Compositeur de plusieurs chansons dénonçant ses dirigeants : Le Polisario impose le silence à Najm Allal


Ahmadou El-Katab
Jeudi 15 Septembre 2011

Compositeur de plusieurs chansons dénonçant ses dirigeants : Le Polisario impose le silence à Najm Allal
Natif  de 1967 dans  la province de Smara, Najm Allal avait été kidnappé en 1975 avec un groupe d’habitants de cette ville, lors d’un raid des éléments du Polisario. Il avait alors 8 ans. Issu d’une famille d’intellectuels, d’artistes  et de poètes, Najm Allal a manifesté, dès son jeune âge, un penchant pour la musique à laquelle il allait se consacrer entièrement. Tout comme son frère cadet, peintre plasticien, ils avaient destiné leur art à défendre les causes du Polisario jusqu’à l’annonce par Sa Majesté le Roi d’accorder aux provinces sahariennes le statut d’une autonomie avancée permettant aux habitants de prendre leur destin en main. Les choses avaient changé pour les deux frères comme pour la  plupart des jeunes des camps de Tindouf. Tous ceux qui avaient la possibilité de regagner la mère patrie l’avaient fait sans hésiter. Comme ce fut le cas du frère peintre de Najm qui s’est installé à Laâyoune, d’où il peut se déplacer à loisir et participer à toutes les expositions nationales et internationales.
Najm, quant à lui, a préféré rester dans les camps, d’abord à cause de ses responsabilités familiales – il est père de 8 enfants, et comme Mustapha Salma, pour mener le combat de l’intérieur. C’est ainsi qu’il composa plusieurs chansons dénonçant la gabegie, le clientélisme et l’incompétence qui caractérisent les dirigeants du Polisario, exhortant les habitants des camps à se révolter contre ce pouvoir oppresseur qui dure depuis plus de 35 ans et qui s’est avéré incapable de trouver une solution à ce problème, rappelant dans l’une de ses chansons que la vie est courte. Comme Mustapha Salma qui appartient à la même tribu que lui, Najm était responsable d’une direction  dans le pseudo-ministère de la Culture, jusqu’au début du mois d’août dernier. Il  fut relevé de ses fonctions et exposé à plusieurs mesures répressives  dont la plus importante, selon lui, est son interdiction sur les antennes de la radio et la télévision locales. Car, dit-il, c’est une manière de censurer son message. Sans parler des maigres biens  et du passeport qu’on lui avait  confisqués.
Après avoir écrit au HCR, Najm a entamé une grève de la faim à Rabouni, dans une tente près du siège de la direction du Polisario. Plusieurs jeunes solidaires l’ont rejoint sous cette tente qui a été saccagée par les éléments proches de la direction du Polisario et téléguidés, selon lui, par les généraux algériens auxquels la direction du Polisario est soumise et qui  exploitent le problème du Sahara, non pas comme ils le prétendent pour défendre le droit des Sahraouis de décider de leur sort, mais pour servir les visées hégémoniques de ces généraux.  
Le succès que les tubes de l’artiste ont rencontré auprès des jeunes des camps, surtout ceux regroupés au sein des  mouvements de la «Jeunesse révolutionnaire sahraouie » qui s’étaient soulevés, en mars et  avril derniers contre les dirigeants séparatistes a poussé ces derniers  à prendre ces mesures contre Najm. Lequel n’est, nullement intimidé, encore moins à cesser son mouvement, déclare son frère à Libé.
Dans un communiqué dont Libé détient copie, l’Association des artistes sahraouis, dont le siège est à Laâyoune dénonce l’attaque perpétrée dans la matinée du 11 septembre courant par des éléments de la police du Polisario, dirigés par des officiers algériens, contre la tente occupée par le chanteur Najm Allal et ses supporters pour les déloger.
Cette association qui suit l’évolution de la situation, à travers ses contacts à Rabouni, appelle les organisations humanitaires à condamner ces agissements et à agir le plus rapidement possible pour garantir la sécurité de l’artiste sahraoui et ses fans, précise le communiqué.
La question qui préoccupe tous les observateurs, aujourd’hui, dans les camps où ailleurs, est de savoir si le sort réservé par la direction du Polisario au musicien Allal, ne risque pas d’être le même que celui de son cousin Mustapha Salma : l’expulsion des camps et la séparation avec ses enfants et sa famille. 


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