Le bourdonnement des vuvuzelas était monté de plusieurs décibels lorsque son visage s'était affiché sur l'écran à la présentation des équipes.
Et les trompettistes en herbe ne s'y sont pas trompés: c'était le bon Messi.
"Je veux qu'il soit toujours près du ballon, a commenté son sélectionneur, Diego Maradona. On prend du plaisir quand il est comme ça. Le foot ne serait pas beau si on ne voyait pas Messi faire des choses barbares".
Veron en meneur de jeu, la paire Higuain-Tevez en attaque et Messi en...Messi. Libre dans son placement, il a aussi joué libéré, car dès qu'il a mis la gomme, il effaçait des Nigérians désarçonnés par sa conduite de balle.
En symbole, cette course en diagonale de droite à gauche devant une ligne verte pétrifiée, achevée sur un tir contré (60). Et un jeu idéal pour attirer tout un groupe d'adversaires et démarquer ainsi ses coéquipiers, comme sur cette action où il emmenait trois Nigérians avant de décaler Tevez, qui rate sa frappe (51).
Dès la 4e minute, il avait donné le ton en mettant trois joueurs dans le vent sur l'aile gauche pour délivrer un caviar pour Higuain, qui le gâche.
Et pourtant, le Barcelonais ne boycottait pas le Madrilène, bien au contraire! Messi a multiplié les caviars comme on multiplie les petits pains pour son coéquipier (56, 66, 69), qui les a tous mis à la poubelle.
"Cerise". Messi lui-même n'a pas connu un meilleur réalisme dans ses tentatives. Témoin, ce duel perdu seul face au très bon gardien nigérian, Enyeama (82).
"Des joueurs comme Leo Messi, Pipita Higuain et d'autres ont marqué 60 buts dans l'année et aujourd'hui on aurait dit qu'ils ne voyaient pas les cages", a d'ailleurs persiflé Maradona.
Manque de réalisme aussi sur un centre de Veron côté droit: il détourne tout juste le ballon qui échappe au cadre (49), ou quand il met fin à une contre-attaque menée par Tevez en enroulant trop son tir (65), alors que les Argentins se présentaient en surnombre.
Ces frappes enroulées, le gardien nigérian ne s'y est pas laissé prendre.
Unique rempart, ou presque, devant le geste messique, Enyeama en a détourné deux vicieuses (18, 37), outre une frappe lobée (6). Cette dernière n'a néanmoins pas été vaine: elle a occasionné le corner sur lequel Heinze marquait le but vainqueur.
"Je crois que Leo sera la cerise sur le gâteau que fera l'équipe", avait dit Diego Maradona vendredi. Et l'on dirait bien qu'au sein de la sélection argentine, Messi est en train de se refaire la cerise...