Initiée par l'Académie du Royaume du Maroc, ce colloque, qui se poursuit au 1er décembre, propose une relecture de certains aspects de la culture andalouse dans toutes ses composantes religieuse, sociale, architecturale, politique, anthropologique ou encore littéraire et linguistique.
Lors de la séance d'ouverture, présidée par Driss Dahak, membre de l'Académie du Royaume du Maroc, les participants ont mis l'accent sur les valeurs de coexistence ayant caractérisé l'époque andalouse, sous divers aspects, notamment religieux, socio-culturels, linguistiques et artistiques.
S'exprimant à cette occasion, le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a relevé que cet évènement intervient dans un contexte particulier marqué par des mutations profondes du monde contemporain, impactant de nombreuses valeurs relatives à la coexistence et au dialogue entre les cultures.
La coexistence est considérée, dans le cadre de cette rencontre scientifique, comme étant une "théorie académique" visant à analyser une époque de l'histoire de la péninsule ibérique, à examiner la présence des musulmans dans cette région qui remonte au début du VIIIème siècle et à comprendre les méthodes de coexistence et du vivre-ensemble qui prévalaient entre musulmans, chrétiens et juifs dans les royaumes andalous, a-t-il souligné.
Dans ce sens, il a rappelé le message adressé par SM le Roi Mohammed VI aux participants au 9ème Forum mondial de l'Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC), qui s'est tenu les 22 et 23 novembre dernier à Fès, dans lequel le Souverain avait souligné que "dans ce moment si particulier de l'Histoire, alors que nous luttons contre le changement climatique, que nous combattons le terrorisme, que nous œuvrons en faveur du développement durable, de la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, du développement de manière générale, il nous faut revenir à l’essentiel, c’est-à-dire le vivre-ensemble".
Rares sont les sociétés médiévales ayant connu un pluralisme de pensée, de croyance et de société comme celui de l'Andalousie, a estimé M. Lahjomri, ajoutant que la société andalouse a été composée de trois religions et de différentes ethnies et races, ce qui a fait de la cohabitation la seule option pour parvenir à l'inclusion sociale.
De son côté, l'ambassadeur d'Espagne au Maroc, Ricardo Diez-Hochleitner Rodriguez, a souligné qu'il n'est pas possible de comprendre "l'histoire et l'identité du Maroc et de l'Espagne sans prendre en compte notre histoire commune", notant que "le patrimoine commun demeure le pilier des relations maroco-espagnoles".
Les relations entre Rabat et Madrid connaissent un "nouveau départ exceptionnel", s'est-il félicité, relevant que les deux pays sont appelés, plus que jamais, à jouer le rôle de "phares" dans la région méditerranéenne pour promouvoir les valeurs de coexistence et de compréhension mutuelle.
Concernant l'importance de ce colloque international, M. Rodriguez a souligné que cette rencontre constitue une opportunité idoine pour nous rapprocher de l'histoire de l'Andalousie, qui représentait un véritable espace de dialogue et de coexistence, à travers l'examen de multiples questions, notamment la littérature, la langue, l'art, la pensée et la société.
Pour sa part, la professeure émérite du département d'études arabes et islamiques de l'Université Complutense de Madrid, Maria Jesus Viguera Molins, a relevé que l'Andalousie formait un espace géographique avec une identité particulière où se rencontrent les religions, les races et les cultures.
La chercheuse espagnole a également insisté sur l'importance de partager les connaissances et d'intensifier la coopération dans le domaine des études andalouses.
A l'occasion de ce colloque international, la Chaire Al-Andalus sera lancée officiellement le 1er décembre avec la participation de grands spécialistes et de professeurs universitaires, qui examineront les projets de la Chaire dans la perspective de partenariats avec des institutions espagnoles de haut niveau.
L'Andalousie occupe une place importante dans l'histoire de l'humanité en général et dans l'histoire du Maroc en particulier. Elle fut le berceau, durant quelques siècles, d'interactions humaines, intellectuelles et religieuses et continue d'alimenter de nos jours des débats liés à des sujets de notre époque.