Dans le cadre d'une mission extrêmement complexe, organisée par l'ONU et le Croissant rouge syrien, des bus transportant des blessés, des malades ainsi que leur famille, ont quitté les villes assiégées mercredi en fin de journée.
Ils ont ensuite gagné jeudi à l'aube une zone de transit à proximité de la ville rebelle de Qalaat al-Madiq, un château médiéval situé dans la province centrale de Hama, selon l'OSDH.
Cette ville avait déjà servi de point de transit lors de précédentes évacuations. En décembre, les derniers rebelles évacués de Homs (centre) étaient passés par ce lieu avant de rejoindre la province d'Idleb, située dans le nord-ouest du pays et tenue par les insurgés.
Un total de 250 habitants des villes rebelles de Madaya et de Zabadani, localités à l'ouest de Damas encerclées par les forces gouvernementales, doivent ensuite rallier la province d'Idleb, a indiqué l'OSDH.
Dans le même temps, 250 habitants de Foua et Kafraya, localités chiites dans la province d'Idleb et encerclées par des rebelles islamistes, doivent se rendre plus à l'ouest dans la province de Lattaquié, un bastion du régime syrien.
Selon l'OSDH, certains d'entre eux ont commencé à arriver à Lattaquié.
Les évacuations ainsi que l'aide humanitaire pour ces quatre localités doivent s'organiser de manière simultanée et concerner un nombre identique de personnes.
Plus de quatre millions de personnes en Syrie vivent dans des régions assiégées ou difficiles d'accès pour l'aide humanitaire.
L'ONU presse depuis longtemps Damas de garantir un accès illimité à ces régions et réclame de toutes les parties du conflit la levée des sièges.
La terrible situation humanitaire a eu un impact majeur sur les pourparlers de Genève entre le régime et les principaux groupes de l'opposition. Cette dernière a annoncé qu'elle ne pouvait pas continuer de discuter en Suisse alors que des Syriens mourraient chaque jour, notamment dans des bombardements.
Du côté de la diplomatie, les discussions intersyriennes indirectes à Genève sous l'égide de l'ONU, qui doivent en principe trouver un règlement à une guerre qui a fait plus de 270.000 morts, battent de l'aile avec le départ de la majorité des négociateurs des principaux groupes de l'opposition réunis au sein du Haut comité des négociations (HCN).
Ils ont jugé "inacceptable" de continuer de discuter avec Damas qu'ils accusent de massacrer des civils. Le HCN a toutefois laissé sur place une équipe "technique" qui poursuivra les pourparlers depuis son hôtel.
Pour le chef de la délégation du régime syrien, Bachar al-Jaafari, ce départ est une bonne chose. "En partant, ils ont peut-être levé le principal obstacle" aux pourparlers, a-t-il affirmé, accusant le HCN d'être des "extrémistes, terroristes et mercenaires" à la solde de l'Arabie saoudite. Ce qui a fait bondir Washington.
"Nous ne pensons pas que la réponse réside dans le départ de l'opposition de ces discussions. Tout au contraire (...) Nous voulons que toutes les parties participent activement à ces pourparlers", a réagi le porte-parole du département d'Etat John Kirby.
L'opposition syrienne insiste pour la constitution d'un "organe gouvernemental de transition" doté de pouvoirs exécutifs et dont serait exclu M. Assad, une ligne rouge pour le régime.
Mais pour M. Jaafari, la solution politique doit reposer sur un "gouvernement d'union nationale élargi".
Concernant la composition d'un tel gouvernement, il a indiqué qu'il devrait être ouvert à "des membres qui rejettent le terrorisme" et des représentants de l'"opposition nationale qui ne travaillent pas pour le compte de puissances étrangères".
Le futur exécutif devrait inclure des "représentants de notre gouvernement actuel", des "technocrates et des figures indépendantes", a ajouté M. Jaafari.