Où en est le projet de transformation des villes de Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech, Fès et Ifrane en Smart cities (villes intelligentes)? La réponse est à chercher dans le dernier classement de l'indice des villes intelligentes de l'Institute for Management Development (IMD) où figure uniquement la ville de Rabat à la 105ème place sur les 109 villes qui partagent ce classement. Elle est loin, voire très loin de Singapour qui arrive en tête pour la deuxième année consécutive, suivie de la capitale finlandaise Helsinki et de la ville suisse de Zurich. Auckland en Nouvelle-Zélande occupe la quatrième position, tandis que la capitale norvégienne, Oslo, est classée cinquième. Copenhague (6ème), Genève (7ème), Taipei City (8ème), Amsterdam (9ème) et New York (10ème) constituent le reste des 10 premières villes classées. En ce qui concerne le monde arabe, Abou Dhabi occupe la 42ème position au niveau mondial, talonnée par Dubai (43ème). La capitale saoudienne Riyad s’est placée à la 53ème position loin devant Rabat (105ème) et Le Caire (106ème). Un classement qui interpelle les déclarations et les discours officiels qui présentent souvent le Maroc comme l'une des figures de proue des pays les plus avancés en matière de développement des Smart cities en érigeant Casablanca comme exemple. En effet, cette ville a connu le lancement de plusieurs projets destinés à faire profiter ses résidents des technologies de l’information relatives à la mobilité intelligente, à l’environnement intelligent et à l'habitat intelligent. La commune urbaine de cette ville a même considéré ce dossier comme l’une de ses priorités. Néanmoins, il s’est avéré que le terme «Smart city» a été utilisé comme un simple label destiné à meubler les effets d'annonce et à, éventuellement, construire l’image et la réputation de la ville et pas plus. En fait, le retard accumulé par notre pays en matière de Smart cities est le résultat du manque, voire de l’inexistence d'infrastructures à même de permettre d'installer et d'utiliser les NTIC. Notre pays est dépourvu de routes, d'hôpitaux, d'universités et de logements équipés, gérés et fonctionnant avec l'intelligence artificielle ainsi que d'appareils de communication et de téléphones disposant de vitesses de téléchargement qui peuvent atteindre des centaines ou des milliers de gigaoctets de données. Une situation des plus compliquées puisque nos villes doivent faire face, désormais et au-delà des contraintes multiples (pollution, trafic routier, urbanisation…), à la gestion des crises sanitaires qui exigent le recours à des outils capables de s’adapter à un environnement incertain et en évolution constante. Selon Heng Chee Chan, président du Lee Kuan Yew Center for Innovative Cities à SUTD, ce sont les villes intelligentes, notamment les premières du classement, qui semblent les plus outillées pour faire face aux défis inattendus des pandémies avec un meilleur résultat. Même évaluation de la part du professeur Arturo Bris de l'IMD, qui a dirigé les travaux de l'indice en question en tant que directeur du World Competitiveness Center de l'institut de gestion suisse, qui a affirmé que seules les villes qui disposent d'une meilleure technologie gèrent mieux les pandémies. Et même s’il estime que les villes intelligentes ne sont pas la solution, il n'en pense pas moins que la technologie aide à le faire. En effet, plusieurs villes luttent actuellement contre la pandémie du coronavirus en s’appuyant sur leurs technologies. Elles utilisent les capteurs et les données pour retracer les contacts des personnes infectées par le coronavirus ou pour surveiller le respect de la distanciation sociale. Tel est le cas, par exemple, en Corée du Sud où l’utilisation en masse des nouvelles technologies a permis, en partie, de contenir la propagation du Covid-19. Un système appelé Smart city Data Hub a été utilisé pour rechercher les personnes entrées en contact avec des patients atteints de coronavirus. Le Royaume-Uni a également utilisé les données des capteurs pour piétons et des caméras de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation de voitures (ANPR) pour surveiller l’efficacité des mesures de distanciation sociale. En Inde, les caméras de circulation ont été utilisées pour surveiller les mouvements des personnes ainsi que des drones pour la surveillance aérienne. Ce pays est aussi en train de déployer une solution de géoclôture pour s’assurer que les patients respectent les zones de quarantaine et pour diffuser des informations en temps réel sur l’ouverture des magasins et des pharmacies. Ce qui a conforté les efforts consentis pour réduire la propagation du coronavirus.