La paralysie persistante de cette institution de l'Etat, et tout récemment les accusations de corruption contre son président et certains députés, ont renforcé le mécontentement de nombreux Irakiens pour qui le Parlement est inefficace et ne sert que les intérêts de ses membres.
La dernière crise en date à l'Assemblée a été provoquée par des déclarations début août du ministre de la Défense, Khalid al-Obeidi, qui a accusé le président du Parlement, Salim al-Joubouri, et plusieurs parlementaires de corruption et de chantage.
Ces accusations ont entraîné l'ouverture d'une enquête judiciaire et une interdiction de quitter le territoire à Joubouri et à d'autres députés. A son tour, ce dernier a poursuivi Obeidi pour diffamation.
Il y a quelques mois, les députés ne sont pas parvenus à s'entendre sur un nouveau gouvernement de technocrates proposé par le Premier ministre Haider al-Abadi et censé s'attaquer à une corruption endémique. Les partis politiques représentés au Parlement s'opposaient à un tel cabinet par peur de perdre leurs portefeuilles ministériels et leurs privilèges.
L'Assemblée avait alors connu des sessions houleuses marquées par des altercations verbales et physiques, un sit-in et même un vote pour limoger le président de la chambre.
Agacés par l'inaction des députés, des milliers de manifestants ont pénétré à deux reprises dans la Zone verte, un quartier ultrasécurisé de Bagdad regroupant les principales institutions du pays, occupant brièvement le Parlement.
Cette tourmente parlementaire intervient alors que l'Irak fait face à de nombreux défis, peut-être les plus cruciaux de son Histoire récente. Le pays mène une guerre acharnée contre le groupe extrémiste Etat islamique (EI) qui s'est emparé de plusieurs pans de son territoire en 2014, et les Nations unies craignent que la crise politique ne bénéficie in fine aux jihadistes.
La guerre contre l'EI est coûteuse, or le pays fait également face à une crise financière due à la chute des prix du pétrole qui s'est greffée à des années de mauvaise gestion et de corruption.
Lassés des pénuries quotidiennes notamment d'électricité, des milliers d'Irakiens sont régulièrement descendus dans la rue depuis un an pour réclamer des services publics de qualité et la fin du népotisme.
L'inertie de l'institution s'explique par plusieurs facteurs. Les parlementaires sont accusés de placer leurs intérêts ou ceux de leurs partis et de leurs confessions au-dessus de ceux de la nation.
Il ne compte pas réellement d'opposition et tous les grands partis ont des ministres au gouvernement. Le consensus prime ainsi sur le débat, au risque de rejeter toute mesure audacieuse.
Un renouvellement des députés pourrait améliorer la situation mais les prochaines élections législatives n'auront pas lieu avant 2018 et rien ne dit qu'elles changeront la donne.
En attendant, les Irakiens sont forcés de vivre avec une assemblée à laquelle ils ne croient pas.
Le Parlement est "une institution inutile", résume pour l'AFP le journaliste Ali Hassun. "Si on le supprimait, cela irait mieux".