Christine Blasey Ford, l’universitaire qui pourrait faire tomber le juge de Trump

Après des décennies de silence, la professeure de psychologie a décidé de parler publiquement de l’épisode de son viol


Vendredi 21 Septembre 2018

Christine Blasey Ford, la femme qui pourrait faire tomber le juge désigné par Donald Trump pour siéger à la Cour suprême, est une très discrète enseignante en psychologie clinique.
Agée de 51 ans, celle qui accuse le magistrat Brett Kavanaugh d’agression sexuelle dans les années 1980 n’avait jusqu’alors fait parler d’elle que pour ses nombreuses publications scientifiques. C’est vraisemblablement dans la douleur, victime de “fuites”, qu’elle s’est résolue à porter en public ses accusations contre le juge.
Voici encore quelques semaines, selon le Washington Post qui a révélé dimanche son histoire à travers une interview, elle estimait que le jeu n’en valait pas la chandelle car son agresseur ne serait pas inquiété: “Pourquoi ruiner ma vie si ça ne change rien?”
Rien ne prédestinait Mme Ford, qui travaille dans une unité mixte de recherche entre l’université de Palo Alto, au sud de San Francisco, et la très réputée université de Stanford, à investir ainsi le devant de la scène.
D’après une sauvegarde de son profil sur les réseaux sociaux professionnels —inaccessible en ligne lundi matin—, elle a enseigné la psychologie à l’université californienne Pepperdine, a été chercheuse à Stanford et a également travaillé en tant que “biostatisticienne” pour des sociétés privées de la Silicon Valley.
Les articles qu’elle a publiés dans les revues scientifiques couvrent un large spectre de sujets, parmi lesquels la dépression et le contre-coup des attentats du 11-Septembre.
Christine Blasey Ford a accusé dimanche le juge Kavanaugh de l’avoir agressée sexuellement lors d’une soirée remontant à leurs années de lycée dans la banlieue de Washington.
Ce dernier et un ami, “complètement ivres”, l’auraient coincée dans une chambre et le jeune Kavanaugh l’aurait maintenue de force sur un lit, avant de se livrer à des attouchements et d’essayer de la déshabiller. Elle dit avoir pu se dégager de son étreinte et quitter la pièce.
Elle avait 15 ans à l’époque, Brett Kavanaugh 17.
Après des décennies de silence, la professeure de psychologie a décidé d’en parler publiquement. C’est en juillet qu’elle a envoyé à sa représentante au Congrès à Washington et à une sénatrice un pli confidentiel relatant l’agression dont elle dit avoir été victime.
“J’estime désormais que mon devoir civique pèse plus lourd que mon angoisse et ma terreur face à des représailles”, a dit Christine Blasey Ford, par ailleurs électrice démocrate.
L’universitaire affirme n’avoir parlé à personne de cet épisode avant de suivre une thérapie de couple avec son mari en 2012.
Le juge Kavanaugh a nié en bloc, et 65 femmes affirmant l’avoir connu à l’époque où il était au lycée ont signé une tribune assurant qu’il s’était “comporté honorablement et avait traité les femmes avec respect”.
De leur côté, des femmes issues de la Holton-Arms School, une prestigieuse école privée pour jeunes filles de Bethesda (Maryland) dans la banlieue de Washington, fréquentée par Mme Ford, ont riposté par une lettre ouverte soutenant l’universitaire.
Dans cette tribune, qui avait recueilli plus de 200 signatures lundi matin, elles remercient Mme Ford d’avoir eu le courage de s’exprimer et réclament une enquête “poussée et indépendante” sur Brett Kavanaugh avant sa nomination à la Cour suprême.
“La mésaventure du Dr Blasey Ford ne ressemble que trop à des histoires que nous avons entendues, ou vécues, lorsque nous étions à Holton”, relève la lettre. “Nombre d’entre nous sont des rescapées”.
“La maxime de Holton, c’est +trouve un chemin ou fais-le toi-même+. Nous rêvons de construire un monde où les femmes n’auront plus à subir le harcèlement, les agressions et les violences sexuelles”, proclament les signataires.


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