Démonstration de force de l'ex-président yéménite

Ali Abdallah Saleh accuse les Houthis de vouloir concentrer le pouvoir entre leurs mains


Vendredi 25 Août 2017

Des centaines de milliers de partisans de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh ont marqué jeudi l'anniversaire de leur parti en faisant une démonstration de force sur fond de vives tensions avec leurs alliés, les rebelles houthis qui contrôlent la capitale.
Dans la guerre qui ravage le Yémen, les forces restées fidèles à M. Saleh se sont alliées aux insurgés houthis, soutenus par l'Iran, qui se sont emparés de la capitale Sanaa en septembre 2014 avec l'aide d'unités militaires restées fidèles à l'ancien chef d'Etat.
Les manifestants, venus de différentes régions du pays, ont commencé à camper dès mercredi soir sur la place Sabyine. Jeudi, au plus fort du rassemblement, cette place d'environ 4 km2 était noire de monde et la foule a débordé sur les rues avoisinantes.
Pour célébrer le 35e anniversaire de la création du Congrès populaire général (CPG), le parti de M. Saleh, les manifestants ont arboré des drapeaux du Yémen, des portraits de l'ex-président et des banderoles de soutien à celui qui a dirigé le pays pendant plus de trois décennies.
L'ampleur de la manifestation illustre la capacité de mobilisation du CPG, une formation nationaliste arabe ayant survécu comme son chef au Printemps arabe qui a balayé d'autres présidents comme leurs partis.
M. Saleh, 75 ans, a fait une brève apparition, entouré de gardes du corps cagoulés et fortement armés. Il s'est exprimé devant une grande vitre pare-balles, sans jamais s'en prendre directement à ses alliés, et a cherché à montrer qu'il restait un acteur incontournable au Yémen.
"Nous sommes une formation politique pionnière et à l'ancrage solide. Nous faisons face à une agression et à des complots depuis 2011", a-t-il dit, en référence à l'année où il a été contraint de céder le pouvoir sous la pression de la rue.
M. Saleh, un redoutable tacticien, a recommandé à ses partisans "la patience et la résistance pour faire échouer tous les complots".
Il s'est dit prêt à "renforcer les fronts de guerre avec des dizaines de milliers de combattants, à condition que le gouvernement (rebelle) les arme et les paye".
Des responsables du CPG critiquent ouvertement la gestion des Houthis qui n'arrivent pas à payer à temps les salaires des fonctionnaires et les soldes des militaires combattant les forces du gouvernement regroupées dans le sud et qui sont soutenues par une coalition menée par l'Arabie Saoudite.
Le numéro 2 du CPG, Aref al-Zouka, a exprimé plus directement le malaise qui traverse l'alliance avec les Houthis lors du rassemblement de jeudi.
Il a critiqué la gestion financière de l'administration des Houthis qui ne génère pas assez de revenus pour payer les salaires, la corruption, ainsi que les tentatives de contrôler les médias d'Etat et de teinter les programmes scolaires avec l'idéologie religieuse militante des rebelles chiites.
"Nous refusons d'être des partenaires d'opérette", a-t-il ajouté.
Le malaise est plus profond, estiment des analystes en précisant que les Houthis soupçonnent M. Saleh de négocier, derrière leur dos, avec la coalition arabe sous commandement saoudien qui aide militairement le gouvernement internationalement reconnu.
L'ancien président accuse quant à lui les Houthis de vouloir concentrer le pouvoir entre leurs mains.
En prévision du rassemblement, les Houthis avaient établi des points de contrôle aux entrées de Sanaa, sans empêcher les partisans de M. Saleh de se rendre sur la place Sabyine. Jeudi, ils ont coopéré avec les militaires fidèles à M. Saleh pour canaliser la foule.
Aucun incident majeur n'a été signalé. Des témoins ont rapporté quelques arrestations.
Depuis septembre 2014, M. Saleh -soutenu pendant trois décennies par l'Arabie Saoudite alors qu'il était président- est officiellement allié aux Houthis qu'il a pourtant longtemps combattus en tant que chef d'Etat.
Ensemble, ils ont réussi à repousser les forces progouvernementales vers le Sud, qui ont été sauvées in extremis grâce à l'intervention de la coalition dirigée par Riyad en mars 2015.
Depuis cette date, le conflit a fait quelque 8.400 morts et 48.000 blessés, dont de nombreux civils, et provoqué une très grave crise humanitaire, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une épidémie de choléra a en outre fait quelque 2.000 morts et plusieurs régions de ce pays pauvre sont au bord de la famine.


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