Percussionniste, batteur, chanteur et compositeur d’origine algéroise, Karim Ziad a grandi en écoutant les mélodies traditionnelles de l’Algérie et du Maroc et s’est illustré au contact de musiciens tels que Cheb Mami, l’Orchestre National de Barbès, l’ONB, le guitariste Nguyen Lê ou encore Joe Zawinul, Hamid El Kasri, Abdelkébir Marchane. Tous ces artistes ont marqué le parcours de notre batteur. Si ce n’est lui-même qui le confirme. «Abdelkébir Marchane et Hamid El Kasri m’ont appris l’art de Tagnaouite. Tandis que Nguyen Lê m’a beaucoup appris au niveau des harmonies».
Depuis plus de 15 ans, il a su se forger une personnalité musicale et saisi mieux encore l’importance de connaître ses origines, sa culture et donc sa musique pour développer son propre style.
Son nouvel album Dawi (Guérir) est un voyage décoiffant à travers les polyrythmies et les chants venus d'Afrique (Ifrikia). Une émotion aux couleurs de la musique gnawa. Une confrérie véhiculant la nostalgie du pur mysticisme et un rythme auquel Karim Ziad fusionne jazz, funk, blues, ska, rap, entre autres. Un savoureux mélange à la fois de tradition et de modernité. «Pour moi, quand une fusion est bien réussie c’est comme un acte religieux. A titre d’exemple, quand on fusionne Hamid El Kasri et Ifrikya, c’est comme si le Maroc et l’Algérie fusionnaient. Et, on y arrive musicalement. Cela donne l’image d’un Maroc et d’une Algérie très forts», explique-t-il.
C’est sa marque déposée, l’audace inventive. Vitrine de toutes les fusions, son album «Dawi» est à écouter en toute occasion. Un album inimitable, en ce sens qu'il possède une couleur très personnelle ainsi qu’une grande culture musicale pour exploiter au mieux une richesse hors pair, et parvenir à un résultat fédérateur. Dawi joue de tout ce talent. Un album soigné qui guérit.
Sensationnel de la première à la dernière note : cet album foisonnant d'émotions, d'idées et de joie de vivre, confirme d'abord que le Franco-Algérien Karim Ziad est l'un des meilleurs batteurs de sa génération. Il est d'abord un drummer extraordinaire, «tambourinaire», comme le traduisent les musicologues.
On peut facilement le comparer à l'Ivoirien Paco Séry, et il n'est pas surprenant qu'il ait été l'heureux successeur de ce dernier dans le groupe du remarquable pianiste autrichien Joseph Zawinul, cofondateur du groupe Weather Report.
L'influence de ce groupe est d'ailleurs assez courante dans la musique de Karim Ziad. On l'entendait déjà nettement dans l'Orchestre National de Barbès. Dans cet album, on la retrouve surtout à travers les interventions de quelques virtuoses du jazz-fusion français, anciens membres (ainsi que Paco Séry) de Sixun, comme le bassiste Michel Alibo ou le saxophoniste Alain Debiossat.
Bref, qui se ressemble s'assemble, et ce CD est un assemblage de talents. Heureusement, c'est bien plus que cela, car c'est aussi le meilleur disque récent de musique nord-africaine. Des dizaines de disques ont déjà été enregistrés, en vain, pour tenter de moderniser la musique des Gnaoua.
Dans cette œuvre, elle est omniprésente et s'intègre parfaitement à un discours musical personnel qui n'a pas besoin de se faire violence. Pour Karim Ziad, la musique des Gnaoua, c'est évidemment une seconde nature. On sait d'ailleurs qu'il est l'un des trois directeurs artistiques du fameux Festival d'Essaouira. Le frénétique morceau «Lala Aïcha» n'existerait pas sans cette expérience. Les chants arabes et berbères traditionnels, le funk, le jazz, le rap font si bon ménage qu'on se demande vraiment pourquoi il a fallu attendre 2007 pour que sorte un tel produit.
«Had Zmen», «Houaria» et «Mektoub» nous rappellent que Ziad est aussi un excellent chanteur, sans prétention mais très efficace. Cependant, ce disque s'adresse avant tout aux amoureux de la percussion et du rythme. Même s'il n'en fait pas une affaire, Karim Ziad est l'un des meilleurs percussionnistes de sa génération.
Bien qu'il manque parfois de précision, il ne faut plus hésiter à le comparer à des monstres de légende comme Art Blakey, Max Roach ou Dannie Richmond.