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Des araignées salvatrices pour l’apiculture

Mardi 27 Mars 2018

Des chercheurs britanniques proposent un pesticide à base de venin de mygale dépourvu de nocivité pour les pollinisateurs.

Ceci pourrait être un cross over dans lequel Spiderman irait à la rescousse de Maya l’abeille, mais l’information est beaucoup plus sérieuse qu’une bande dessinée ou un dessin animé. Elle concerne le monde de l’apiculture dont le Maroc bien évidemment où cette activité est largement répandue dans l’ensemble du territoire national avec des potentialités apicoles d’une grande importance, dans lesquelles se côtoient méthodes modernes et artisanales avec une estimation de la production annuelle de miel entre 2500 et 3500 tonnes.
En partant du principe selon lequel l’utilisation massive de produits phytosanitaires pour l’agriculture intensive, type insecticide, pesticide, herbicide, fongicides, serait le motif principal de la destruction des colonies d’abeilles sur la planète, et à l’opposé de Monsanto, le géant spécialisé dans le développement de semences génétiquement modifiées et la production de produits phytosanitaires, qui tente à tout prix de modifier génétiquement les abeilles pour qu’elles résistent à ses pesticides, un groupe de scientifiques de l’université de Newcastle au Royaume-Uni, ont exposé un bio-pesticide qui n'altère pas les performances et la survie des abeilles, comme révélé sur le site web http://www.bioalaune.com, reprenant une publication parue dans la revue scientifique « Proceedings of the Royal Society B ».
Pour cette alternative aux produits phytosanitaires, il s’agirait selon le Professeur Angharad Gatehouse et son équipe, du pesticide Hvla/GNA. Un produit dont la formule est basée sur du venin d’Hexathelidae, famille qui regroupe 113 espèces de mygales, plus venimeuses les unes que les autres et dont la singularité réside dans leurs toiles tissées en forme de tunnel.
Plus en détail, les recherches ont vu les abeilles être nourries et exposées à des injections de Hvla/GNA, dans des proportions qui seraient beaucoup plus importantes que celles auxquelles elles auraient pu l’être dans la nature, dans le cas où l’insecticide serait commercialisé. Résultat de l’expérience, les effets secondaires du produit seraient moindres, voire nuls. Ainsi, de très légères répercussions sur le taux de survie des pollinisateurs et de conséquences indétectables sur leur capacité d’apprentissage et de mémorisation auraient été enregistrées par l’étude. Une franche réussite d’autant plus que ces deux fonctions cognitives se trouvent être indispensables à leur survie. En effet, celles-ci permettent aux insectes de repérer la nourriture et de retrouver le chemin de la ruche. Egalement, “les larves sont aussi indemnes après avoir été exposées au Hvla/GNA” comme indiqué par Géraldine Wright, la scientifique qui a coécrit l’an dernier une étude démontrant le rôle des pesticides néonicotinoïdes dans la disparition des colonies d’abeilles. Ces tests au demeurant très concluants seront à l’avenir étendus à de multiples autres insectes pollinisateurs, à l’instar des bourdons ou des guêpes parasitoïdes.
L’ensemble de ces recherches portent sur  une inquiétante réalité qui touche aussi bien le Maroc que le reste de la planète. L’agence pour la protection de l’environnement « The United States Fish and Wildlife Service (USFWS) » a fini par classer les abeilles au rang d’espèce en voie de disparition. En une quinzaine d’années, la mortalité des colonies d’abeilles a atteint 30%, quand on considère que la perte “normale” avoisine les 10%. Et cette menace est plus dangereuse qu’on le pense.  Pour la simple raison que ces insectes représentent un pilier de l’environnement. Comment ? Les abeilles sont des pollinisateurs qui butinent les fleurs pour se nourrir et transportent du pollen d'une fleur à l’autre. De fait, elles permettent la pérennisation de la reproduction de près de 80% des espèces végétales. Naturellement, l’effet boule de neige qui résulterait de leur disparition serait désastreux, notamment s’agissant de l’alimentation des animaux au même titre que celle des humains. Une situation qui pourrait donc mettre en porte-à-faux la survie humaine et animale, et donner un sens et une part de vérité à la fameuse maxime d’Einstein : « Si l'abeille venait à disparaître, l'homme n'aurait plus que quelques années à vivre. ».

Chady Chaabi

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