C’est une bonne nouvelle pour le régime du président al-Sissi confronté à une situation économique et sécuritaire difficile, et porteuse de "stabilité énergétique" pour la Méditerranée selon Rome.
Ce gisement pourrait représenter un potentiel de 850 milliards de mètres cubes, sur "un secteur de 100 kilomètres carrés", assure la compagnie dans un communiqué, parlant de "champ de gaz super-géant".
Le ministère égyptien du Pétrole a confirmé la découverte, faite à 1.450 mètres de profondeur, précisant que "les opérations de développement" devraient durer quatre ans.
"Il s'agit de la plus grande découverte de gaz jamais faite en Egypte et en mer Méditerranée", se félicite le groupe phare italien, assurant que cette découverte pourrait également "devenir l'une des plus grandes réserves de gaz naturel au monde".
Le communiqué d'ENI précise que cette découverte, "après son développement total", va aider à couvrir "les besoins en gaz naturel de l'Egypte durant des décennies".
Cette découverte a été effectuée sur le site d'exploration "Zohr" dans la zone de Shorouk, exploitée par l'ENI qui en détient la licence d'exploitation à 100%, à la suite d'un appel d'offres que la compagnie avait remporté en janvier 2014. L'ENI va délimiter au plus vite le gisement pour assurer son développement rapide en utilisant au mieux les infrastructures déjà existantes, en mer et à terre.
Le directeur général d'ENI, Claudio Descalzi, a estimé que "cette découverte historique sera en mesure de transformer le scénario énergétique d'un pays entier qui nous accueille depuis 60 ans" (depuis 1954).
ENI est le principal producteur d'hydro-carburants du pays avec une production de 200.000 barils d'équivalent pétrole par jour.
Cette annonce de l'ENI, relayée immédiatement par le ministère égyptien du Pétrole, est une bonne nouvelle pour le régime al-Sissi, accusé de dérive autoritaire mais qui se présente comme l'"ultime rempart" contre le "terrorisme islamiste" et multiplie les appels du pied aux investisseurs internationaux.
Car l'exploitation de ce gaz, en offshore, peut permettre de garantir une certaine sécurité au moment où l'Egypte est le théâtre d'une vague d'attentats perpétrés par la branche locale de l'Etat islamique (EI).
L'EI pourrait préférer à l'avenir tenter de toucher l'Egypte d'al-Sissi au portefeuille, selon les experts, en effrayant touristes et investisseurs internationaux.
Selon l'analyste Robin Mills de Manaar Energy Consulting, basé à Dubaï et cité par l'agence Bloomberg, une telle découverte "peut être suffisante pour combler une partie du fossé énergétique" de l'Egypte. "Ils vont probablement combler d'abord leurs besoins domestiques, avant de discuter de plans pour l'exportation", et les perspectives israéliennes d'exportation de gaz vers l'Egypte vont s'en trouver diminuées.
"Tenant compte de la période minimale de quatre ans nécessaire au développement du projet, il faudra attendre environ 2020 avant que la production démarre sur le site de Shorouk", a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs années, la Méditerranée orientale est devenue une zone d'exploration gazière très active, notamment après la découverte de gros gisements gaziers au large d'Israël et de Chypre.