-
Amal Jallal : L'Université Al Qaraouiyine continue depuis sa création jusqu'à aujourd'hui de remplir son rôle scientifique et éducatif
-
Débat à Fès sur "les Industries culturelles et dynamiques sociales"
-
Nouvelle programmation référentielle sur «Tamazight»
-
Younes El Khamlichi s'adjuge le Prix international du Qatar pour le dialogue des civilisations
Ventilé en six parties, ce livre de 165 pages (format moyen) expose une analyse de fond des pratiques traditionnelles dites "populaires" dans le traitement des symptômes présents chez les personnes souffrant de pathologies psychiques.
Le psychanalyste propose des outils pour une approche de l'être humain dans sa globalité à partir d'un contexte et de situations particulières, proposant des pistes de réflexion qui permettent d'articuler le discours des croyances à celui du discours de la science et au langage.
Dans l'introduction de l'ouvrage, l'auteur considère que "les traditions populaires sont irrationnelles mais selon les contextes, les pratiques et croyances irrationnelles peuvent servir à alimenter une démarche rationnelle".
Par la transmission de la psychanalyse dans un contexte culturel et linguistique différent de l'Europe, le psychanalyste écrit qu'il a pu "entendre des subjectivités humaines, analyser les conduites inconscientes, les souffrances et les désordres physiques dans leur historicité", affirmant que "l’intérêt de ce travail est de proposer une nouvelle approche qui tienne compte de l'apport des traditions au Maghreb et des avancées théoriques élaborées en Occident".
M. Bennani a, au fil de son ouvrage, cité des écrivains, des philosophes, des psychiatres et des psychanalystes issus de la civilisation arabe et occidentale et qui ont marqué le domaine par la nature de leur travail à l'instar de l'écrivain Abdelfattah Kilito qui a évoqué des attributs du djinn dans la littérature arabe, du neurologue Freud qui a souligné que la sorcellerie apparaît comme l'art d'influencer les esprits, en les traitant comme on traite les hommes dans des conditions identiques, ou du psychanalyste français d'origine égyptienne, Moustafa Safouan, qui a postulé que toute technique magique est une technique de mots.
L'écrivain soutient en outre que les interprétations traditionnelles rapportent le déclenchement de la maladie (psychique) à des forces extérieures agissant sur les individus et activées en certaines circonstances, comme le fait d'attribuer aux djinns la responsabilité d'une maladie qui permet de répondre à la question posée par le malade "Pourquoi moi?".
Jalil Bennani met ainsi en avant une nouvelle approche de la souffrance psychique, joignant les connaissances extra-occidentales à celles de la psychiatrie et de la psychanalyse.
S’intéressant aux ruptures épistémologiques dans la théorie, il ouvre des pistes de réflexion permettant d'articuler le discours de la croyance et celui de la science, réinterrogeant la transmission et repensant les héritages, les croisements culturels et linguistiques constitutifs d'un universel pluriel. Jalil Bennani est psychiatre et psychanalyste à Rabat, auteur de plusieurs ouvrages, dont Le corps suspect (1980), Psychanalyse en terre d'Islam (2008) et Un psy dans la cité (2013).
Chercheur associé au "Centre de recherches psychanalyse, médecine et société" de l'Université de Paris et titulaire de l'Habilitation à diriger les recherches à l'Université de Nice Sophia Antipolis, Jalil Bennani a reçu en 2002 le Prix Sigmund Freud de la ville de Vienne pour l'ensemble de son œuvre.