Des bases militaires construites sur d'anciens villages rohingyas

L'ONU à la recherche d'un milliard de dollars pour les réfugiés installés au Bangladesh


Mardi 13 Mars 2018

La Birmanie est en train de construire des bases militaires à l'emplacement de villages de musulmans rohingyas incendiés dans les violences de 2017, accuse Amnesty International dans un rapport publié lundi.
"Les nouvelles preuves réunies par Amnesty dans son dernier rapport montrent que les autorités birmanes construisent à l'endroit même où les Rohingyas doivent revenir", dénonce Tirana Hassan, responsable d'Amnesty interrogée par l'AFP.
"Dans certains cas, ont même été détruites des maisons" épargnées par les incendies massifs de villages rohingyas en 2017, selon l'ONG.
Le gouvernement civil birman a rejeté ces accusations. Son porte-parole, Zaw Htay, interrogé par l'AFP, concède tout au plus que les installations en cours de construction comportent des postes de police.
"Ce n'est pas vrai que nous sommes en train de déployer des militaires au milieu des villages", a-t-il assuré, tout en confirmant un rasage des ruines au bulldozer dans le cadre d'une campagne de "reconstruction systématique".
Dénonçant le développement rapide des infrastructures militaires depuis le début 2018, le rapport d'Amnesty, baptisé "Reconstruire l'Etat Rakhine", se fonde sur des images satellite et des interviews.
Il donne l'exemple du village de Kan Kya, dans la région de Maungdaw, réduit en cendres lors des violences de 2017. Les images satellite montrent l'émergence de bâtiments (militaires selon Amnesty) et même d'un héliport.
Une activité de construction similaire est observée aussi dans le village de Inn Din, devenu tristement célèbre depuis que l'armée birmane y a admis l'exécution de dix Rohingyas en septembre 2017.
Amnesty s'inquiète également que les terres abandonnées par les Rohingyas soient réattribuées à des bouddhistes de l'ethnie locale des Rakhines. Et dénonce un "accaparement des terres" mettant sérieusement en doute la volonté des autorités birmanes de mener à bien un programme de retour des réfugiés.
La Birmanie est en proie à un fort nationalisme, attisé par des moines extrémistes dénonçant la minorité musulmane rohingya comme une menace à l'identité bouddhiste de la Birmanie.
L'armée, qui reste très puissante malgré l'arrivée d'un gouvernement civil dirigé par le Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi en 2016, joue le jeu de ce nationalisme et ne cache pas son hostilité envers les Rohingyas.
Il est extrêmement difficile aux journalistes et aux organisations internationales dont l'ONU de vérifier de source indépendante ce qui se passe en Etat Rakhine, notamment le nord de la zone, autour de Maungdaw, épicentre des violences, en raison des restrictions de mouvement imposées dans la zone.
Par ailleurs, près d'un milliard de dollars seront nécessaires cette année pour subvenir aux besoins d'environ un million de réfugiés rohingyas entassés dans des camps surpeuplés du sud-est du Bangladesh, selon un responsable local des Nations unies.
Cet effort de 950 millions de dollars pour cette année est "tout à fait légitime", étant donné l'ampleur de la crise, a souligné à l'AFP la représentante de l'ONU au Bangladesh, Mia Seppo. "Les besoins sont énormes. Ces gens sont arrivés avec rien. Nous espérons que l'aide va se poursuivre", a-t-elle ajouté.
Cette demande de fonds pourrait être présentée cette semaine lors d'une conférence à Genève.
Des vivres, des abris et des besoins en matière de santé constituent les premiers impératifs pour les réfugiés rohingyas qui ont quitté en masse ces derniers six mois l'Etat de Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, fuyant la répression de l'armée à l'encontre de cette minorité musulmane.
Mais d'autres urgences s'imposent, des ONG s'inquiétant de la nécessité de déplacer à l'approche de la saison des moussons quelque 100.000 réfugiés, menacés par des glissements de terrain et des inondations, a encore indiqué Mme Seppo.
Un quart des 950 millions de dollars proposés pourrait être destiné aux Bengladais de la ville de Cox's Bazar, dont la vie a été bouleversée par l'afflux des réfugiés.
Près de 700.000 réfugiés rohingyas ont franchi la frontière depuis août, rejoignant plus de 300.000 autres, issus de vagues d'immigration précédentes.


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