Un coup de cœur 2014 ? Souvent il y a des personnes que je veux vraiment inviter. Tel était le cas de Claire Désert et Yovan Markovitch. Après, il y a des artistes que je redécouvre à Essaouira comme Yanis et Marouan Benabdallah. Bien sûr, je les connaissais avant mais l’émotion du concert de samedi m’a marquée ! Comment pouvons-nous faire aimer la musique classique aux enfants marocains ? L’Orchestre philharmonique du Maroc organise des concerts scolaires, des après-midi dédiés aux enfants pour expliquer les œuvres avant un concert. Ainsi, le travail de préparation de l’œuvre se fait en amont, à l’école. Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire, mais ce n’est pas si dur de faire aimer la musique classique aux enfants ! J’ai beaucoup d’idées en tête ; je pense qu’il faut surtout sensibiliser sur les parents, car il faut qu’ils accompagnent leurs enfants dans le travail et la formation. Le suivi parental est nécessaire, car l’instrument doit être travaillé tous les jours. Qu’en est-il de la musique classique enseignée à l’école ? La musique classique est enseignée dès la 6ème en faisant de la flûte à bec… Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure manière d’apprendre, car les enfants arrivent au collège et c’est déjà trop tard. Il n’y a pas vraiment de temps consacré pour montrer tout ce que la musique classique peut apporter à un enfant. En jouant d’un instrument, on acquiert une vraie rigueur, on apprend à écouter les autres et à s’écouter soi-même et partant on est plus attentif en classe, ce qui fait naître des vocations. La musique classique, c’est un très beau genre artistique. Je crois que les écoles ne sont pas encore complètement sensibles à cela et ne se rendent pas compte de tout ce que peut apporter la musique. S’il y avait des orchestres dans les écoles, il y aurait sûrement beaucoup moins de bagarres dans les récrés, car la musique adoucit les mœurs, dirait l’adage… Mais je pense que cela ne tardera pas à se réaliser!
Propos recueillis par Danaé Pol
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