Une fois interrogé, ce dernier souligne son « plaisir de se retrouver au Maroc » et de participer à cette seizième édition du Salon.
Ainsi, pendant près d’une heure et demie, Dominique de Villepin a proposé sa vision de la culture en rappelant à quel point celle-ci était indispensable à toute société. « Toute culture n’a pas besoin d’explications, mais demande à être témoignage. Lorsque je contemple une femme portant une jarre d’eau quelque part sur le continent africain, je suis devant une manifestation de la culture », explique-t-il, comme pour élever la notion de culture au-delà de son aspect académique, car « la culture est la capacité d’une œuvre à expliquer le sentiment humain premier. »
En un discours où s’entremêlent des références à Artaud, Rimbaud, mais aussi Giacometti et le peintre Soulages, l’ancien Premier ministre français rappelle pourquoi l’humanité a besoin de culture. « Elle seule permet d’agrandir l’espace de nos vies, en y inventant chaque jour quelque chose de nouveau. » et, plus important encore, « seule la culture invite à remettre en cause ce que l’on croit acquis et définitif » permettant ainsi d’ébranler les systèmes ordonnés que l’on a tendance à croire immuables. Villepin rappelle alors que la poésie de Mahmoud Darwich a su s’ériger en rempart face aux armes israéliennes et à la poursuite de la colonisation. Le ton et la justesse de son propos finissant ainsi de charmer la salle.
Par la suite, l’ancien Premier ministre français s’est volontiers prêté au jeu des questions-réponses avec le public. Pourtant, le ton est vite donné avec la question de Jawad Kerdoudi, président de l’Institut marocain des relations internationales qui fait remarquer d’une part que l’hégémonie occidentale s’impose massivement aux cultures du Sud, et d’autre part, qu’un pays tel que la France tend à renier une part de sa propre culture avec le très controversé débat sur l’identité nationale.
Réponse de Villepin : certes la culture tend à être hégémonique, mais la foule réunie lors du SIEL témoigne de la persistance d’évènements ponctuels qui promeuvent les cultures locales. Quant à l’identité nationale, il affirme que « ce n’est pas un bon débat, car un bon débat rassemble et un mauvais débat avilit. » L’ancien Premier ministre va même plus loin en ajoutant que « le péché originel du débat sur l’identité nationale, est de mélanger dès le départ identité et immigration ». Applaudissements et satisfaction saluent la réponse de l’orateur.
A la sortie, les réactions sont enthousiastes et les commentaires fusent : « Monsieur De Villepin est très connu au Maroc. Etant natif de ce pays, il porte déjà en lui-même une culture diverse. Je suis venu spécialement pour l’écouter, car je sais que dans ses discours il y a toujours beaucoup d’humanisme, beaucoup de tolérance et beaucoup d’ouverture. On apprend toujours de nombreuses choses en l’écoutant », explique à Libé, Abdellatif Belhouji, ingénieur qui est intervenu lors de la conférence en arguant que « personne ne pouvait oublier le discours du 14 février 2003 à la tribune de l’ONU ».
A l’époque, Dominique de Villepin alors ministre des Affaires étrangères avait été applaudi à la tribune des Nations unies après avoir prononcé un discours expliquant la position de la France contre toute intervention militaire en Irak.
Au Salon de l’édition et du livre, il semble que outre la culture ce soient les positions et le « style » de Villepin qui « transportent » le public au SIEL…