Mais maintenant que la fête est finie, quels enseignements peut-on tirer de cette 22ème édition?
Le choix du mois d’avril est très judicieux, car en cette période, les coureurs ont déjà les jambes bien pleines et c’est aussi le moment propice pour les Européens qui ont besoin de courses de préparation .
Le parcours a été revu, mais il est temps d’aller dans le Maroc profond et les provinces sahariennes. On doit également éviter tout retard et bien vérifier le kilométrage.
L’organisation étant assez bonne,cela ne veut pas dire que tout était parfait. Certes, les arrivées ne sont plus encombrées d’intrus comme avant, cependant, il y en a encore sur le podium. Et puis, il y a cette arrivée à Agadir qui s’est très mal déroulée et dont la cérémonie protocolaire a été expéditive,du jamais vu dans la capitale du Souss depuis trois décennies. Il serait temps de revoir ce volet en instituant un cahier de charges.
Transport et hébergement ayant été externalisés, l’expérience s’est avérée concluante. La sécurité et assistance médicale ont toujours été très satisfaisantes lors de ce Tour cycliste. Il faut aussi reconnaître que depuis 2001, la Gendarmerie Royale a mis le paquet en engageant un hélicoptère pour les prises de vues aériennes et l’évacuation des blessés en cas de besoin et en nommant un officier responsable de la sécurité du Tour.
Qu’en est-il maintenant de l’aspect purement sportif de l’épreuve, et c’est là le plus important. Il faut d’abord admettre qu’il est temps de former les commissaires de course dont le cyclisme a besoin,de revaloriser la fonction pour rehausser le niveau et ouvrir des perspectives d’avenir devant les intéressés parce qu’il est anormal que notre pays n’ait plus aucun commissaire international et ce, d’autant plus que les barrages mesquins érigés sur le chemin de tous ceux qui aspiraient à ce grade autrefois ont sauté depuis 1995.
Il en va de même pour la Direction technique nationale qui a besoin d’une vraie stratégie et de cadres bien formés (Diplôme du 3ème dégré). Dans un sport où la science et la technologie sont omniprésentes, l’empirisme n’est plus de mise (des erreurs tactiques ont coûté très cher aux nationaux lors de cette édition, et en particulier lors des étapes Essaouira-Agadir et Ouarzazate –Tinghir). Que peut-on espérer d’autre, quand un coureur déclare qu’il n’a jamais appris à sprinter?
Il y avait 18 Marocains dans le peloton et malgré cela,Adil Jelloul ne pouvait compter que sur ses jambes, ce qui n’était pas le cas de ses adversaires turcs et polonais. Seuls Mouhcine Lahassaïni et le vétéran, Mohamed Erragragui, pouvaient lui être d’un quelconque secours. Mais il n’en a rien été puisqu’il y avait un autre problème purement matériel, à savoir ce fameux prix du premier marocain derrière lequel tout le monde courait au lieu d’assurer une victoire d’étape ou un bon classement. C’était du chacun pour soi, l’esprit d’équipe était donc totalement absent chez les Marocains, sans compter, un manque patent de préparation.
Il est à rappeler que le Maroc occupe la dixième place au classement général grâce au vaillant coureur d’Azrou, Adil Jelloul (36h16’01’’), c’est-à-dire à 12’52’’ du vainqueur. Mohamed Erregragui est à 21’42’’ et Mouhcine Lahssaïni à 28’30’’.
Aux points, Adil Jelloul est 8ème avec 25 points,loin derrière le vainqueur le polonais Krzysztof Jezowski (CCC Polsat Polkowice) 82 points. Le Turc Mert Mutlu (Briaspor)a remporté le maillot du meilleur grimpeur.
Par équipes, le Maroc est 5ème à 52’30’’ des Turcs de Briaspor :108h 19’31’’.
Il est à noter que Adil Jelloul a offert au Maroc sa seule victoire d’étape (la 4ème entre Taliouine et Ouarzazate). C’était tellement inattendu que Mostfa Najjari en a eu les larmes aux yeux, fait rarissime.
Si Turcs, Polonais, Français, Grecs et Portugais ont honoré leur contrat, d’autres équipes à l’instar des anglais, ont fait plutôt du tourisme. Le Tour du Maroc n’est pas un voyage d’agrément,il faudrait donc trier les sélections et groupes sportifs sur le volet car il y va de la renommée de cette prestigieuse discipline.
Il est temps de revaloriser le Tour du Maroc en portant le nombre d’étapes à douze avec prologue et contre-la-montre car celui-ci a perdu de son charme. Par ailleurs, il vaut mieux ne pas organiser de tour du tout que de le faire sans contrôle anti-dopage parce qu’aujourd’hui une compétition sportive où il n’y a pas ce contrôle n’a pas de valeur.
Enfin, il est du devoir des responsables de s’attaquer aux vrais problèmes dont souffre le cyclisme. Il faut également l’asseoir sur des bases solides : création des ligues, mise à niveau des clubs, formation de compétences capables de mettre en œuvre une vraie stratégie nationale avec un calendrier précis.
Certes, les défis à relever sont nombreux et parfois très difficiles mais non impossibles. Aux responsables de la FRMC de faire preuve d’imagination et de persévérance.