Casa aura-t-elle un jour droit à un transport urbain digne ?

Deux longues années avant que le divorce entre le Conseil de la ville et M’dina Bus ne soit consommé


Hassan Bentaleb
Mardi 14 Février 2017

Casablanca aura-t-elle une nouvelle société délégataire du transport urbain ? Oui, à en croire certaines sources médiatiques qui ont rapporté que Casa Transport, société chargée du développement de la mobilité et du réseau de transport en commun, se prépare à lancer des appels d’offres pour la sélection d’une nouvelle société au lieu et  place de l’actuelle dont le contrat prendra fin en 2019.
Des études ont déjà été lancées pour fixer les points importants du nouveau contrat  que la prochaine société délégataire doit prendre en compte, relatifs notamment à l’adjonction de bus électriques au parc roulant.
«Rien n’a filtré à propos de cette question. Les choses poursuivent normalement  leur cours», nous a confié une source syndicale sous le seau de l’anonymat. Et d’ajouter : «On a reçu dernièrement la visite du maire de la ville et auparavant celle d’une commission d’audit  chargée de décortiquer les comptes de la société. Mais, rien n’a filtré les concernant. Certaines sources nous ont même confirmé que le maire semble satisfait de sa visite».
Pourtant, nombreux sont les salariés de M’dina Bus qui estiment que les jours de leur société sont comptés et qu’il n’y aura pas de renouvellement du contrat. «On ne croit pas que M’dina Bus puisse avoir un avenir au regard de sa gestion du secteur du transport urbain dans la capitale économique.   Tous les indicateurs sont au  rouge : mauvaise gestion, parc désuet, absence d’investissements et la liste est longue», nous a déclaré une autre source syndicale qui a également requis l’anonymat. Et de poursuivre : «Les responsables de la société délégataire ont demandé deux ans pour améliorer la situation financière et managériale de cette entreprise qui est exsangue, mais une fois ce délai écoulé, rien de concret n’a été réalisé. Pis, ces responsables ont refusé d’assumer leurs responsabilités et se sont défendus en accusant les salariés de sabotage».
Le Conseil de la ville n’a pas, lui non plus, assumé ses responsabilités. «Ce dernier  garde le silence et ne bouge pas le petit doigt. A croire que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes. On a l’impression qu’il y a une volonté délibérée de laisser la situation pourrir de plus en plus.  Un état de fait qui semble convenir aux responsables de M’dina Bus et les édiles de la ville», nous a affirmé notre source.
En fait, ni le délégant ni le délégataire n’ont respecté leurs engagements. Les investissements annoncés par M’dina Bus et le renouvellement du parc n’ont pas eu lieu et l’exclusivité d’exploitation promise par le Conseil de la ville n’est toujours pas à l’ordre du jour. Le déficit financier de M’dina Bus s’élève aujourd’hui à près de 120 millions de DH par an  et la commune urbaine de Casablanca ne veut rien entendre.
«La crise financière de M’dina Bus impose l’intervention de la Cour des comptes. On veut savoir où sont passés les millions de DH débloqués au profit de la société délégataire. On veut savoir pourquoi une société qui se plaint de la rareté de ses ressources financières se permet d’investir dans l’invention d’un bus électrique qu’elle a vite remisé comme une simple ferraille dans ses dépôts. On veut connaître également le sort réservé à l’argent soi-disant investi çà et là. Le hic, c’est que les responsables de M’dina Bus se disent prêts à tous les contrôles ou audits et qu’ils n’ont rien à cacher», nous a lancé un syndicaliste.  
En attendant que la situation se décante, les Casablancais doivent payer les pots cassés puisqu’ils sont appelés à utiliser des véhicules qui prennent souvent  feu ou font d’indicibles accidents. L’année 2016 a été marquée par l’incendie de quatre bus et par plus de quatre accidents graves qui ont fait plusieurs blessés et dégâts matériels. Les Casablancais se souviendront à jamais  de ces scènes d’horreur de bus lancés en trombe, saccageant tout sur leur passage. Tel a été le cas du bus qui avait créé l’effroi, en décembre dernier, à l’intersection des boulevards El Fida et 2 Mars en faisant 17 blessés ou de cet autre bus qui avait percuté sept voitures  en octobre dernier au boulevard des FAR ou de ce bus qui s’était incrusté dans  une maison du boulevard El Joulan en mars dernier, faisant cinq blessés.


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