"Le discours plus policé des représentants de la droite, du centre et de la gauche, a souvent fait pâle figure", souligne le quotidien Libération mercredi. Les "petits", le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou en tête, "ont crevé l'écran", avec une parole "intempestive, dérangeante, sincère souvent", ajoute encore Libération.
L'ancien banquier d'affaires, Emmanuel Macron, a qualifié de "guerre économique", qui se traduira par "une baisse du pouvoir d'achat des Français", la volonté de Mme Le Pen de mettre en place un "protectionnisme intelligent" et un référendum sur la sortie de l'euro. Il s'est posé comme le candidat de "l'alternance véritable, profonde", prêt à "prendre des mesures fortes" et affichant sa "confiance" dans la France.
Marine Le Pen s'est, elle, présentée comme celle qui veut "rendre la parole au peuple" d'un pays "livré à l'insécurité galopante", confronté à la "mondialisation sauvage", au "totalitarisme islamiste", à "la contestation de ses valeurs fondamentales et même de son identité nationale".
Le candidat de la droite, François Fillon tombé en troisième position dans les intentions de vote (17%) après un scandale sur des emplois fictifs présumés impliquant sa famille, s'est montré plutôt effacé et sur la défensive, notamment lorsque la question de la moralisation de la vie politique a été évoquée. "François Fillon, plus on fouille, plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonshommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, l'austérité alors qu'ils piquent dans les caisses", a violemment attaqué le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou.
Quatrième des sondages, le représentant de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon s'en est lui pris à "la finance", qui "doit rendre l'argent" et "payer le retour au plein emploi", en se disant "prêt à gouverner". Le vent en poupe, M. Mélenchon, qui progresse dans les sondages, est aujourd'hui crédité de 15% des intentions de vote.
L'Europe a été le déclencheur de débats plus animés qui ont fait apparaître les lignes de fracture entre les tenants du renforcement de la construction européenne (Emmanuel Macron), ceux plaidant pour la renégociation des traités (Jean-Luc Mélenchon) et ceux demandant un "Frexit" et/ou la sortie immédiate de l'euro (Marine Le Pen).
Ce débat, exercice inédit avant un premier tour d'élection présidentielle, était une occasion pour les candidats les moins connus de faire entendre leur voix dans cette campagne marquée par les affaires, riche en coups de théâtre et scrutée à l'étranger, alors que l'extrême droite est donnée qualifiée pour le second tour, programmé le 7 mai.
A 19 jours du scrutin, il devient pour tous crucial de convaincre, notamment les abstentionnistes alors que seulement deux tiers des électeurs se disent certains d'aller voter.