Conseillers bâillonnés, lettre de protestation de Biadillah et silence des Sages

Benkirane aurait suggéré un arbitrage Royal sur les droits d’informer !


Narjis Rerhaye
Jeudi 23 Janvier 2014

Conseillers bâillonnés, lettre de protestation de Biadillah et silence des Sages
 
Des conseillers bâillonnés et qui le font savoir de manière très théâtrale. A la Chambre haute ce mardi après-midi, la séance des questions orales avait un goût de censure. Les parlementaires de l’opposition sont apparus  un ruban adhésif de couleur rouge collé sur la bouche et pancartes brandies pour dénoncer l’autoritarisme du chef du gouvernement et sa politique d’oppression. 
«Benkirane veut museler l'opposition», «Notre droit constitutionnel d'accéder aux médias publics», «Le chef du gouvernement réinvente l'autoritarisme», «La télévision marocaine appartient à tous les Marocains ». C’est en ces termes forts que les conseillers appartenant à l’opposition ont protesté contre la décision d’Abdelilah Benkirane d’arrêter la diffusion télévisée et en direct des «droits d’informer».
L'article 128 du règlement intérieur de la Chambre des conseillers permet en effet en début de séance consacrée aux questions orales aux présidents des groupes parlementaires de disposer de trois minutes pour informer d’un événement jugé important.
On s’en souvient, la décision prise  il y a quinze jours par le chef du gouvernement  d’interdire la transmission par les médias audiovisuels publics, des droits d’informer programmés par la Chambre des conseillers avait provoqué un véritable tollé. Une correspondance signée d’Abdelilah Benkirane avait  été adressée au président de la Chambre haute, Mohamed Cheikh Biadillah, pour l’informer de cette mesure d’interdiction de transmission d’une partie d’une séance pourtant constitutionnelle prise par l’Exécutif sur la base du  verdict 13/924 rendu par le Conseil constitutionnel et qui a qualifié de non conformes aux dispositions de la Constitution ces interventions.
 
Majorité fissurée face à la non transmission des droits d’informer
 
Mardi 21 janvier, la protestation des parlementaires de la deuxième Chambre sera censurée. La diffusion en direct de la séance des questions orales a été suspendue. « Qui en a décidé ? Et qui a le droit de prendre une telle décision ? La loi audiovisuelle est claire : le pouvoir exécutif n’a pas le droit de prendre une telle mesure qui remet en cause le principe du pluralisme dans les médias audiovisuels publics ! » s’exclame M. Ansari, le président du Groupe parlementaire istiqlalien à la Chambre des conseillers. Sous la coupole, les conseillers de l’opposition se sont mis en ordre de bataille pour que cette décision qui les frappe de censure et qu’ils qualifient « d’abus de pouvoir » soit annulée. « Il y a unanimité et pas seulement dans les rangs de l’opposition. La majorité est divisée sur la question de la non transmission télévisuelle des droits d’informer. Membre de la coalition gouvernementale, le PPS condamne cette interdiction de diffusion par la voix de son président de groupe Abdellatif Ouamou.  Il faut bien le dire, c’est bien dans les rangs de la majorité qu’il n’y a pas unanimité », fait remarquer un brin ironique  cet élu de l’Union socialiste des forces populaires.
Le président de la Chambre des conseillers a adressé une lettre au chef du gouvernement pour l’informer de la vive protestation du bureau d’une Chambre dominée par les partis formant l’opposition. « Dans sa missive, M. Biadillah dit les choses clairement et évoque un déni de démocratie à travers une opposition que le chef du gouvernement veut faire taire. Le président de la deuxième Chambre a officiellement fait savoir à M. Benkirane que pour les groupes parlementaires de l’opposition sa décision  est une confiscation du droit des parlementaires au contrôle de l’action gouvernementale et d’un abus dans l'exercice du pouvoir par l’Exécutif", confie ce parlementaire de l’opposition.
Selon nos informations, Mohamed Cheikh Biadillah a été joint au téléphone par le chef du gouvernement.  Ce dernier lui aurait suggéré de recourir à un arbitrage Royal « si l’opposition n’est pas d’accord ». 
Du côté du gouvernement, la réaction est sans surprise. Interrogé par l’agence de presse officielle, le ministre islamiste des Relations avec le Parlement et la Société civile, a qualifié, la riposte de l’opposition «d’anti-institutionnelle». Car, explique-t-il, les partis en désaccord avec cette mesure doivent saisir le Conseil constitutionnel  et la HACA. En attendant, le silence des Sages se fait de plus en plus assourdissant.
 


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