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"Jamais je n'aurais imaginé qu'un jour je serais là", confie le sélectionneur de l'équipe nationale lors d'un entretien accordé cette semaine à l'AFP. "Là", c'est le pays des "ninjas, robots, sumos", mais pas vraiment une terre de football.
Un an et demi plus tard, il défend son bilan: "Sur 18 matches, il y a eu 13 victoires, 3 nuls, 2 défaites". Il écarte les critiques de la presse locale après l'humiliation subie début septembre contre les Emirats Arabes Unis, au 3e tour de qualifications au Mondial. L'oeil noir, il peste encore contre "l'arbitrage", selon lui "injuste".
"Quand tu perds un match, tu es tout seul. C'est au Japon comme partout. Tu es le coupable idéal, ça arrange tout le monde", lâche le Franco-Bosnien de 64 ans, crinière blanche, stature hiératique et mise impeccable.
Est-il inquiet pour son avenir à ce poste? "Ah non, non. Non, ça, c'est mon métier. Je ne suis pas inquiet du tout. Je peux être remercié et partir demain, mais je fais tout ce que je peux faire", réagit "Coach Vahid", rompu aux risques de la profession après avoir été limogé dans sa riche carrière au Paris SG et en Côte d'Ivoire. "Je n'ai pas peur de cette responsabilité".
C'est qu'il aime les défis, le technicien qui a conduit en 2014 l'Algérie à une qualification historique en 8e de finale du Mondial avant une bataille épique face à l'Allemagne: "J'en ai encore la chair de poule", souffle-t-il.
Alors il travaille d'arrache-pied, passant des heures à décortiquer des vidéos, à peaufiner sa tactique. Sa femme est restée à Lille, ses enfants à Paris, son quotidien est monacal, tout absorbé qu'il est par sa tâche. Déterminé à "transformer le football japonais, qui traverse un moment délicat" avec la déception des précédentes Coupes du monde et d'Asie.
"Un pays comme le Japon doit avoir un niveau supérieur", assène Vahid Halilhodzic. "Je suis vraiment engagé dans ce projet. Je bouscule peut-être certaines choses, je dis des choses que tout le monde ne peut pas apprécier. Mais si tu fais l'unanimité, c'est pas bien".
Loin, dit-il, d'être "le dictateur" qu'on décrit souvent, son style "direct peut blesser" dans une société soucieuse à l'extrême de ne pas heurter autrui, il le reconnaît.
Les médias se sont fait l'écho de tensions avec les joueurs, d'une communication difficile, mais lui affirme "dialoguer davantage" maintenant. "C'est vraiment un plaisir de travailler avec eux", assure-t-il, saluant le sens de la "discipline" et du "respect" propres aux Japonais.
Ils sont même "trop respectueux", "j'aimerais bien de temps en temps qu'ils soient plus agressifs, plus malins, plus vicieux", lance le sélectionneur. "J'aimerais bien qu'ils aient l'ambition comme Vahid", poursuit-il, parlant de lui à la troisième personne comme à son habitude.
"Même comme joueur, je n'aimais pas perdre", se souvient l'ancien attaquant (Velez Mostar, Nantes, PSG). "Il faut créer la culture de la gagne, il faut que le groupe déteste la défaite".
Vahid Halihodzic déplore toutefois "le manque de temps" pour préparer les rencontres, alors que de nombreux joueurs évoluent en Europe et "arrivent fatigués par le décalage horaire".
Déjà se prend-il à rêver de défiler au coeur de Tokyo, acclamé par une foule immense. "J'ai plein d'ambitions, confie-t-il, mais le chemin n'est pas facile". Prochain rendez-vous crucial dans la route vers la Russie: le 15 novembre contre l'Arabie Saoudite.