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Ahmed, 29 ans, militant, semble bien occupé. Son téléphone portable n’arrête pas de sonner depuis ce matin. Au bout du fil, il y a soit le candidat du parti qui donne ses dernières consignes ou qui s’assure que la campagne va bien, soit des militants qui demandent conseil ou cherchent à résoudre un problème. En effet, le temps presse. On est à J-2 avant le scrutin du 25 novembre et il faut mobiliser davantage les troupes et maintenir leur enthousiasme.
« Il faut se dépêcher les gars. Il nous reste trois tours à faire ce soir avant de préparer le grand meeting de demain», a lancé Ahmed avant d’ajouter : « On va se répartir en quatre groupes de 10 personnes. Moi et un autre groupe, on va s’occuper de la distribution des tracts dans les rues et les deux autres groupes vont faire le porte-à-porte. N’oubliez pas d’être toujours souriants et ne perdez pas votre sang-froid». Pour lui, la réussite de la candidature du parti de la Rose dépend, en grande partie, du travail fourni par les militants sur le terrain. Il estime qu’ils sont les vrais porte-parole du candidat et ses intermédiaires dans le quartier. « C’est pourquoi il faut engager des gens qui croient en la cause de notre parti et la crédibilité de nos candidats », a-t-il expliqué.
Il est maintenant presque 21h10. Les rues du quartier semblent se vider petit à petit. La pluie et le froid ont chassé les gens vers leurs domiciles ou vers des cafés bien chauds.
Pourtant, Ahmed et son équipe ne semblent pas se décourager. Entourés d’une nuée de jeunes, ils entonnent le slogan de la campagne : « Sawatek o sawti amana, mataatihch lkhaouna», avec énergie et plaisir, malgré une journée commencée à 8h00. Pour les concepteurs de la campagne, l'accent a été mis sur l'ambiance dans les rues. Mais la pluie qui s'est abattue sur la ville toute la journée a refroidi quelque peu les ardeurs. Seuls quelques jeunes vêtus de tee-shirts à l'effigie du candidat USFP ont osé sillonner la cité. Ahmed et son équipe sont conscients que dans cette circonscription, la concurrence est rude et que la course au Parlement n’est pas de tout repos. « Ici, la direction de la campagne ne chôme pas. Il y a plus de 14 listes qui se disputent deux sièges. Du coup, tous les candidats redoublent d’efforts pour gagner cette bataille», a-t-il expliqué.
Pourtant, Ahmed n’est pas dupe. Il pense que la tâche est rude vu la défiance des citoyens à l’égard de la chose politique en général. « Les gens ont perdu confiance dans la politique. Pour eux, cette dernière rime avec corruption et abus de pouvoir et, du coup, il est difficile dans ces conditions de convaincre les gens d’aller voter pour tel ou tel candidat ». C’est pourquoi Ahmed ne fait pas de promesses. Il argumente, en mettant en exergue le fait que l’USFP ne peut réussir dans sa mission que si les citoyens se mobilisent autour de son programme et font l’effort de s’impliquer. « Il faut que le citoyen s’implique davantage, qu’il prenne conscience de son rôle, qu’il s’investisse dans le débat public et, surtout, qu’il ne croise pas les bras en espérant que le changement tombera du ciel», a-t-il martelé.
Des propos qui sonnent mal à l’oreille des sympathisants des camps adverses. A l’instar de celles qui les ont précédées, les échéances électorales actuelles sont synonymes d’opportunisme politique et d’affairisme. Pour eux, le candidat, son étiquette politique ou son programme importent peu. L’essentiel est d’empocher quelques billets voire d’obtenir quelques privilèges. Et la générosité de certains candidats les y incite grandement. « On a droit à des voitures de campagne, à des soirées arrosées et à quelques privilèges matériels », nous a déclaré Zakaria, grand gaillard de 33 ans, au regard d’adolescent.
Dans le siège de la campagne de la formation politique de droite dans lequel il officie, beaucoup de gens présents n’ont aucune relation avec le parti. Ils ne sont ni militants ni même de simples sympathisants. Ils ont été recrutés au dernier moment pour des tâches précises. « On est ce qu’on est. C’est tout. On est là pour gagner un peu d’argent et voilà. On ne prétend pas être des militants ou quoi ce soit», précise Zakaria. Même son de cloche du côté de son ami Said : « On est là pour faire un peu de sous. On a droit à 100 DH pour une heure ou une heure et demie de travail par jour. Vous ne trouvez pas cela génial et qu’il faut en profiter à fond ? ».
Mais les ambitions de Zakaria sont ailleurs. Son véritable souci n’est pas d’encaisser 100 DH par jour ou plus durant les quelques jours de la campagne électorale. En chômage depuis des années, il ne rêve que d’être embauché et d’avoir un emploi stable et durable. Peu importe qu’il soit dans le secteur public ou privé. Il estime que l’heure a sonné pour lui de réaliser ce rêve et qu’il faut saisir sa chance. «Le fait de faire partie de la garde rapprochée d’un candidat, c’est l’occasion idéale pour espérer un job », a-t-il confié. Pour lui, tous les chemins mènent à l’opportunisme, il faut seulement choisir le plus court et le moins pénible.