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Au moment où le candidat d'En Marche ! déposait une gerbe sur le pont du Carrousel, d'où Bouarram avait été jeté dans la Seine par des militants d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen réunissait comme chaque année ses fidèles au pied de la statue de Jeanne d'Arc, dressée non loin de là.
A l'époque des faits, Jean-Marie Le Pen avait minimisé l'agression qui a entraîné la noyade de Brahim Bouarram, y voyant même une manipulation et une provocation contre le FN.
«Dans une agglomération de dix millions d'habitants, ce genre de fait divers peut toujours se produire, ou même être créé à volonté», avait-il notamment déclaré.
Emmanuel Macron, qui s'efforce de saper l'entreprise de dédiabolisation du FN de Marine Le Pen en multipliant les gestes symboliques renvoyant le parti d'extrême droite à ses racines, est revenu à la charge. «Beaucoup de gens s'y sont habitués mais pas moi», a déclaré l'ancien ministre de l'Economie à la presse en présence du fils de Brahim Bouarram, Saïd, de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, et de représentants de l’ambassade du Maroc.
«Les racines sont bien là. Elles sont vivaces. Les mêmes causes produisent les mêmes effets», a-t-il ajouté. «Moi je n'oublierai rien et je me battrai jusqu'à la dernière seconde, non seulement contre le projet qu'elle porte mais contre l'idée qu'elle a de la démocratie et de la République».
S'il n'y a pas de front républicain comme celui qui a permis en 2002 à Jacques Chirac d'être massivement réélu face à Jean-Marie Le Pen, Emmanuel Macron a engrangé depuis le premier tour de nombreux appels à voter pour lui venant de ses adversaires d'hier, de droite, du centre ou de la gauche.
«Je défendrai le jour d'après la possibilité qu'ils puissent exprimer leurs désaccords», a-t-il promis. Emmanuel Macron et Marine Le Pen devaient de nouveau s'affronter à distance quelques heures plus tard.
La candidate du FN tenait l'un des plus gros meetings de sa campagne à Villepinte, près de Paris, à la mi-journée, et l'ex-ministre de l'Economie, grand favori des sondages, un peu plus tard dans la capitale, porte de la Villette.
Peu après Emmanuel Macron, le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, quatrième au premier tour de la présidentielle, qui a refusé de donner des consignes de vote, a lui aussi déposé une gerbe au pont du Carrousel.
Le principal accusé dans le meurtre de Brahim Bouarram, rappelle-t-on, a été condamné à 8 ans de prison ferme en 1998.