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"L'éléphant était si gros que je n'ai pas osé m'approcher, il l'a emporté sous mes yeux", se souvient Parul dans son village d'Andharupara, dans le nord du Bangladesh, quatre ans après le drame.
"Ils saccagent les rizières, les arbres fruitiers, mangent les récoltes, détruisent les maisons et font des ravages", énumère cette mère de cinq enfants, dont le mari avait participé aux patrouilles du village pour protéger les récoltes.
Sa mort est sans doute le résultat cruel de la situation du village, placé sur un axe majeur de migration des éléphants, à la frontière avec l'Etat indien du Meghalaya.
Le Bangladesh abrite seulement 227 éléphants sauvages d'Asie, mais une centaine d'entre eux migrent à travers le pays chaque année, surtout vers le nord et le nord-est, selon le syndicat international pour la conservation de la nature (IUCN).
Dans ce pays parmi les plus peuplés de la planète, des centaines de villages sont aujourd'hui installés le long de la frontière indienne densément boisée et les habitants affirment qu'ils doivent souvent chasser des troupeaux d'éléphants qui saccagent leurs ressources.
Lors de la saison des récoltes, les villageois forment des patrouilles de nuit et munis de lampes à pétrole, de pétards et de tambours, essaient de les faire fuir. Mais ces efforts s'avèrent de plus en plus vains: les pachydermes, qui se cachent le jour dans la forêt, n'ont plus peur.
"Pendant qu'on essayait de chasser un troupeau, j'ai vu un éléphant arracher une lampe à un homme avec sa trompe et jeter la flamme sur une maison qui s'est alors enflammée", raconte Louise Neng Minja, responsable d'une tribu locale.
Selon le Pr Anwarul Islam, directeur de la société des animaux au Bangladesh (WTB), les échecs des villageois n'ont rien d'étonnant.
"Vous ne pouvez imaginer à quel point les éléphants sont intelligents. Ils apprennent vite les stratégies de l'homme et ils trouvent des moyens de les déjouer", estime-t-il.
"Ils ont faim alors ils résistent aux défenses des villageois et les attaquent pour manger les récoltes et les fruits", ajoute-t-il.
Selon la dernière étude disponible de l'IUCN, qui date de 2004, 39 personnes ont été tuées lors de la période observée, en 2001-2002, tandis que sept éléphants ont été abattus.
Les autorités estiment que les pertes financières directes provoquées par les animaux se montent à environ 500.000 dollars chaque année, ce chiffre ayant tendance à augmenter tous les ans.
Selon le principal auteur de l'étude de l'IUCN, Mohsinuzzaman Chowdhury, les éléphants réagissent simplement au manque d'habitat adéquat.
Cet expert animalier met notamment en cause la déforestation et la clôture de nombreux endroits de la frontière entre l'Inde et le Bangladesh qui interrompt le mouvement des éléphants et aboutit à une "crise alimentaire".