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Après avoir travaillé pendant quatre ans comme domestique en Arabie saoudite, Larita Delacruz vit depuis trois mois sous un large pont à huit voies dans le centre de Jeddah avec l’espoir de se faire arrêter par la police de l’immigration qui lui fournirait alors des papiers et un billet d’avion.
Autour d’elle, un millier d’autres Asiatiques s’entassent sous le pont.
Depuis des mois, ils cherchent en vain à se faire expulser.
Non loin d’eux, vivent des centaines d’Africains dans l’attente d’un hypothétique rapatriement.
Certains ont fui leurs employeurs en raison d’abus qu’ils ont subis ou de salaires impayés. Nombreux sont ceux qui sont restés illégalement en Arabie saoudite après avoir effectué le pèlerinage à La Mecque.
Dans chaque cas et en vertu de la loi appliquée aux millions d’étrangers travaillant dans le royaume, leurs papiers ont été confisqués à leur arrivée. Or sans papiers et permis de sortie, ils ne peuvent pas quitter le pays.
“Si vous travaillez ici, votre passeport est automatiquement pris par l’employeur”, dit Andrew Occiones, un coordinateur de l’organisation Migrante à Jeddah, qui vient en aide aux ressortissants philippins.
Il ajoute que le nombre d’étrangers vivant sous le pont semble augmenter car il est de plus en plus difficile pour les illégaux de trouver un emploi.
Trina Chandrakarya, une Srilankaise arrivée il y a deux ans, n’a pas été payée pendant cinq mois. Elle a alors quitté son employeur pour un autre à la faveur d’un marché noir très prospère. Désormais, elle est installée sous le pont. Avec deux enfants restés au pays, elle veut rentrer.
La situation de tous ces “sans-papiers” est un casse-tête pour les autorités saoudiennes et les chancelleries étrangères.
Officiellement, le royaume compte 6 millions d’étrangers sur une population de 25 millions d’habitants.
Mais il y aurait aussi jusqu’à 4 millions d’étrangers en situation irrégulière, selon des estimations non officielles.
Pour la plupart d’entre eux, il est beaucoup plus difficile de partir que d’arriver. Le problème est plus aigu à Jeddah, ville proche des Lieux saints de La Mecque et Médine.
A Ryad, il n’y a pas de place pour accueillir des étrangers illégaux et, en vertu de la loi islamique, une femme étrangère enceinte comme Larita Delacruz pourrait être emprisonnée pour relations sexuelles illicites, puis expulsée après son accouchement, selon des diplomates.
Dans la petite cour de l’ambassade du Népal à Ryad, une quinzaine de femmes espèrent être acceptées dans un foyer d’une agence caritative saoudienne où la police pourrait s’occuper de leurs dossiers.
La plupart ont fui leurs employeurs saoudiens qui ne les payaient pas ou les battaient, selon l’ambassadeur Hamid Ansari.
A Jeddah, Nair Rameshen, un Indien, vit depuis deux mois sous le pont, dans l’espoir de se faire arrêter, après avoir travaillé pendant quatre ans comme chauffeur.
Selon lui, son ambassade a signalé son cas à la police. Mais “ils m’ont demandé de rester sous le pont”, regrette-t-il, précisant que la chancellerie ne pourra pas l’aider à moins qu’il ne soit emprisonné.