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Cette décision a surpris plus d’un, car la société n’en est pas à sa première augmentation du prix de ce ticket. Pour mémoire, en 2007, le ticket-sanction, coûtait 10 DH. En 2008, il va atteindre 15 DH, avant de grimper à 20 DH. Peut-on parler d’un phénomène en nette progression? Silence radio, puisque le nombre de resquilleurs dans les lignes de bus de cette société n’a jamais été communiqué officiellement.
Contacté par nos soins, le directeur de l’exploitation à M’dina bus n’a pas voulu nous fournir les statistiques relatives à ce sujet. Il s’est contenté de nous renvoyer vers le PDG de la société. Le téléphone de celui-ci sonne certes, mais sans réponse.
Face à cette situation, plusieurs questions demeurent posées. Peut-on parler d’une augmentation du nombre de fraudeurs? Si oui, sur quelle base la société a eu cette certitude ? Y avait-il eu enquête sérieuse à ce propos? Et si le problème de la resquille existe bel et bien, pourquoi la société n’a-t-elle pas d’abord procédé à une campagne de sensibilisation et de prévention avant de recourir à la méthode forte?
Selon certains contrôleurs interrogés, cette augmentation du ticket-sanction a été décidée sans qu’ils ne soient ni consultés, ni prévenus et une large majorité d’entre eux s’est même déclarée étonnée de la manière avec laquelle une telle décision a été prise. Cependant, les avis sont partagés. Si une partie approuve cette décision et l’encourage, d’autres contrôleurs ont affiché leur désappointement.
Hamid, contrôleur depuis 15 ans, pense que les méthodes cœrcitives peuvent se révéler dissuasives : « 35 DH, c’est rien. Il faut des tickets-sanction à 100 ou 200 DH. Ainsi on pourra dissuader efficacement les fraudeurs». Même son de cloche de la part de Azzedine, 39 ans, également contrôleur : «Seule la politique du bâton peut enrayer ce phénomène. Certains Marocains ont, malheureusement, pris l’habitude des manières fortes».
Du côté des détracteurs, cette augmentation n’aura aucun effet. A l’inverse, elle pourrait causer beaucoup de tort aux contrôleurs. «Par expérience, je peux vous dire qu’il y a des gens spécialisés dans la resquille. Des professionnels qui n’ont peur de rien et sont prêts à tout». D’après lui, «des sanctions fortes rendent le travail plus difficile. Beaucoup de gens nous traitaient déjà de voleurs et avec cette forte amende, ils le feront de plus belle ». Et d’ajouter : «Il y a même certaines lignes dans lesquelles on ne peut pas exercer de contrôle de peur des représailles ». Azzedine considère aussi que le montant de cette sanction est trop élevé par rapport à la bourse de plusieurs usagers des lignes périphériques: « Je crois que cette sanction ne va pénaliser que les gens honnêtes qui se trouvent, pour une raison ou pour une autre, en situation de non paiement. Les vrais fraudeurs savent comment échapper aux mailles du filet».
La question de la resquille dans le transport en commun suscite un autre débat, celui des abus commis par les contrôleurs. Des violences physiques et morales sont exercées, de temps à autre, contre certaines catégories d’usagers. La presse nationale s’est déjà fait l’écho de cas d’usagers frappés, giflés ou insultés par des contrôleurs. Les transports publics n’inspirent pas toujours la quiétude. Chaque année, des commissariats de police enregistrent des plaintes contre des vols et des agressions commis à l’intérieur des bus. Ce phénomène a pourtant la vie dure.
M’Dina bus doit tenir compte de cette triste réalité, car il y va de la sécurité des usagers.