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Une dynamique qui rejoint une forte tradition historique. Si d’un point de vue strictement chronologique le premier film marocain est un court métrage produit par le Centre cinématographique marocain, Aux portes du monde saharien, film documentaire de 28 mn en noir et blanc réalisé par Robet Vernay, pendant une longue période la production cinématographique marocaine va se concentrer sur le court métrage institutionnel. Une production riche et variée qui offrira au court métrage marocain son âge d’or qui va de la fin des années 50 au début des années 70. De nombreux cinéastes marocains rentrés au pays après une formation à l’étranger, en France, Pologne, l’ex-URSS…ont rejoint les rangs du Centre cinématographique marocain et ont pris en charge de répondre à des commandes institutionnelles à finalité didactique sur divers thèmes de société allant de la promotion de l’école, à la dénonciation des ravages de la drogue ou à la vulgarisation de certaines techniques agricoles…C’était une production essentiellement documentaire ou mélangeant fiction et documentaire ; des films signés par les pionniers du cinéma marocain, Ramdani, Mesnaoui, Benchekroun, Bennani Tazi, Lahlou…
Cette époque va voir également la production de certains films qui vont marquer la jeune histoire du court métrage marocain et vont fonctionner comme des signes annonciateurs des choix esthétiques et thématiques de ce que sera le cinéma marocain du long métrage. Ce sont des films comme 6 et 12, Forêt, Si Moh pas de chance, Mémoire 14 qui s’inscrivent dans une logique « auteuriste » qui sera confortée dans les années 70 par les premiers longs métrages marocains.
L’autre date phare du court métrage marocain sera indéniablement un véritable tournant lors du Festival national du film en 1995 à Tanger. Les organisateurs du festival ont eu la bonne idée d’ouvrir la voie à la participation de jeunes cinéastes issus de l’immigration marocaine. Nabyl Ayouch, Nordine Lakhmari, Ismail Ferroukhi, Hassan Lagzouli, Mohamed Ulad Mhand, Myriam Bakir vont faire une entrée remarquée dans la profession du cinéma marocain et vont enrichir la diversité d’expression cinématographique de l’imaginaire collectif de la société marocaine. Un mouvement qui ira en s’amplifiant avec l’arrivée, à la fin des années 90, de cinéastes au parcours diversifié comme Daoud Aoulad Syad ou encore Faouzi Bensaidi auteur d’un premier court métrage La falaise, le plus primé de la filmographie marocaine.
Dans les années 2000, la production du court métrage va connaître un bond en avant sur le plan quantitatif avec la mise en application d’un texte de loi qui oblige chaque société postulant à l’agrément de production de présenter soit un long métrage soit trois courts métrages. La machine va alors tourner à fond et le Marocain qui produisait pendant longtemps une moyenne de deux courts métrages par an va voir cette moyenne exploser à deux courts métrages par semaine. Cela a suscité beaucoup de polémique, certains observateurs mettant cette inflation sur le compte de la course à la carte professionnelle au détriment du souci artistique. Mais très vite cette dichotomie a été dépassée dans une formule qui assure aujourd’hui une conjugaison parfaite entre le souci professionnel et l’intérêt artistique. Des cinéastes de talent dont l’une des figures de proue est Mohamed Mouftakir, ont ainsi trouvé le tremplin idéal pour réaliser des films ancrés dans des choix esthétiques et culturels forts tout en préparant leur passage au long. Ce sera le cas de Mohamed Cherif Tribek, Hicham Lasri, Yassine Fennane…La relève est assurée déjà par l’arrivée des premiers courts métrages réalisés par les lauréats des écoles de cinéma (Marrakech et Ouarzazate notamment). Le Maroc s’est également doté d’un festival entièrement dédié au court métrage avec une compétition ouverte sur la Méditerranée, c’est le Festival de Tanger qui offre une véritable vitrine de toute la production marocaine récente. La dynamique actuelle semble avoir encore un bel avenir devant elle.