Dans les bidonvilles des hauteurs de Caracas, l’armée traque les délinquants


AFP
Jeudi 23 Mai 2013

Dans les bidonvilles des hauteurs de Caracas, l’armée traque les délinquants
“Nous exigeons que l’armée monte dans les collines. Chaque jour, on nous vole deux ou trois motos”, déclare à l’AFP Jose Velez, moto-taxi qui observe de loin le déploiement de soldats dans les ruelles du quartier pauvre de Petare, l’un des plus dangereux de Caracas.
Le président du Venezuela Nicolas Maduro a annoncé dernièrement le lancement du plan “Patrie sûre” afin de lutter contre l’insécurité qui ravage le pays, et particulièrement la capitale et sa périphérie.
La première étape du programme s’est traduite par le déploiement dès la fin de semaine de 3.000 soldats dans l’Etat de Miranda, qui jouxte la capitale et où se trouve Petare, et dirigé par le leader de l’opposition, candidat malheureux à la présidence du pays, Henrique Capriles.
Selon le gouvernement, le pays a connu 3.400 homicides au premier trimestre 2013, dont 16% dans l’Etat de Miranda, un des plus peuplés du pays. En 2012, les autorités ont rapporté 16.000 meurtres, soit 54 pour 100.000 habitants, 14% de plus qu’en 2011.
Pays le plus violent d’Amérique du Sud, le Venezuela n’est dépassé en Amérique latine que par le Honduras et le Salvador, selon les Nations unies.
Visiblement agacé, Jose Velez assure qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps des policiers ou des militaires patrouiller dans la zone.
Pendant qu’il parle, ses collègues de la coopérative de moto-taxi s’assoient et expliquent en choeur que les criminels se cachent dans les escaliers, dans les hauteurs du quartier. La plupart des quartiers pauvres autour de Caracas se trouvent sur les flancs des collines qui ceinturent la ville.
“En apprenant que la police était là, ils se sont cachés et nous, on en reste au même point dans les collines: des meurtres et des vols de motos qui ne diminuent pas”, ajoute M. Velez.
Petare est l’un des plus vastes bidonvilles d’Amérique latine. Il est organisé autour d’un centre historique au pied de collines, où se dressent des dizaines de milliers de maisons que l’on n’atteint que par des escaliers interminables et des ruelles étroites et pentues.
Eduardo Vilera, chauffeur de transport en commun à Petare, soutient l’opération militaire, mais estime aussi que les patrouilles “doivent parcourir les quartiers. S’ils le faisaient, ils pourraient réduire de 90% les affrontements entre bandes et les incidents contre les habitants, qui justement, se déroulent dans les escaliers et les pentes”.
Habitué aux enlèvements de chauffeurs et aux vols de véhicules, il explique que les autorités leur ont interdit de porter des armes: “Si les délinquants nous fouillent et trouvent une arme, ils nous tuent avec”.
Que ce soit les autorités - et pas les habitants - qui mettent de l’ordre, lui convient très bien: “Ça faisait longtemps que nous n’avions pas vu une opération aussi vaste”, observe-t-il également.
Le général Antonio Benavides, commandant de l’opération, explique à l’AFP qu’il est conscient que ce type d’initiative contribue à faire migrer la délinquance d’une zone vers une autre. Pour éviter ce phénomène, il espère que l’opération sera étendue au cours des deux prochaines semaines à d’autres localités.
Le général assure que son opération est déjà un succès. “En moyenne, il y a entre 12 et 16 meurtres par week-end” dans cette zone, “avec l’arrivée de la Garde du peuple (composée de soldats), il n’y en a eu qu’un”, affirme-t-il.
D’autres habitants se félicitent de l’arrivée des militaires et des policiers. Yelitza Duarte travaille dans une boulangerie. Comme tous à Petare, elle a beaucoup à raconter: “Sur ce mur (en face), ils ont tué quatre personnes lors d’affrontements entre criminels, et ici, à l’intérieur, ils ont tiré sur une personne”.
Son époux, qui travaille chez le barbier contigu, soutient également la mesure: “Enfin, je vais travailler tranquillement”, dit-il. Mais les deux s’accordent à réclamer que les patrouilles pénètrent aussi dans les escaliers, où ceux qui montent se font agresser.
Interrogé à ce sujet, le général Benavides désigne sur une carte le parcours de ses troupes et précise que désormais, 30 localités de Petare sont sous la surveillance de 41 points de contrôle. “Nous avons déjà identifié les bandes qui agissent par ici (...) et nous allons les pourchasser”, promet-il.


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