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Depuis jeudi dernier, des forces progouvernementales yéménites, appuyées militairement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, mènent des opérations au sol, visiblement pour encercler la ville aux mains des rebelles. Des avions et des hélicoptères de la coalition sous commandement saoudien pilonnent de leur côté des positions des rebelles Houthis dans la cité.
Au cours des dernières 24 heures, 27 Houthis et 12 combattants loyalistes ont été tués à la périphérie de la ville, a indiqué une source médicale à l'AFP, ce qui porte à près de 200 le nombre de morts de part et d'autre au cours de la semaine écoulée.
Les combats au sol et les raids se sont poursuivis mercredi, selon des sources militaires.
Selon une source militaire progouvernementale, la coalition antirebelles a réalisé des "avancées limitées" vers Hodeida et son port, point d'entrée de 70% des importations et de l'aide humanitaire au Yémen, ravagé par la guerre depuis 2015 et théâtre de la pire crise humanitaire au monde selon l'ONU.
Plusieurs organisations humanitaires se sont inquiétées de l'intensification des combats et des raids aériens, qui menace selon elles l'accès des civils à l'assistance internationale, alors que des millions de personnes sont menacées par la famine dans le pays.
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'inquiète aussi pour la vie d'enfants dans des hôpitaux de Hodeida. "Les combats intenses se sont rapprochés dangereusement de l'hôpital Al-Thawra, ce qui met en danger de mort 59 enfants, dont 25 sont en soins intensifs", a averti mardi l'Unicef.
L'organisation Médecins sans frontières (MSF) s'est pour sa part inquiétée du sort "des malades et du personnel de l'hôpital Al-Salakhana", ainsi que "des milliers d'habitants restés dans la ville".
Des combats se sont poursuivis ces dernières 24 heures en périphérie sud de la ville, près de l'Hôpital du 22-Mai. Une source médicale au sein de cet hôpital a affirmé que des combattants Houthis avaient expulsé tôt mercredi matin des équipes médicales et qu'ils s'étaient positionnés dans l'établissement, y compris avec des snipers.
Pour les experts, se pose la question de l'impact de la bataille de Hodeida sur le processus de paix que cherchent à relancer Washington et l'ONU.
L'Arabie saoudite s'est retrouvée considérablement affaiblie par l'affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul.
Ce meurtre a provoqué une vague d'indignation et terni l'image du prince héritier Mohammed ben Salmane, également ministre de la Défense qui contrôle l'appareil de sécurité saoudien. Les conséquences humanitaires de la guerre au Yémen n'ont pas échappé à la salve de critiques le visant.
Le 30 octobre, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le ministre de la Défense Jim Mattis sont montés au créneau pour demander l'arrêt des hostilités au Yémen et l'ouverture de négociations de paix sous 30 jours.
Le lendemain, le médiateur de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths, a affirmé son engagement à "faire venir les parties yéménites à la table de négociations d'ici un mois".
Selon des analystes, cette forte pression diplomatique, en particulier de Washington, pourrait avoir incité les Saoudiens à chercher à obtenir le maximum de gains militaires avant d'éventuels discussions.
Si les pourparlers ont lieu, un tel processus serait semé d'embûches tant la méfiance et l'animosité sont grandes entre les parties en conflit.